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Liban - Santé publique

Bientôt, les hôpitaux ne pourront plus admettre que les urgences

Vendredi, les établissements observeront une journée de grève pour mettre en garde contre les difficultés qu’affronte le secteur.

Une note de service interne adressée par la direction de l’Hôtel-Dieu de France (HDF) à son équipe ayant fuité aux médias donne un avant-goût de la crise à laquelle est confronté le secteur de la santé. Une crise récurrente, mais qui a été exacerbée par la baisse de la quantité de dollars circulant sur le marché suite à une décision de la Banque du Liban fin août, ainsi que par la suppression des facilités bancaires aux entreprises décidée par les banques depuis le début du soulèvement populaire le 17 octobre, comme le signale à L’Orient-Le Jour Sleiman Haroun, président du syndicat des hôpitaux privés.

Selon cette note, l’Hôtel-Dieu n’acceptera plus « aucun transfert de patients d’un autre hôpital (…) que ce soit dans un service ou à travers les urgences », et ce en raison « des difficultés rencontrées à plusieurs reprises dans le contexte socio-économique difficile du pays ». L’établissement a de même signalé que concernant « les patients nouvellement admis à compter du 11 novembre, la pharmacie ne pourra pas délivrer des molécules innovantes et coûteuses, mais restera sur des protocoles médicamenteux courants ». De même, les dispositifs médicaux devront être « couramment utilisés dans les pathologies référentes », a précisé l’administration de l’hôpital. Contactée par L’OLJ, elle s’est abstenue de tout commentaire.

D’autres établissements pourraient emboîter le pas à l’Hôtel-Dieu. Une source dans un hôpital universitaire souligne à L’OLJ que des mesures similaires ont été prises au sein de son établissement. M. Haroun affirme de son côté que de nombreux hôpitaux lui ont annoncé qu’ils ont commencé à « réduire le nombre des admissions dans leurs services, parce qu’ils sont dans l’incapacité de leur offrir les soins ». « Certains hôpitaux ont même fermé certains de leurs services et donné congé à leurs employés », ajoute-t-il.

M. Haroun note que le problème se pose à un double niveau. D’une part, les compagnies d’assurances et les tiers payants publics tardent à honorer leurs dus aux établissements hospitaliers qui se trouvent, à leur tour, dans l’incapacité de payer aux fournisseurs de médicaments et d’équipements médicaux. D’autre part, les fournisseurs n’arrivent plus à importer, en raison principalement de la crise économique aggravée depuis le début du mouvement de protestation.

« Nous faisons face à un sérieux problème, insiste-t-il encore. La pénurie dans les fournitures médicales commence à se ressentir. Les stocks baissent progressivement. La réserve dont on dispose suffira pour quelque quatre à cinq semaines. »

Le syndicat des propriétaires des hôpitaux privés tire lui aussi la sonnette d’alarme. Il a ainsi appelé ses membres à observer, le vendredi 15 novembre, une journée de grève au cours de laquelle les admissions aux hôpitaux seront retreintes et limitées aux urgences. Seront assurés uniquement les soins urgents, la chimiothérapie et la dialyse. Les consultations médicales seront suspendues ce jour-là, ainsi que les chirurgies. Seules celles qui sont urgentes seront effectuées.

« Ce jour-là, nous allons volontairement limiter les admissions aux cas urgents. Dans un avenir très proche, nous serons obligés de le faire, déplore M. Haroun. Avant, le problème était le nôtre. Désormais, il sera celui du patient. J’espère que les responsables concernés réaliseront rapidement la gravité du problème. »

Une note de service interne adressée par la direction de l’Hôtel-Dieu de France (HDF) à son équipe ayant fuité aux médias donne un avant-goût de la crise à laquelle est confronté le secteur de la santé. Une crise récurrente, mais qui a été exacerbée par la baisse de la quantité de dollars circulant sur le marché suite à une décision de la Banque du Liban fin août, ainsi que...

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