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Liban - Commentaire

Osez... ou la porte !

Dans le centre-ville de Beyrouth, un phénix de métal, fait de débris des tentes détruites il y a quelques jours, devant le « poing de la révolution ». Joseph Eid/AFP

C’est à la mise à mort de tout un pays que l’on assiste ces jours-ci, pendant que le pouvoir politique s’amuse encore à distiller criminellement les vieilles recettes qui ont largement contribué, de l’aveu même de certains responsables, à mener le Liban là où il se trouve.

Le système bancaire est craquelé, le commerce se meurt, la livre prend le chemin des profondeurs, les salaires fondent, l’économie s’affole, le chaos pointe et nous voyons un chef de parti – en l’occurrence Gebran Bassil –, lorsqu’il n’exige pas de participer en personne à tout gouvernement en gestation, prétendre vouloir nommer lui-même les ministres chrétiens de la future équipe, sous prétexte qu’il dirige le plus grand bloc chrétien à la Chambre. Ce prétexte a beau être devenu obsolète à cause de ce que le pays vit depuis le 17 octobre, notre homme ne s’en est manifestement pas aperçu. Il trouve d’ailleurs le moment bien choisi pour aller à Budapest, chez cet autre grand humaniste chrétien du XXIe siècle qu’est le Premier ministre hongrois Viktor Orban, assister à une conférence sur la « persécution des chrétiens ».


(Lire aussi : Comiques troupiers, le billet de Gaby NASR)



Dans un sens, l’événement en question ne pouvait pas mieux tomber, vu qu’au même moment ou presque à Beyrouth, les habitants du quartier Monnot se faisaient copieusement « persécuter ». Le hic dans l’affaire c’est que cette fois-ci, les « persécuteurs » étaient des hordes relevant des alliés de notre ministre.

Une persécution en vaut une autre. Dès le lendemain de ces incidents, les régions chiites, endeuillées par un tragique accident de la route, tournent leur colère contre un ennemi virtuel mêlant dans l’imaginaire populaire les sunnites – l’accident ayant eu lieu dans une région de cette coloration-là – et tous les participants au mouvement de contestation. « Vous êtes tous des sionistes », s’écrie un homme à la télévision, exprimant ainsi son propre sentiment de persécution, pendant que des centaines de personnes hurlent furieusement « chiites, chiites », comme pour bien fixer la frontière identitaire et signifier aux chiites de la Révolution, à Tyr, à Nabatiyé et ailleurs, leur condition de renégats… Puis, après quelques razzias et virées furibardes à la Hell’s Angels ici et là, vient l’heure du déni ubuesque et insolent : « Certaines parties s’efforcent de susciter méthodiquement des tensions confessionnelles sur le terrain », déplorent, sans rire, les membres du bloc parlementaire du Hezbollah dans un communiqué publié hier.

Pendant ce temps, les tractations en vue de la formation du prochain gouvernement s’enlisent. Tout à fait comme cela s’était produit avec le précédent cabinet… Et les autres. Dans pratiquement toutes ses apparitions télévisées depuis le début du mouvement de contestation, le président de la République s’est appliqué à prendre ses distances à l’égard du consensualisme communautaire qu’il a rendu responsable des échecs rencontrés par les gouvernements successifs. Et il a largement raison sur ce point. Alors pourquoi son camp s’évertue-t-il à resservir le même plat au peuple libanais ? Pourquoi s’obstine-t-on, alors que le temps manque et que le pays tombe, à vouloir donner le mal comme remède ? Le Liban serait-il condamné à être toujours emporté dans cette dérive sectaire du système ?

Au point où en est la situation, il y a aujourd’hui deux options politiques et seulement deux. Le 8 Mars et ses alliés aounistes sont majoritaires à la Chambre. S’ils considèrent qu’ils ont raison contre le mouvement de contestation, que la révolte en cours est plus nuisible que bénéfique au pays, alors qu’ils osent un cabinet 8 Mars. Avec un Premier ministre 8 Mars. Si, au contraire, ils pensent ne pas avoir suffisamment de légitimité pour imposer un cabinet monochrome et reconnaissent être dans l’incapacité de résoudre la crise économique et financière (ce qui serait plus réaliste), alors qu’ils dégagent !

Le premier qui dira que cela est impossible, que le Liban est un « pays de consensus » et que Gebran Bassil et Samir Geagea doivent « posséder » les ministres chrétiens, Hassan Nasrallah et Nabih Berry les chiites, Saad Hariri les sunnites et Walid Joumblatt les druzes, il faudra cette fois-ci que la Révolution le fasse taire.


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commentaires (18)

Kellon Ya3né Kellon ça veut dire: nous avons compris, nous ne voulons plus de cette partie de partis, de ce féodalisme déguisé en démocratie, de ces voleurs qui nous donnent des os pour acheter nos votes en gardant la viande. D E H O R S les bandits les pillards de la nation. Je veux payer mes impôts en sachant qu'il servent à construire des centrales électriques, pas des empires privés.

El moughtareb

18 h 17, le 29 novembre 2019

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Commentaires (18)

  • Kellon Ya3né Kellon ça veut dire: nous avons compris, nous ne voulons plus de cette partie de partis, de ce féodalisme déguisé en démocratie, de ces voleurs qui nous donnent des os pour acheter nos votes en gardant la viande. D E H O R S les bandits les pillards de la nation. Je veux payer mes impôts en sachant qu'il servent à construire des centrales électriques, pas des empires privés.

    El moughtareb

    18 h 17, le 29 novembre 2019

  • Vertige ou cercle vicieux on a l'impression avec le comportement de nos responsables d'aller vers le chaos total .

    Antoine Sabbagha

    17 h 28, le 29 novembre 2019

  • POURQUOI PERSONNE NE VEUT COMPRENDRE QUE IL FAUT UN GOUVERNEMENT DE MOINS QUE 20 PERSONNES , SPECIALISTES DANS LEURS DOMAINES , NON POLITISES ET PROPRES ,QUITTE A LES CHERCHER DANS LA LUNE ( dixit Mr le President de la Republique Libanaise, le General Michel AOUN ) AVEC A LEUR TETE UN SUNNITE PROPRE ET SANS REPROCHES QUI SAIT DIRIGER UNE EQUIPE ( quitte a le chercher parmis nos emigres ) CONDITION PRIMORDIALE: DONNER A CE PREMIER MINISTRE ET A CES MINISTRES DES DROITS DE LEGIFERER SANS PASSER AUTOMATIQUEMENT PAR LE PARLEMENT ET FAIRE DES NOUVELLES ELECTIONS DANS LES PROCHAINS 6 MOIS VOUS POUVEZ DISCUTER 10 ANS , RIEN NE CHANGERA A CES REVENDICATIONS ET LA PEUPLE SERA DANS LA RUE TANT QUE TOUS LES POINTS CI DESSUS NE SONT PAS EXECUTES QU'AVEZ VOUS A PERDRE MESSIEURS AU POUVOIR? SI ILS REUSSISSENT VOUS SEREZ REMERCIER9 dans son vrai sens ) DE LES AVOIR AUTORISE A SAUVER LE PAYS SI ILS ECHOUENT LE PEUPLE VIENDRA VOUS SUPPLIER DE REPRENDRE LE POUVOIR POUR LE SAUVER VOTRE PEUR VISCERALE VIENT DU FAIT QU'AU FOND DE VOUS MEME , VOUS SAVEZ QU'ILS REUSSIRONT EN 6 MOIS A FAIRE CE QUE VOUS N'AVEZ PAS SU FAIRE EN 3 ANS POUR NE PAS DIRE EN 30 ANS OSEZ MESSIEURS LEUR DONNER LA CHANCE DE SAUVER CE PAYS

    LA VERITE

    13 h 53, le 29 novembre 2019

  • Dans une situation de " sauve qui peut " potentiel , SOYONS AVERTIS D'UNE CHOSE CONTRE LAQUELLE PERSONNE AU MONDE NE POURRA RIEN FAIRE , NI LE CLOWN , NI SON ACOLYTE SIONISTE OU WAHABITE , C'EST SI LA RÉSISTANCE ET SON AXE DÉCIDE DE SE COUPER DU RESTE DU PAYS . LES CHIITES SONT PRÊTS À GÉRER UN ÉTAT. TOUS LES AUTRES , SUNNITES CHRÉTIENS DRUZES VONT DEVOIR DÉJÀ ESSAYER DE SE TROUVER UN LEADER . JE RASSURE TOUT LE MONDE, PERSONNELLEMENT JE N'IRAI JAMAIS VIVRE DANS LA PARTIE "DÉTACHÉE" qui formera cette république du Sud-Liban . Je le dis juste pour exprimer un sentiment jusqu'au boutiste qui pousserait certains à remuer la queue du diable . L'erreur serait de croire cet état non viable , PARCE QUE c'est là où les ingérences des alliés de l'axe de la résistance se feront un plaisir d'intervenir. Aux bons entendeurs, je vous salue .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 24, le 29 novembre 2019

  • SI VOUS ÉCHOUEZ À DÉLOGER AOUN, LES CHOSES RESTENT TEL QUELLES. ÇA SERA UNE PERTE DE TEMPS. TANT QUE AOUN SERA LÀ, LE HEZBOLLAH ET L'IRAN GARDE LA MAIN SUR L'ÉPAVE. POUR LIBÉRER LE PAYS, IL FAUT COMMENCER PAR DÉLOGER LE PREMIER COLLABO IRANIEN.

    Gebran Eid

    13 h 09, le 29 novembre 2019

  • C'est la porte et rien d'autres à tous nos politiciens véreux et corrompus. Ces gens là n'ont appris qu'à profiter du système et à voler. Ils ne savent rien faire d'autres. C'est de notre faute On les as laisser faire à nos chers zaîms. Maintenant, le peuple s'est enfin réveillé et la seule solution pour sauver le Liban est de les chasser du pouvoir.

    Achkar Carlos

    12 h 30, le 29 novembre 2019

  • Quand le peuple aura vraiment faim,ses bourreaux et pilleurs de la République creveront avec de la mort aux rats!

    Bibette

    11 h 58, le 29 novembre 2019

  • CERTAINES PARTIES S,EFFORCENT DE SUSCITER METHODIQUEMENT DES TENSIONS CONFESSIONNELLES SUR LE TERRAIN DISENT LES HEZBOLLAHIS. OR CE SONT LES HEZBOLLAHIS EUX-MEMES ET LEURS ALLIES PARTOUT LES PROVOCATEURS. L,INSOLENCE EST DE TAILLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 27, le 29 novembre 2019

  • c est, ça la prise de pouvoir du peuple les FERA taire!!!!!J.P

    Petmezakis Jacqueline

    10 h 25, le 29 novembre 2019

  • ""chez cet autre grand humaniste chrétien du XXIe siècle qu’est le Premier ministre hongrois Viktor Orban, assister à une conférence sur la « persécution des chrétiens »."" Certes ses déclarations actuelles contrastent avec son positionnement lors de la chute du mur de Berlin, mais il ne manque hélas une occasion pour rappeler qu’il n’est pas un bienfaiteur de l’humanité. Il préfère protéger les chrétiens de la persécution, de les garder chez eux sous les bombes, plutôt que de les accueillir en Hongrie................

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    10 h 09, le 29 novembre 2019

  • ""Le premier qui dira que cela est impossible, que le Liban est un « pays de consensus » et que Gebran Bassil et Samir Geagea doivent « posséder » les ministres chrétiens, Hassan Nasrallah et Nabih Berry les chiites, Saad Hariri les sunnites et Walid Joumblatt les druzes, il faudra cette fois-ci que la Révolution le fasse taire."" Walid Joumblatt et les druzes. Qui peut contester le leadership au chef politique de la communauté druze. Il est non seulement le ""propriétaire"" de ses électeurs, mais il a un droit de regard absolu sur la nomination de ""ses"" ministres…. Il a construit son empire politico-économique depuis des décennies… Quant à Samir Geagea, je crois qu’il était plus libre dans sa longue retraite spirituelle qu’il ne l’est aujourd’hui.....Le mot de la fin revient aux révolutionnaires, bien sûr…

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    10 h 01, le 29 novembre 2019

  • je reste sur mon opinion exprimée au tout debut de cette révolte. CECI EST UN SYSTÈME POLITICO-MAFIEUX ! ses parrains (au propre comme au figuré) ne peuvent pas partir! Ils risquerait de tout perdre: leur stature, leur réseaux d'influence, leur fortune, voire leur liberté. est-ce que cette rue peut les pousser dehors ? probablement pas. Est-ce que une crise economique beaucoup plus aiguë le peut ? probablement que oui. Est-ce qu'ils auront le cynisme criminel de détruire le pays pour s'accrocher (a la Bashar) ? n'en doutez point. Il faudra toutes les forces vive de ce pays pour les déraciner, y'compris l’armée

    Lebinlon

    09 h 54, le 29 novembre 2019

  • la politique de Hezbollah est de dire une chose et faire le contraire et vice versa .Gebran Bassil a ete a la conference sur la persecution des Chretiens ou il a fait assumer au mouvement de la contestation tous les maux du pays.le president Aoun attend Godot pour former un gouvernement.

    EL KHALIL ABDALLAH

    09 h 54, le 29 novembre 2019

  • ...""Au point où en est la situation, il y a aujourd’hui deux options politiques et seulement deux.""... Et je commence par la fin, ma conclusion, ils doivent dégager. Pourquoi ? Parce que l’option, le choix que vous proposez n’est pas le résultat d’un dysfonctionnement, mais d’une mauvaise gestion, d’un pourrissement, de politique politicienne, de tractations, et les politiciens continuent à donner des réponses politiques, à une situation économique très grave. Parce que c’est aussi redonner le beau rôle au Président, (je sais bien il est dans son rôle pour faire des consultations) et les révolutionnaires n’en veulent pas. On est devant une banqueroute et les politiciens continuent à lancer des messages subliminaux, destinés aux seuls initiés de la politique libanaise…. Et parce qu’ils étaient au courant de la faillite économique et refusent de voir la gravité. On a dit ""Tous ça veut dire tous"" depuis le 17 octobre..................

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    09 h 52, le 29 novembre 2019

  • Notre système politique comme un peu partout dans le monde est devenu cynique... Notre système politique au Liban est devenu mafieux comme dans les pires dictatures du monde ... on veut faire taire un mouvement pacifique et ceux là même qui envoient leurs sbires terroriser saccager les tentes, tabasser les gens, s'offusquent sans sourciller en déclarant : « Certaines parties s’efforcent de susciter méthodiquement des tensions confessionnelles sur le terrain » ... je pense que nous n'avons pas compris leur action, elle avait un but "humaniste" pour rassurer les gens sauver le Liban nettoyer les tentes et chasser toutes ses âmes perdu et traitres ... bref ils manient la propagande dont plus personne ne veut, il n'ont rien compris ou ne veulent rein entendre et comprendre, ils veulent avant tout maintenir leur privilèges sauver leur projets qui n'ont rien à voir avec le Liban et l'aspiration de le majorité de son peuple.

    Zeidan

    08 h 48, le 29 novembre 2019

  • " le président de la République s’est appliqué à prendre ses distances à l’égard du consensualisme communautaire qu’il a rendu responsable des échecs rencontrés par les gouvernements successifs. Et il a largement raison sur ce point". Malheureusement, il semble que non; il reste viscéralement attaché au "consensualisme", sinon, il y a belle lurette qu'il aurait lancé les consultations parlementaires. Et c'est de là que vient tout le mal.

    Yves Prevost

    07 h 49, le 29 novembre 2019

  • Gebran Bassil est de toute évidence l'ennemi public N°1 des Libanais (à part les CPL et le binôme Amal-Hezbollah).

    COURBAN Antoine

    06 h 47, le 29 novembre 2019

  • Kelloun yaani kelna ! Personne ne va dégager ! ous connaissons les libanais , et leur histoire ancienne et moderne ... Personne jamais n'a jamais lâché, et ne lâchera jamais . Cela nous a valu des guerres civiles tous les 25 ans à peu près ! Et nous continuons encore et toujours à risquer le tout pour le tout . Ceci est extrêmement grave , car aujourd'hui , la situation géopolitique au Moyen-Orient ne nous est vraiment pas favorable . Le pire , c'est de tous bords, on aime à jouer avec le feu ! Nous sommes tous responsables , et pas un parti ou un autre ! Kelloun mass'ouline , yaané kelna mass'ouline ! Kelloun yaani kelna !

    Chucri Abboud

    00 h 36, le 29 novembre 2019

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