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Liban

À Nabatiyé, le mouvement estudiantin donne un nouveau souffle au soulèvement populaire

Plus de deux mille personnes ont pris part hier à la manifestation des élèves et étudiants.


À Nabatiyé, l’intifada estudiantine s’est poursuivie hier pour la seconde journée consécutive. Photo B.F.

Le mouvement estudiantin qui se poursuit depuis mercredi à Nabatiyé a donné un nouveau souffle au soulèvement populaire. Hier, des milliers de jeunes ont en fait investi la place devant le sérail de la ville, bravant les menaces qu’elles ont reçues au cours des derniers jours.

Au lendemain d’une longue nuit de mobilisation via la messagerie instantanée WhatsApp, les lycéens ont pour la seconde journée consécutive sillonné les rues de Nabatiyé, avant de se diriger vers la place devant le sérail. Leurs revendications ? « Faire tomber le système politique », « l’éducation, la liberté et la justice sociale », « l’amélioration des cursus scolaires » et « du niveau de l’Université libanaise ». Pas moins.

Le mouvement d’hier, qui a rassemblé quelque deux mille personnes en fin de matinée, a démarré à 8h depuis le quartier des universités. Les élèves, un petit groupe au départ, se sont dirigés ensuite vers l’école publique as-Sabbah, où les écoliers ont rejoint leurs camarades. D’une rue à l’autre, la foule grossissait. Des élèves venus de régions voisines ont aussi pris part au soulèvement estudiantin à Nabatiyé. Ils ont été rejoints, plus tard en cours de journée, par leurs aînés.

« La Constitution garantit le droit de protestation, s’exclame un étudiant. Nous ne sommes pas des voyous et ne cherchons pas à semer le chaos. » « Je suis ici parce que je voudrais vivre dans un pays qui ne pousse pas ses enfants à l’émigration et dans lequel ils peuvent trouver des opportunités de travail », renchérit un autre.

Plus loin, une jeune étudiante affirme qu’elle veut « un renforcement de l’Université libanaise ». « Nos parents n’ont pas les moyens de payer les frais de nos études dans des universités privées », dit-elle.

Maya, élève de seconde, affirme quant à elle qu’elle prend part à la manifestation pour réclamer ses droits. « Je ne veux pas étudier et émigrer pour pouvoir travailler, lance-t-elle. Aujourd’hui, nous sommes en train d’étudier pour un avenir que nous n’avons pas. Nous sommes dans la rue pour assurer cet avenir. »


(Lire aussi : Place Riad el-Solh, la formidable solidarité des étudiants face à l’« État voyou »)



Menaces d’expulsion
Parallèlement, la campagne à l’encontre de ce mouvement estudiantin pacifique s’est poursuivie hier encore, accusant les élèves d’« œuvrer en vue de saper la société sur ordre de forces étrangères ». Selon les détracteurs de ce mouvement, ces protestations « sont intruses à Nabatiyé », ajoutant que « les habitants de la ville font confiance et sont attachés à leurs dirigeants ».

Par ailleurs, des rumeurs ont circulé selon lesquelles la direction de l’École secondaire des religieuses aurait menacé d’expulsion les élèves qui participent aux protestations et aurait informé les parents de sa décision. Contactée par L’Orient-Le Jour, la direction de l’établissement scolaire en question a affirmé avoir autorisé les élèves à prendre part à ce mouvement et qu’à la fin de la protestation, ces derniers sont revenus suivre les cours normalement. C’est ce qu’a affirmé une enseignante de cet établissement, qui a expliqué que les manifestants avaient demandé à la direction de suspendre les cours, « mais nous avons refusé et avons continué à les assurer normalement ». « Après la manifestation, ils ont rejoint leurs classes », note-t-elle.



(Lire aussi : À Tripoli, les manifestants arrachent les portraits des zaïms)



À Saïda
Par ailleurs, à Saïda, plusieurs centaines de lycéens et d’étudiants ont continué de manifester en grand nombre pour la quatrième journée consécutive, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Les étudiants ont marché vers les sièges d’Électricité du Liban, d’Ogero, de l’Office des eaux, du service de la mécanique, de la Banque du Liban et du sérail gouvernemental, les appelant à fermer. Les fonctionnaires de la mécanique ont interrompu leur travail et les manifestants ont pu fermer l’antenne de LibanPost et faire sortir les employés.

Les jeunes protestataires, qui se sont également rendus devant le siège de plusieurs banques, ont scandé des slogans à l’encontre du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Ils ont également appelé les personnes qui observaient leur mouvement à se joindre à eux.

En fin d’après-midi, des manifestations se sont déroulées devant les maisons de l’ancien Premier ministre, Fouad Siniora, et de l’ancien ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk.



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Le mouvement estudiantin qui se poursuit depuis mercredi à Nabatiyé a donné un nouveau souffle au soulèvement populaire. Hier, des milliers de jeunes ont en fait investi la place devant le sérail de la ville, bravant les menaces qu’elles ont reçues au cours des derniers jours. Au lendemain d’une longue nuit de mobilisation via la messagerie instantanée WhatsApp, les lycéens...

commentaires (1)

"sur ordre de forces étrangères"? Que ceux qui le prétendent - à commencer par Nasrallah - le prouvent. Un seul manifestant a-t-il reçu une consigne d'une ambassade étrangère (je ne parle pas, bien sûr des contre-manifestants envoyés par Amal et le Hezbollah)? Un seul manifestant a-t-il reçu une somme d'argent pour se rendre au centre-ville? Que l'on cesse dnc de répéter ces âneries!

Yves Prevost

06 h 46, le 08 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • "sur ordre de forces étrangères"? Que ceux qui le prétendent - à commencer par Nasrallah - le prouvent. Un seul manifestant a-t-il reçu une consigne d'une ambassade étrangère (je ne parle pas, bien sûr des contre-manifestants envoyés par Amal et le Hezbollah)? Un seul manifestant a-t-il reçu une somme d'argent pour se rendre au centre-ville? Que l'on cesse dnc de répéter ces âneries!

    Yves Prevost

    06 h 46, le 08 novembre 2019

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