Entre 900 et 1.000 Libanais étaient mobilisés dimanche sur la place du Trocadéro, à Paris, réclamant notamment un gouvernement de technocrates indépendants pour le Liban, entré dans son deuxième mois de révolte contre la classe dirigeante. Les manifestants refusent notamment la nomination d'un Premier ministre appartenant à la classe politique actuelle.
Alors que les slogans "Révolution ! Révolution !" résonnaient sous le ciel bleu parisien, les manifestants scandaient leur refus de la nomination au poste de Premier ministre de visages connus. "Ni Siniora, ni Machnouk, ni Safadi, ni Makhzoumi", répétaient les protestataires, en référence à l'ancien Premier ministre Fouad Siniora, aux anciens ministres Nohad Machnouk et Mohammad Safadi et au député et homme d'affaires Fouad Makhzoumi.
Gaelle Achidjian, étudiante en master et habitant Paris depuis deux mois, a déclaré à notre journaliste sur place Anne Ilcinkas, qu'elle restera mobilisée "tant qu'il y aura des manifestations au Liban". "Je suis partie du Liban à cause de la classe politique corrompue et ne je rentrerai que lorsqu'elle aura quitté le pouvoir", ajoute la jeune fille de 22 ans. Elle indique également avoir été très touchée par la mort, mercredi soir, de Ala' Abou Fakhr, un manifestant qui a été tué lors du passage d'un véhicule militaire à un point de rassemblement à Khaldé. En hommage à ce père de famille, deux portraits, dont l’un du dessinateur Ivan Debs, ont été accrochés sur la place du Trocadéro.
Michèle Haddad, 21 ans, souligne, elle, qu'elle était "frustrée" par le fait que "les jeunes de sa génération ne faisaient rien". "Nous aurions pu nous réveiller plus tôt", déplore la jeune manifestante qui indique avoir émigré en France "parce qu'elle n'avait aucune perspective" dans son pays natal.
Le Liban est secoué depuis le 17 octobre par une contestation sans précédent contre l'ensemble d'une classe dirigeante accusée de corruption et d'incompétence dans un contexte de crise économique aiguë. Depuis la démission du cabinet de Saad Hariri, le chef de l’État Michel Aoun n'a toujours pas convoqué les consultations parlementaires contraignantes permettant la nomination d'un futur président du Conseil. La présidence argue pour justifier ce retard des "circonstances exceptionnelles" que traverse le pays et de la nécessité de mener des tractations préalables pour s'accorder sur la formule que devrait prendre le prochain gouvernement. Alors que jeudi soir, la majorité sortante, c'est-à-dire le Courant patriotique libre (aouniste), le Futur (de M. Hariri), le Hezbollah et le mouvement Amal (du président de la Chambre Nabih Berry), s'étaient entendue sur la nomination de l'ancien ministre des Finances Mohammad Safadi, ce dernier a annoncé samedi soir qu'il se retirait de la course, après avoir constaté la difficulté de former un cabinet répondant aux revendications légitimes de la rue.
commentaires (8)
Bravo et vive les Libanais de France et d'autres pays
Eleni Caridopoulou
19 h 33, le 18 novembre 2019