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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les menaces iraniennes d’anéantir Israël : une volonté d’intimider les adversaires dans la région

« Détruire Israël est un but à portée de main », a déclaré récemment Hossein Salami.

Hossein Salami, commandant en chef des gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran. Morteza Nikoubazl/Reuters

La destruction d’Israël « n’est plus un rêve, mais un but à portée de main », a déclaré le 30 septembre Hossein Salami, commandant en chef des gardiens de la révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran.

Ces propos, prononcés lors d’une réunion des commandants des pasdaran à Téhéran, ont été repris en titre par les agences Tasnim et Fars, proches des conservateurs. L’agence officielle iranienne IRNA a elle aussi repris les propos de Hossein Salami, mais en titrant : « Les ennemis souffrent d’un affaiblissement irréversible. » Dans un discours nationaliste, elle met l’accent sur la puissance de l’Iran, qui écrasera ses adversaires envers et contre tout.

Ce discours, s’il n’illustre pas une position nouvelle de l’Iran face à Israël, surprend par la matérialisation concrète de son agressivité. Il ne s’agit plus de scander « Mort à Israël » lors d’un des nombreux discours de haine envers ses ennemis américains et israéliens, mais d’affirmer avoir les moyens techniques et la volonté de détruire le pays. Une déclaration choquante, d’autant plus qu’elle s’ancre dans l’atmosphère électrique qui caractérise actuellement la région.

Un climat sous hautes tensions

Au-delà des déclarations, le conflit israélo-iranien s’est concrétisé ces dernières années sur différents fronts au Moyen-Orient. Le principal terrain d’affrontement en est le sol syrien où l’aviation israélienne a mené des centaines de frappes contre des positions iraniennes.

Plus récemment, l’affrontement des deux belligérants s’est exporté en Irak où l’État hébreu cible désormais des bases armées iraniennes. Les 19 et 28 juillet, des raids aériens avaient détruit des stocks de missiles sophistiqués iraniens. Le Premier ministre israélien, interrogé en août dernier sur ces frappes, a déclaré que « l’Iran n’a d’immunité nulle part ».

En guise de réponse, l’Iran a déployé ces derniers mois des missiles balistiques en Irak, dont certains pourraient atteindre Israël.

Détruire l’État hébreu serait donc « un but à portée », non pas de main, mais de missiles balistiques, dans un contexte proche de celui de l’Arabie saoudite, victime récente d’une attaque de drones et de missiles contre ses installations pétrolières, venant vraisemblablement de bases iraniennes en Irak. Les paroles du commandant en chef des pasdaran apparaissent encore plus menaçantes après l’ouverture, le 30 septembre, du poste-frontière de Bou Kamal entre la Syrie et l’Irak. Ce dernier concrétise en principe, pour l’Iran, un projet d’autoroute chiite reliant Téhéran à Beyrouth, facilitant le transit d’armes entre ses différents alliés.


(Lire aussi : Des accords de non-agression avec Israël seraient inopportuns pour les pays du Golfe)

Entre « tumeur cancéreuse » et vœux de bonne année

L’animosité a toujours été le leitmotiv des relations israélo-iraniennes après l’avènement de la République islamique. En juin dernier, le guide suprême de la République islamique, Ali Khamenei, avait d’ailleurs réaffirmé la position iranienne selon laquelle Israël est pour le Moyen-Orient « une tumeur maligne qui doit être enlevée et éradiquée ».

L’hostilité entre les deux pays avait atteint son paroxysme entre 2005 et 2013, lors de la présidence de Mahmoud Ahmadinejad en Iran. Celui qu’on surnomme le président des pasdaran n’avait pas hésité à condamner Israël à « disparaître de la carte », ou à comparer la Shoah à un « mythe ».

Dès son départ, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif avait déclaré pour Roch Hachanah (Nouvel An juif) : « L’homme qui était perçu comme un négationniste est parti. Bonne année. » Le discours officiel iranien a pris ensuite encore plus de distances par rapport à l’attitude agressive d’Ahmadinejad, en réitérant tous les ans ses vœux de bonne année à la communauté juive. Curieusement, cela a été le cas cette année, dans la même semaine où Hossein Salami exprimait ses menaces. Des disparités existent donc dans le discours iranien, et certains dirigeants politiques, dans les deux camps, ont tenté d’apaiser ce climat de haine. Ainsi, côté israélien, un Shimon Perez, alors Premier ministre, avait déclaré en s’adressant aux Iraniens : « Notre avenir commun peut et devrait être aussi grand que notre passé commun. »

Une déclaration qui contraste profondément avec le discours belliqueux de l’actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu. Celui-ci avait déclaré dès novembre 2013 que « les ténèbres les plus vastes qui, aujourd’hui, menacent le monde, c’est un Iran nucléaire ».


La nouvelle stratégie iranienne

Derrière la haine apparente qui oppose les deux pays, ceux-ci en sont venus à développer des relations plus complexes sur la scène internationale. Si l’Iran trouve une rente de légitimité dans le monde arabe à s’opposer à « l’ennemi sioniste », il n’a aucun intérêt à engendrer une escalade des tensions dans sa position actuelle, assurent les spécialistes.

Comme l’affirme Bernard Hourcade, géographe, spécialiste de l’Iran, « l’Iran n’a pas les moyens aujourd’hui de soutenir une escalade armée contre Israël ». Selon lui, la déclaration belliqueuse du commandant en chef des gardiens de la révolution traduit une volonté iranienne d’intimider ses adversaires.

« Un an après avoir subi sans broncher les sanctions économiques américaines, l’Iran change d’attitude et fait valoir sa capacité à déstabiliser le Moyen-Orient si les sanctions ne sont pas levées », précise M. Hourcade. Pour Thierry Coville, chercheur à l’IRIS spécialiste de l’Iran, les paroles de Hossein Salami s’inscrivent dans la nouvelle stratégie iranienne : « Depuis mai dernier, l’Iran veut montrer qu’il a le pouvoir de faire basculer le Moyen-Orient dans l’instabilité pour inverser le rapport de force avec les États-Unis. » Cette nouvelle stratégie s’avère efficace, semble-t-il. Si, en effet, Donald

Trump se refuse toujours à lever l’embargo, la pression internationale mise sur lui pour qu’il le fasse a grandement augmenté.


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commentaires (3)

hahahaha....Ils n' ont pas gouté à la technologie americaine encore..!

LeRougeEtLeNoir

10 h 58, le 08 octobre 2019

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Commentaires (3)

  • hahahaha....Ils n' ont pas gouté à la technologie americaine encore..!

    LeRougeEtLeNoir

    10 h 58, le 08 octobre 2019

  • DES FANFARONNADES ET DES INEPTIES FANATIQUES ET RACISTES. MAIS LA BLAGUE SERA QUAND LE PRETENDU ARROSEUR SERA ARROSÉ ! HOUNALIKA AL BOUKAOU WA SARIROU AL ASNANI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    01 h 14, le 08 octobre 2019

  • Sous le Shah l Iran etait un grand allie d Israel....avec les mollahs,seule la rethorique change mais pas le fond...les perses se moquent des peuples arabes et les utilisent comme chair a canon pour servir leurs interets imperialistes.

    HABIBI FRANCAIS

    00 h 57, le 08 octobre 2019

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