Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées dimanche près de l'ambassade des États-Unis à Aoukar, dans le Metn au nord de Beyrouth, pour protester contre les "ingérences étrangères", alors que le Hezbollah estime que des "ambassades" ont tenté de récupérer le mouvement de contestation afin de renverser le pouvoir au Liban.
Des soldats et des agents des Forces de sécurité intérieure ont installé plusieurs rangées de barbelés sur la route menant à l'ambassade, rapporte notre journaliste sur place Patricia Khoder, qui a constaté que les manifestants sont surtout des partisans du Hezbollah, du Parti communiste libanais et d'autres partis de gauche.
AFP / POOL / ANWAR AMRO
Un drapeau des Etats-Unis et d'Israël a été brûlé lors de ce rassemblement.
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"Je suis contre l'ingérence américaine dans les affaires du Liban", affirme Mehdi, âgé d'une vingtaine d'années. "Je dis à Feltman, tu n'as rien à voir avec le Liban", a-t-il ajouté. "Je suis avec le mouvement de contestation", dit Jihad, qui n'utilise pas le terme de "révolution" comme les Libanais qui se mobilisent depuis plus d'un mois contre la classe dirigeante. "Nous avons toujours fait face aux Américains. Je suis en faveur de la résistance", a-t-il ajouté s'en prenant lui aussi à Jeffrey Feltman.
"Les armes de la résistance sont notre fierté et notre dignité", peut-on lire sur cette pancarte tenue par une manifestante. Photo Patricia Khoder
L'ancien ambassadeur américain au Liban Jeffrey Feltman, qui a également occupé de hauts postes au sein de la diplomatie US et de l'ONU et qui est actuellement expert invité au centre Brookings, avait affirmé mardi que la Russie pourrait "faciliter la restauration de l'hégémonie du régime syrien sur le Liban", au moment où le pays du Cèdre connaît un mouvement de contestation populaire inédite contre le pouvoir politique accusé de corruption. Lors d'une audience en sa qualité personnelle devant la sous-commission parlementaire américaine des Affaires étrangères pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et le Terrorisme international, Jeffrey Feltman avait commencé par dire que "les manifestations actuelles au Liban ne visent les États-Unis, et nous devons éviter tout ce qui peut détourner l'attention vers notre pays. Mais le résultat de ces manifestations pourrait affecter les intérêts américains positivement ou négativement".
Ces manifestants, scandant des slogans contre l'"impérialisme" et la "colonisation", s'en prennent également au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé - "Tu sais très bien qui est corrompu et qui ne l'est pas" - et au Premier ministre démissionnaire Saad Hariri.
(Lire aussi : Formation du gouvernement : le Hezbollah accuse les Etats-Unis d’ingérence)
"Renversement"
"Le renversement par le Hezbollah de la révolution libanaise doit débuter par une marche contre l'ambassade US au nord de Beyrouth", a écrit sur Twitter le chercheur américain d’origine libanaise Walid Pharès, secrétaire général du Groupe parlementaire transatlantique sur le contre-terrorisme (TAG), à propos de cette manifestation. "Ils ont prévu de brûler des drapeaux américains, dénoncer l'ingérence américaine et leur 'agents libanais'. L'idée est de reproduire l'atmosphère de la rage khomeyniste à Téhéran en 1979. L'armée libanaise doit assurer la sécurité", avait-il ajouté.
Vendredi, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naïm Kassem, avait accusé les États-Unis de s’ingérer dans la formation du nouveau gouvernement libanais, plus de trois semaines après la démission du cabinet de Saad Hariri sous la pression de la rue qui conteste depuis le 17 octobre une classe dirigeante jugée corrompue.
Le même jour, des manifestants rassemblés place Élia à Saïda (Liban-Sud) ont mis le feu aux drapeaux américains et israéliens pour protester contre toute ingérence américaine dans les affaires intérieures libanaises. "Feltman sors dehors, mon pays restera libre", ont crié les protestataires.
Au début de la révolte, le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah avait accusé les contestataires d’être menés par certaines parties politiques et financés par les ambassades de pays étrangers.Lire aussi
Intérêt international croissant pour le Liban
commentaires (15)
J'ai lu avec intérêt votre article , je pense que le responsable est bien le Hezbollah et les Ayattollahs . En Iran la révolution a fait au moins 100 morts et ces messieurs veulent la même chose au Liban , attention les libanais ....
Eleni Caridopoulou
19 h 45, le 24 novembre 2019