Les boulangeries ont décidé lundi de suspendre pour 48 heures leur grève qui a débuté ce matin, afin d'accorder un délai au Premier ministre, Saad Hariri, pour résoudre la crise. Les boulangeries dénoncent par leur mouvement les conséquences sur leur activité et leurs frais, et plus spécifiquement sur le prix de la farine, de la baisse de la quantité de dollars en circulation sur le marché local depuis août.
"Demain, nous rouvrirons les boulangeries. Ce sera un jour de travail normal", a déclaré le président du syndicat des propriétaires de boulangeries, Kazem Ibrahim, à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre Hariri, au Grand Sérail, ajoutant que ce dernier lui "a demandé un délai 48 heures pour régler la crise". "Nous avons pleinement confiance en lui", a affirmé le président du syndicat.
Dans la journée, le syndicat des employés des boulangeries de Beyrouth et du Mont Liban avait appelé "le pouvoir politique" et le ministère de l’Économie, "concerné par l'approvisionnement de la farine en livres libanaises", à "protéger" cette matière première en interdisant sa dollarisation, préconisant à accélérer la création d'une commission industrielle sur le prix du sachet de pain.
Une réunion a par ailleurs regroupé les propriétaires de minoteries, les importateurs de blé et un responsable de la Banque du Liban (BDL).
Le resserrement de la circulation en dollars a été déclenché par la BDL – officiellement pour couvrir les importations stratégiques et pour assurer les besoins de financement de l’État – et a mobilisé plusieurs secteurs qui règlent leurs marchandises en dollars, mais encaissent une bonne partie de leurs recettes en livres, comme les distributeurs de carburant, les minotiers ou les importateurs de médicaments.Au début du mois, la BDL a tenté d’apporter une réponse à cette "crise du change" en publiant une circulaire pour réguler le déblocage de dollars pour les minotiers, les importateurs de médicaments et les distributeurs de carburant. Les minotiers estiment que ce mécanisme est inadapté aux conditions dans lesquelles ils achètent le grain sur les marchés internationaux. Samedi, le rassemblement regroupant la grosse dizaine de minoteries du pays a indiqué qu’il continuera d’encaisser en dollar la farine vendue aux intermédiaires et boulangeries du pays "immédiatement et en liquide et sans aucun délai".
De son côté, Karim Gebara, le chef du syndicat des importateurs de médicaments, a annoncé que "la crise des importations" avait été résolue, grâce à des discussions avec le président, Michel Aoun, et le gouverneur de la banque centrale. "Le mécanisme de la BDL" pour réguler le déblocage de dollars pour les minotiers, les importateurs de médicaments et les distributeurs de carburant "est devenu clair pour tout le monde", a-t-il ajouté.
Jusqu’à quel point la grève des boulangers sera-t-elle suivie ?
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commentaires (3)
2 jours de sursis pour déguster du bon mjadarra.
FRIK-A-FRAK
21 h 35, le 14 octobre 2019