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À La Une - contestation

Des attaques contre des médias en Irak suscitent l'inquiétude

Locaux saccagés, transmission coupée et journalistes menacés : plusieurs télévisions ont raconté comment des hommes armés et masqués s'en étaient pris à elles au beau milieu de la nuit, en raison disent-elles de leur couverture des manifestations.

Un manifestant irakien brandissant un drapeau, le 5 octobre 2019, à Bagdad. Photo AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Après une série de menaces et d'attaques contre des médias en Irak, l'ONU et des défenseurs de la liberté de la presse ont appelé les autorités à empêcher que ne soient "réduits au silence" les journalistes couvrant la vague de contestation.

Locaux saccagés, transmission coupée et journalistes menacés: plusieurs télévisions ont raconté comment des hommes armés et masqués s'en étaient pris à elles au beau milieu de la nuit, en raison disent-elles de leur couverture des manifestations au cours desquelles une centaine de personnes ont été tuées depuis mardi. Les médias attaqués ont affirmé ignorer qui étaient ces assaillants. Aucune de ces attaques n'a visé des médias internationaux dont certains ont pris des mesures pour assurer la sécurité de leurs équipes.

Avant ces attaques pendant le week-end, internet a été progressivement coupé à Bagdad et dans l'ensemble du sud du pays gagné par la contestation. Cette déconnexion se poursuit lundi alors même que, selon l'ONG spécialisée dans la cybersécurité NetBlocks, "les Irakiens ont le plus besoin de faire entendre leur voix".

Samedi soir, les chaînes en langue arabe privées irakiennes NRT TV et Al-Dijla, ainsi que la télévision saoudienne Al-Arabiya, ont annoncé dans des communiqués que leurs locaux à Bagdad avaient été attaqués.


(Lire aussi : Contestation en Irak : l'armée admet un "usage excessif" de la force)



"Intimidation" 
NRT TV, basée au Kurdistan (nord), a raconté que "des hommes armés" avaient détruit "la plupart de ses équipements, interrompant temporairement la diffusion".

"Les téléphones portables de certains employés ont été confisqués", ajoute le texte en précisant que les assaillants arrivés à bords d'imposants véhicules s'en étaient également pris à des policiers postés dans le quartier.

Al-Arabiya a de son côté diffusé ses images de vidéosurveillance. On y voit une dizaine d'hommes casqués et revêtus de gilets pare-balles entrer dans ses bureaux à Bagdad, jeter des écrans d'ordinateur à terre et fouiller les tiroirs. Al-Arabiya a indiqué avoir obtenu des "assurances" du bureau du Premier ministre Adel Abdel Mahdi que cette attaque ferait l'objet d'une enquête.

Lundi soir, le président irakien Barham Saleh a dénoncé des attaques "inacceptables", après que le Conseil suprême de la magistrature a réclamé "des mesures judiciaires contre ceux qui ont attaqué des chaînes de télévision".

La représentante de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, s'est dite "choquée par ces actes de vandalisme et d'intimidation", réclamant "des efforts du gouvernement pour protéger les journalistes". "Des médias libres sont le meilleur rempart pour une démocratie forte".

Le chef de l'Observatoire de la liberté de la presse irakien, Ziad al-Ajili, a lui dit observer pour la première fois une telle tentative de "terroriser" les médias. "Nous nous attendons à plus d'attaques", a-t-il assuré à l'AFP car "c'est une opération organisée et planifiée pour faire taire les médias".



(Lire aussi : « Qu’ils aillent faire leur guerre ailleurs ! »)



Militants menacés 
Une source au sein des services de sécurité a affirmé à l'AFP qu'une autre chaîne privée irakienne à Bagdad, Al-Nahrein, avait également subi une attaque durant laquelle ses équipements avaient été détruits.

Les chaînes privées locales Houna Baghdad et Al-Rasheed ont fait état de menaces, avant que la seconde ne disparaisse des écrans après avoir consacré la majeure partie de son antenne à la couverture des manifestations réclamant emplois et services, déclenchées le 1er octobre. "Nous avons reçu des menaces directes", a déclaré à l'AFP un journaliste d'Al-Rasheed, sous le couvert de l'anonymat. "On nous a dit: 'soit vous changez de ligne éditoriale soit vous connaîtrez le même sort que NRT et les autres', donc nous avons préféré interrompre la diffusion".

Avant même ces attaques, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait tiré la sonnette d'alarme, accusant les forces de l'ordre d'avoir arrêté, molesté ou intimidé les journalistes de 14 médias lors de leur couverture des manifestations.

"Au lieu de bannir toutes les activités journalistiques, les forces de sécurité et les autorités ont le devoir de garantir la sécurité des journalistes pour qu'ils puissent couvrir les événements", avait déclaré Sabrina Bennoui, en charge du Moyen-Orient au sein de RSF.

Des blogueurs et des militants ont également rapporté avoir reçu des messages et des appels téléphoniques les menaçant, ainsi que leurs familles, en raison des informations, images et vidéos qu'ils diffusaient sur les manifestations.


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