Fallait quand même creuser profond dans les dernières élections universitaires pour dégager ne serait-ce qu’une pensée, un frémissement d’idée sur l’organisation de la vie estudiantine, les programmes académiques, l’insertion professionnelle…
Société arriérée oblige, tout tournait autour du caniveau de la politique locale et des guignols qui la pilotent. Au point que les étudiants ne faisaient plus la distinction entre les vieux débris qui paradent aux heures de grande écoute à la télé et les jeunes candidats censés représenter leurs intérêts dans l’enseignement supérieur.
Dans quel cloaque sommes-nous donc tombés pour qu’à chaque scrutin universitaire, au détour d’une assemblée d’étudiants ou à l’abri d’un préau, faudra maintenant deviner à l’avance si le candidat s’oppose à la gesticulation du Hezbollah en faisant le signe de la croix, ou s’il veut récupérer les fermes de Chebaa en psalmodiant des versets du Coran. S’il tresse des lauriers au Basileus hilare, ou s’il assure le service après-vente du Futuroscope mou du genou.
Monter des listes électorales sur la seule base de l’affiliation au fan club de l’un ou l’autre des bouffons de la politique, se mêler de savoir si le résultat de la consultation colle à la stratégie débile mitonnée par le barbu, le moustachu ou l’imberbe du cru, entortiller un corps estudiantin tout entier dans une rhétorique absconse d’où sont allègrement zappés les problèmes strictement universitaires, tout cela confine parfois au délire…
D’ailleurs, pour continuer à singer leurs aînés politiques qu’ils admirent tant, ne voilà-t-il pas que les étudiants ont sauté à pieds joints sur ce concept très libanais consistant à : un, participer aux élections ; deux, ne pas en admettre les résultats ; trois, mettre en musique les chiffres selon les convenances de chacune des formations confessionnelles auprès desquelles ils broutent peu ou prou. Tant et si bien qu’au terme du scrutin, on ne sait plus trop bien qui a gagné les doigts dans le nez et lequel s’est étalé comme une crêpe.
Dieu que c’est bon de sentir qu’au Liban la relève du poker menteur est assurée !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (6)
Depuis que le résidant dans une fosse profonde se mêle des élections universitaires, rien ne va plus. Il faudrait arrêter toutes les élections dans toutes les Universités. Elles n'ont plus aucune raison d'exister.
Un Libanais
15 h 02, le 11 octobre 2019