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Économie - Change livre/dollar

Jusqu’à quel point la grève des boulangers sera-t-elle suivie ?

Le ministre de l’Économie accuse les fabricants de pain de tenter de profiter de la crise actuelle.

Un boulanger dans son atelier, à Beyrouth. Photo DR

Alors que tout semblait indiquer qu’une partie des boulangers libanais seraient en grève aujourd’hui, suite à une décision prise jeudi dernier par l’Union des syndicat représentant la profession, des informations rapportées hier tard dans la soirée par l'agence Akhbar al-Yom, ont laissé entendre que la grève pourrait être finalement suspendue et que le syndicat de boulangers prévoirait de publier un communiqué, après avoir consulté le ministre de l’Économie et du Commerce, Mansour Bteich.

D’autres informations rapportées par certains médias ont indiqué de leur côté qu’une réunion devrait se tenir aujourd’hui entre le Premier ministre Saad Hariri et les représentants des boulangers pour sceller la fin de la crise.

Jeudi, l’Union des syndicats des boulangers et minotiers avait lancé l’ordre de grève en question pour dénoncer les conséquences sur leur activité et leurs frais, et plus spécifiquement sur le prix de la farine, de la baisse de la quantité de dollars en circulation sur le marché local depuis août.

Ce resserrement a été déclenché par la Banque du Liban (BDL) – officiellement pour couvrir les importations stratégiques et pour assurer les besoins de financement de l’État – et a mobilisé plusieurs secteurs qui règlent leurs marchandises en dollars, mais encaissent une bonne partie de leurs recettes en livres, comme les minotiers qui importent la majorité des besoins du pays en blé. Cette nouvelle donne dans une économie où le dollar – sur lequel la livre est arrimée depuis 1997, à raison de 1 507,5 livres pour un dollar – circule librement depuis des décennies a naturellement augmenté la demande d’un billet vert de moins en moins disponible dans les banques et dont les prix ont grimpé d’environ 100 livres (+6 %) chez les changeurs.

Au début du mois, la BDL a tenté d’apporter une réponse à cette « crise du change » en publiant une circulaire (n° 530 que L’Orient-Le Jour a détaillée dans son édition du 2 octobre) pour réguler le déblocage de dollars pour les minotiers, les importateurs de médicaments et les distributeurs de carburant. Le mécanisme, qui donne aux banques le rôle d’intermédiaire avec la BDL, soumet toutes les demandes à l’accord à cette dernière, impose le paiement d’une commission de 0,5 % sur chaque opération, ou encore oblige les entreprises à bloquer une somme en dollar correspondant à 15 % minimum du montant total de la commande qu’ils veulent faire passer.



(Lire aussi : Grève des distributeurs de carburant : un accord définitivement trouvé ?)



Sans raison valable
Si ces derniers ont mis deux semaines à accepter les modalités de ce mécanisme, ce n’est toujours pas le cas pour les minotiers qui l’estiment inadapté aux conditions dans lesquelles ils achètent le grain sur les marchés internationaux. Samedi, le rassemblement regroupant la grosse dizaine de minoteries du pays a indiqué, à l’issue d’une réunion consacrée à ce dossier, qu’ils continueront d’encaisser « immédiatement et en liquide et sans aucun délai » la farine vendue aux intermédiaires et boulangeries du pays en dollar.

Assurant que la situation actuelle leur faisait accuser des pertes « supplémentaires », les acteurs de la filière ont également tenu pour responsables les « dirigeants qui ne se soucient pas du secteur de l’approvisionnement et ne proposent pas de solutions drastiques pour assurer la stabilité des importations du blé ». Quelques jours plus tôt déjà, les minotiers avaient mis en garde contre une crise du pain, assurant que les réserves stratégiques fondaient comme neige au soleil, et qu’ils n’étaient pas en mesure d’approvisionner le pays dans les conditions actuelles.

Ces déclarations ont fait réagir le ministre Bteich, relativement discret depuis le début de la crise : « Alors que les propriétaires des boulangeries persistent à se mettre en grève lundi sans raison valable, je me vois contraint de rappeler que nous refusons que la nourriture des gens fasse l’objet de chantage, tout comme nous refusons que quiconque soit victime d’injustice », a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Citant une étude financée par l’Union européenne et réalisée sur une période de plusieurs mois « avant le 30 août », le ministre a en outre affirmé que les boulangeries réalisent un bénéfice de « 10 à 12 % par sac de pain » et a dénoncé « une tentative d’exploiter la situation actuelle » pour augmenter leurs profits aux dépens des « pauvres ». « Les prétextes concernant le taux de change du dollar ne tiennent plus », a-t-il ajouté, allant jusqu’à comparer la grève d’aujourd’hui à une tentative de « chantage » et promettant de renforcer les contrôles sur les boulangers.

Plus tard dans la soirée, le même jour, le ministère de l’Économie a annoncé que des équipes de la direction du service de protection du consommateur avaient contrôlé les tarifs et les poids des sacs de pain libanais de 55 boulangeries sur l’ensemble du territoire libanais, constatant au passage plusieurs infractions.

Sur le terrain, certaines boulangeries dans le Kesrouan et dans le Metn ont assuré à L’Orient-Le Jour qu’elles ne feraient pas grève aujourd’hui et « qu’il y aurait du pain à vendre ». Plusieurs établissements dans ces régions étaient d’ailleurs en rupture de stock de pain hier dans la matinée. La mobilisation pourrait être cependant plus forte au Liban-Nord, les syndicats des boulangers dans cette partie du pays ayant déclaré leur intention de faire bloc dans un communiqué publié durant le week-end.




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commentaires (3)

FAUT LEUR COUPER LES DOLLARS POUR L,ACHAT DE QUANTITES SUPPLEMENTAIRES DE FARINE DESTINEE POUR LES PAINS TRAFIQUES VERS LA SYRIE.

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 15, le 14 octobre 2019

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Commentaires (3)

  • FAUT LEUR COUPER LES DOLLARS POUR L,ACHAT DE QUANTITES SUPPLEMENTAIRES DE FARINE DESTINEE POUR LES PAINS TRAFIQUES VERS LA SYRIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 15, le 14 octobre 2019

  • Quels vautours ces commerçants insatiables , c'est révoltant !

    Chucri Abboud

    09 h 13, le 14 octobre 2019

  • Il est tellement facile de faire son pain à la maison...

    Gros Gnon

    03 h 57, le 14 octobre 2019

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