Le Club des juges – une association de magistrats qui s’est fixé pour mission de lutter contre la corruption et de renforcer l’indépendance de la justice – a déposé hier une plainte auprès de la Direction de la protection du consommateur relevant du ministère de l’Économie et du Commerce. La plainte porte principalement sur la facturation en dollars des abonnements mensuels et des cartes prépayées proposées sur le marché par les opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch. Le Club des juges souligne, en se basant sur les contrats de gestion liant l’État aux deux opérateurs : (1) qu’il revient au ministre des Télécoms de fixer les tarifs et non aux opérateurs ; (2) que les facturations doivent être en livres et non en dollars ; (3) que la collecte de ces factures doit être également en livres et non en dollars.
Les deux réseaux mobiles libanais, Mic 1 (Alfa) et Mic 2 (Touch), sont respectivement gérés par l’opérateur égyptien Orascom (depuis 2009) et le koweïtien Zain (depuis 2004). Ils facturent leurs usagers en dollars depuis le début des années 1990 et cela n’a jamais été remis en cause par les gouvernements successifs.
Le ministre sortant des Télécoms, Mohammad Choucair, a annoncé lundi dans un communiqué que les distributeurs pourront régler en livres libanaises les cartes prépayées qu’ils achètent aux opérateurs de téléphonie mobile libanais Alfa et Touch. Mais M. Choucair affirme toujours que la facturation et la collecte doit normalement se faire en dollars selon les contrats, comme il l’a affirmé aujourd’hui dans un communiqué en réponse à l’ancien directeur général d’Ogero Abdel Menhem Youssef, alors que ce dernier affirme le contraire.
La décision de M. Choucair vise à mettre fin aux abus de certains distributeurs, qui ont commencé à vendre ces cartes prépayées plus cher en invoquant, pour se justifier, le fait que le cours du dollar avait augmenté chez les changeurs depuis que la BDL a commencé à limiter la circulation du billet vert sur le marché local. Une mesure adoptée alors que le pays est sur la corde raide financièrement depuis plusieurs mois et qui vise officiellement à garantir les besoins de financement de l’État ainsi que les devises nécessaires pour assurer certaines importations stratégiques. Le ministre a en outre appelé les usagers à contacter la Direction de la protection du consommateur en cas d’abus constaté.
Cette décision du ministre est d’autant plus surprenante que ce dernier avait affirmé, le 1er novembre, que la modification du processus de tarification des cartes de recharge devait passer par une décision du Conseil des ministres.
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Étonnant ce sursaut de conscience soudain du ministre concerné. Rappelez-moi. Ce n’est pas la décision de ce même ministre de taxer What's Up qui a mis ces citoyens dans la rue? Foutage de gueule ... À combien s’élève son patrimoine sans indiscrétion? Tout le monde se la joue propre et Nazih.
12 h 39, le 06 novembre 2019