Le sénateur démocrate Chris Murphy, qui a effectué une visite de 24h au Liban, a affirmé mardi qu'interrompre le financement de l'armée libanaise est la chose "la plus stupide" que les États-Unis puissent faire s'ils essaient "d'affaiblir le Hezbollah", mettant en garde contre une prise de contrôle du pays par le parti chiite qualifié de terroriste par Washington, une montée en puissance de la Russie, et un nouvel épisode ukrainien ou kurde.
"Si vous souhaitez affaiblir le Hezbollah, il n'y a pas de meilleur investissement que l'armée libanaise. Le département d'État américain et le ministère de la Défense sont d'accord. Il n'y a aucune raison légitime pour retenir ce financement. Mon voyage ici le confirme", a-t-il écrit en accompagnant son tweet de photos avec des militaires libanais.
"Trump refuse toujours d'envoyer une aide autorisée par le Congrès. Le Liban pourrait devenir le prochain épisode ukrainien ou kurde. Laissez-moi vous dire à quel point ce moment est dangereux. C’est important et vous avez besoin de savoir. L'armée libanaise est l'institution multi-ethnique la plus populaire et la plus importante du pays. Elle aide à maintenir la cohésion du pays. Abandonner l'armée revient à abandonner le Liban", a écrit M. Murphy sur son chemin de retour du Liban.
"Aujourd’hui, des manifestations anti-corruption et anti-élite (dont le Hezbollah) ont lieu à travers le Liban. C’est un moment passionnant. Mais le Hezbollah, soutenu par l'Iran, riposte et affronte le jeune mouvement de protestation, souvent dirigé par des femmes. L'armée est la seule force capable de protéger les manifestants", a-t-il ajouté. Si Trump supprime toute aide à l'armée libanaise elle ne pourra pas poursuivre ses opérations et (1) le Hezbollah prendra le contrôle ; ou (2) la Russie nous remplacera en tant que soutien de l'armée libanaise. Les deux options sont affreuses".
"Tout comme avec l'aide à l'Ukraine, Trump n'a donné au Congrès aucune raison de geler son financement. Certains disent qu'il veut couper les fonds car le Hezbollah a toujours une influence au Liban", a écrit M. Murphy soulignant que même si cela était vrai l'armée est le contrepoids au Hezbollah. Interrompre le financement de l'armée libanaise est la chose la plus stupide que nous puissions faire si nous essayons d'affaiblir le Hezbollah. Comme l’arrêt de l’aide à l’Ukraine a bénéficié à la Russie, cette manœuvre habilite l’Iran à profiter du vide. Et cela pourrait entraîner l'effondrement du pays, ce qui serait un désastre pour la sécurité nationale".
"La conclusion est simple : (1) d'une certaine manière c'est un nouvel (épisode) ukrainien. Il n'est pas légal que Trump gèle un financement autorisé par le Congrès ; (2) quelle que soit la raison, ne pas financer l’armée libanaise sert exactement le contraire de nos objectifs politiques et marque un autre abandon d'un allié-clé", a conclu le sénateur démocrate.
Le 19 novembre, le numéro trois de la diplomatie américaine et ancien ambassadeur des États-Unis au Liban David Hale a confirmé que la Maison Blanche a gelé depuis l'été dernier une aide militaire au Liban, sans fournir de raison au reste de l'administration américaine. Interrogé à huis-clos le 6 novembre par la commission parlementaire, qui a engagé une procédure de destitution contre Donald Trump, M. Hale, est revenu sur les conditions dans lesquelles il a appris au tout début de l'été qu'une aide militaire à l'Ukraine avait été suspendue par la présidence américaine – un sujet au cœur des soupçons des démocrates. "Le paquet d'aide au Liban avait aussi été suspendu de la même manière", a-t-il déclaré, selon la retranscription de l'audition rendue publique lundi soir. "Selon des informations qui me sont parvenues à partir de fin juin, un gel avait été décidé sur l'assistance à l'Ukraine et sur l'assistance militaire au Liban, sans explication", a ajouté le sous-secrétaire d’État pour les affaires politiques.
Le gel de l'aide a été décidé avant l’actuelle crise politique née de la démission du Premier ministre Saad Hariri, un allié des Occidentaux, sous la pression des manifestations anti-corruption.
Deux élus démocrates, dans une récente lettre à la Maison Blanche, ont rapporté que ce "gel inexpliqué" concernait 105 millions de dollars d'aide au Liban déjà approuvée par le Congrès américain, comprenant des véhicules militaires, des armes et des munitions. Une armée libanaise "plus efficace est clairement dans l'intérêt des États-Unis et du Liban", ont écrit Eliot Engel, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, et Ted Deutch, à la tête de sa sous-commission pour le Moyen-Orient. Ils ont souligné les "menaces imminentes" auxquelles est confronté Beyrouth, allant d'une "résurgence" des groupes jihadistes État islamique et el-Qaëda à un Hezbollah "toujours plus fort".
Depuis 2006, le gouvernement américain a fourni au Liban plus de 1,7 milliard de dollars d’assistance en matière de sécurité.
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Jadis, le député disposait d'une somme d'argent auprès du Ministère des Travaux Publics pour asphalter une petite route ou ouvrir un petit passage dans sa région. Sur un budget de 1000 livres octroyées, 400 allaient au rouleau compresseur, 200 pour les ouvriers, 100 pour l'outillage de travail, 100 pour l'abadaye du coin et le reste, soit 100 livres pour l'asphalte. Après la première pluie, tout est à refaire. Les Américains, les Français ou les Anglais faisaient un don de 50 millions de dollars pour des armes destinées à l'armée libanaise. Seulement 10% parvenaient à la Trésorerie de l'armée...
15 h 37, le 27 novembre 2019