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À La Une - contestation

Troisième vendredi de manifestations en Irak malgré de nouvelles victimes

Sur le plan politique, les pressions de l'Iran et de ses alliés en Irak pour maintenir le statu quo semblent avoir fait leur effet.

Des manifestants irakiens derrière une barrière de fortune, dans une rue de Bagdad, lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, le 8 novembre 2019. Photo AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Des milliers de manifestants se sont rassemblés en Irak pour un troisième vendredi consécutif de mobilisation contre leurs dirigeants, de leur côté déterminés à se maintenir et à en finir avec un mouvement de contestation qui paralyse des infrastructures vitales.

Au total, près de 300 personnes, en majorité des manifestants, ont péri et des milliers ont été blessés dans des violences et lors de rassemblements depuis le début le 1er octobre du mouvement, inédit par son caractère spontané, son ampleur et sa longévité.

"Le poste de (Adel) Abdel Mahdi (le Premier ministre, ndlr) signifie plus pour lui que le sang des Irakiens", a lancé un dignitaire tribal venu de Nassiriya, à 300 km au sud de Bagdad, pour manifester sur l'emblématique place Tahrir de la capitale.
En fin de journée, des affrontements ont opposé les forces de sécurité aux manifestants, au lendemain de la mort de six personnes dans des heurts la veille. Des unités de l'armée ont tiré des gaz lacrymogènes sur des groupes de manifestants le long de la rue al-Rachid, l'une des avenues les plus célèbres de Bagdad.

Le Premier ministre, un indépendant sans base partisane ou populaire, multiplie communiqués et réunions pour appeler les Irakiens à "retourner à la vie normale" et relancer l'activité économique, particulièrement dans le sud pétrolier paralysé par un large mouvement de désobéissance civile.



(Lire aussi : De Beyrouth à Bagdad, en passant par Téhéranle commentaire d'Anthony SAMRANI)


Grenades meurtrières 
Dans le sud de l'Irak, à Bassora, province la plus riche en pétrole du pays mais aussi l'une des moins bien dotées en infrastructures et services, des affrontements ont forcé les autorités à refermer le port d'Oum Qasr, vital pour les importations, après quelques heures de réouverture. Ailleurs dans le pays, les accès aux administrations et certaines installations pétrolières sont bloqués par des piquets de grève, tandis que les camions-citernes transportant environ 100.000 barils de pétrole destinés à l'exportation sont bloqués dans le nord du pays.

En dépit des violences, les manifestants assurent qu'ils resteront dans la rue jusqu'à obtenir le renouvellement d'une classe politique inchangée depuis la chute du dictateur Saddam Hussein il y a 16 ans.
"Nous devons entrer dans la Zone verte", a lancé un manifestant à Bagdad, en référence au secteur de la capitale où siègent sous haute protection les autorités. "Nous annoncerons notre révolution populaire de là-bas, contre tous ceux qui nous ont volés: Adel Abdel Mahdi, Qaïs al-Khazali, Hadi al-Ameri!", ajoute-t-il.

MM. Khazali et Ameri sont des hauts responsables du Hachd al-Chaabi, coalition paramilitaire dominée par des milices chiites proches de l'Iran qui a apporté son soutien au gouvernement après le déclenchement de la contestation. Vendredi, une source au sein du Hachd a déclaré à l'AFP que cette force avait déployé des renforts par centaines pour protéger la Zone verte contre toute tentative de prise d'assaut des manifestants.

De la place Tahrir, la ligne de front s'est déplacée sur les ponts enjambant le fleuve Tigre. Manifestants et forces de sécurité se font désormais face sur quatre des 12 ponts de Bagdad. Des barrages de béton y ont été dressés par les policiers anti-émeutes. Ces derniers y tirent des grenades assourdissantes et lacrymogènes dix fois plus lourdes que la normale, qui ont déjà tué 16 manifestants selon l'ONU, fracassant des crânes ou des torses.
Les défenseurs des droits humains condamnent l'usage de ces grenades ainsi que les arrestations, enlèvements et intimidations de militants et de médecins par des forces que l'Etat assure jusqu'ici ne pas pouvoir identifier.



(Lire aussi :  En Irak, c'est le monde à l'envers : couvre-feu et barrages "sur ordre du peuple")


"Demandes légitimes" 
Sur le plan politique, les pressions de l'Iran et de ses alliés en Irak pour maintenir le statu quo semblent avoir fait leur effet. Le Parlement a cessé de réclamer que M. Abdel Mahdi se présente devant lui. Et le président Barham Saleh est resté discret après le rejet par le Premier ministre de sa proposition d'élections anticipées.

Quant au versatile leader chiite Moqtada Sadr, revenu d'Iran pour se mêler aux manifestants, il est reparti, selon des sources aéroportuaires, chez le grand voisin et parrain de la politique irakienne, dont les consulats sont régulièrement pris pour cible par les manifestants.
Le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité chiite du pays qui passe pour faire et défaire les Premiers ministres, n'a lui toujours pas dit s'il allait lâcher M. Abdel Mahdi. Il a toutefois de nouveau appelé vendredi les autorités à répondre "aux demandes légitimes des manifestants dans un temps limité".

Dans le nord du pays, épargné par les manifestations, une dizaines de roquettes ont frappé une base militaire irakienne où sont basées des forces américaines près de Mossoul, ont indiqué des sources locales qui n'ont pas été en mesure de dire qui les avait tirées.



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