Il y a désormais un avant et un après 19 novembre 2019. C’est en tout cas ce que disent les sources proches de Aïn el-Tiné qui estiment que le président de la Chambre s’est senti dupé, mardi, par le déroulement de la séance parlementaire. Selon ces mêmes sources, Nabih Berry aurait obtenu une promesse de la part du bloc parlementaire du courant du Futur qu’il assisterait à la première partie de la séance consacrée à l’élection du bureau de la Chambre et des membres des commissions parlementaires pour assurer le bon fonctionnement du Parlement, avant de se retirer au moment de l’étude de l’ordre du jour et en particulier des 17 textes de loi envoyés par le gouvernement. À ce moment-là, le président de la Chambre aurait prévu de lever la séance devenue, selon lui, contraire au consensus habituel qui sous-entend la participation de représentants de tous les blocs parlementaires importants à toute séance plénière. Mais quelle n’a été la surprise du chef du législatif de voir qu’outre le bloc de la Rencontre démocratique (de Walid Joumblatt, qui l’avait averti de sa décision) et celui des Forces libanaises qui avait annoncé la veille sa position, le bloc du courant du Futur a boycotté la séance parlementaire.
Selon les sources proches de Aïn el-Tiné, Nabih Berry se serait senti floué par l’attitude du bloc du Futur et surtout par celle du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, alors que depuis le déclenchement du soulèvement, il n’avait pas cessé de le soutenir, répétant aux adversaires comme aux alliés qu’il ne fallait pas songer à une autre option que celle de le renommer pour former un nouveau gouvernement. Il avait même déclaré publiquement qu’il était avec sa désignation à la tête du prochain gouvernement « même malgré lui ». Ce qui lui avait d’ailleurs valu certains reproches de la part de ses alliés qui pensaient qu’en assurant à Saad Hariri que le duo chiite (Amal et le Hezbollah) avait l’intention de le redésigner pour former le nouveau gouvernement, on l’encourageait à durcir ses positions et à s’accrocher à ses conditions. Mais face à ces reproches, Berry aurait rétorqué que dans un moment aussi délicat, l’heure n’est pas aux manœuvres. Par conséquent, il préférait rassurer cheikh Saad. Il avait donc choisi de jouer franc jeu avec lui, mais ce dernier n’aurait pas tenu ses engagements.
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C’est pourquoi le président de la Chambre se serait empressé de se référer à une jurisprudence du Pr Edmond Rabbath pour annoncer que les mandats du bureau de la Chambre et des commissions parlementaires actuelles seraient prorogés pour des raisons de force majeure et que les commissions pourraient poursuivre leur fonctionnement. Ce qui devrait permettre aux commissions de reprendre normalement leur travail, en particulier l’examen du projet de loi sur le budget envoyé par le gouvernement avant sa démission par le biais d’un décret signé, comme le veut la loi, par le président de la République.
Berry estime ainsi avoir neutralisé la décision de boycotter la séance, mais selon les sources précitées, il aurait désormais la conviction que le spectre de la division entre le 14 et le 8 Mars, qu’il a combattu de toutes ses forces au cours des dernières années, est revenu et plane de nouveau sur la scène politique. Ce qui, selon les mêmes sources, ramène la situation des années en arrière, vers la période entre 2006 et 2008, lorsque le gouvernement présidé par Fouad Siniora, tronqué de la composante chiite (en plus du ministre Yaacoub Sarraf), est resté en place malgré la contestation d’une partie de la classe politique. Comme son action était devenue, par la force des choses, limitée, le camp du 14 Mars avait décidé de paralyser le Parlement, sur la base de considérations purement confessionnelles (le gouvernement présidé par un sunnite est pratiquement paralysé, il faut donc que le Parlement présidé par un chiite le soit aussi). On se souvient d’ailleurs de cette triste période de fermeture du Parlement en plus de la paralysie des autres institutions.
De plus, des sources proches de Aïn el-Tiné affirment que, selon des témoignages de personnes qui ont participé à la manifestation de mardi autour du siège du Parlement place de l’Étoile, une partie importante des manifestants était composée de partisans du courant du Futur, qui étaient les plus déterminés à saboter la séance parlementaire et à empêcher les députés d’arriver sur place. Cette attitude peut être considérée comme un moyen de mener un dialogue indirect à travers la rue, mais dans l’entourage du président de la Chambre, cela a été perçu comme un nouvel alignement du Premier ministre démissionnaire aux côtés des autres composantes politiques du 14 Mars, dans une volonté évidente de relancer ce mouvement face au camp du 8 Mars et ses alliés.
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Toujours selon les sources proches de Aïn el-Tiné, cette attitude n’est pas considérée comme constructive et le premier résultat, c’est que désormais le duo chiite admet la possibilité de désigner une autre personnalité que cheikh Saad Hariri pour former le prochain gouvernement. Il semble qu’Amal et le Hezbollah ont déduit de l’implication du courant du Futur dans la paralysie du Parlement, après avoir fait des promesses dans le sens contraire aux proches de Aïn el-Tiné, que le Premier ministre démissionnaire ne semble pas prêt à conclure un compromis au sujet de la formation du prochain gouvernement. Dans ce cas, plusieurs autres options sont possibles, mais toujours, jusqu’à présent, dans le souci de ne pas provoquer Saad Hariri et son camp. Toutefois, les sources proches de Aïn el-Tiné ne considèrent pas la relance de la division entre le 14 et le 8 Mars comme un développement positif...
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commentaires (10)
Dans aucun pays du monde, on amnistie les pilleurs de l'argent public sauf dans le bled du président Estez Nabih Berry, Aïn el-Tiné. Aucun pays du monde n'attire autant de pays-rapaces comme le Liban. C'est curieux ! Non ?
Un Libanais
20 h 48, le 21 novembre 2019