Devant les juges du Tribunal spécial pour le Liban, à La Haye, une maquette du quartier de Beyrouth où fut assassiné, le 14 février 2005, Rafic Hariri. Archives AFP
Il y a un peu plus d’un an, se tenaient, à la mi-septembre, les audiences finales du procès de l’assassinat, en février 2005, de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et de 21 autres victimes, devant la chambre de première instance du Tribunal spécial pour le Liban, contre quatre accusés affiliés au Hezbollah jugés in absentia.
Depuis quelques semaines, la date du verdict fait l’objet de spéculations qui convergent sur le mois d’octobre comme limite de l’échéance. Selon une source indépendante qui s’est confiée à L’OLJ, la date butoir serait le 14 octobre. Mais la porte-parole du TSL, Wajed Ramadan, écarte cette hypothèse. « Une fois que la chambre de première instance du TSL, qui est toujours en délibéré, aura atteint et rédigé son verdict, elle émettra une ordonnance fixant la date du prononcé du jugement. Le TSL informera en conséquence les médias et le public du calendrier de l’audience », explique-t-elle. L’ordonnance en question n’a toujours pas été émise, ni les familles des victimes notifiées du prononcé du verdict.
Mais même si aucune date officielle n’est avancée, tout porte à croire que le mois d’octobre sera « décisif », selon une source politique souverainiste. Le prononcé du verdict serait même « imminent », d’après une source juridique libanaise indépendante.
Les milieux politiques libanais sont déjà au stade de l’évaluation des répercussions politiques du verdict sur la position du Premier ministre, Saad Hariri, lié par un compromis politique avec le Hezbollah, dont la responsabilité est en principe engagée indirectement dans l’assassinat de son père. Dans sa plaidoirie finale, l’accusation avait situé d’une manière inédite les motifs politiques des accusés dans le cadre de leur appartenance au Hezbollah, de sorte à pointer indirectement la responsabilité de ce dernier, même si le droit international ne sanctionne pas en principe la responsabilité pénale d’organisations ou d’États. La démarche du procureur consiste à lier les actes des accusés à leur appartenance au Hezbollah. Le fait que l’un d’eux ait été célébré en héros par le secrétaire général du parti chiite est utilisé par l’accusation comme preuve supplémentaire des motifs politiques de l’attentat, pris en outre dans le contexte de la mainmise syrienne au Liban à l’époque.
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« Preuves irréfutables »
« Certains groupes, dont le Hezbollah, étaient alignés sur Damas et avaient intérêt à maintenir le statu quo », que les développements antérieurs à l’assassinat de Rafic Hariri ont menacé, selon le mémoire de clôture de l’accusation.
Cette démarche qui met en cause le Hezbollah est reprise dans le nouvel acte d’accusation qui vient d’être confirmé en septembre dernier contre Salim Jamil Ayache (également accusé dans le procès Hariri) pour les attentats perpétrés contre Marwan Hamadé, Georges Haoui et Élias Murr les 1er octobre 2004, 21 juin 2005 et 12 juillet 2005, des affaires considérées comme connexes de l’affaire Hariri. « L’acte d’accusation contient des preuves irréfutables qui n’admettent aucun doute sur un lien entre l’accusé et le commandement du Hezbollah, dont des membres sont nommément désignés », confie la source politique indépendante. D’ailleurs, les enquêteurs et les responsables du département sécuritaire au sein du TSL se sont manifestés au cours des dernières semaines à Beyrouth après la publication du nouvel acte d’accusation…
Dans ce contexte, le Premier ministre Saad Hariri maintiendra-t-il la priorité à la stabilité, qu’il avait défendue dès l’ouverture du procès en janvier 2014, ou trouvera-t-il dans la date butoir du verdict – indépendamment de son caractère exécutoire – l’occasion de faire face aux difficultés du gouvernement et de se libérer de l’emprise du Hezbollah, s’interrogent des milieux souverainistes.
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commentaires (8)
Admettons que Saad Hariri accepte de gouverner avec les assassins de son père, les Libanais accepteront ils que ces mêmes assassins fassent partie de leurs gouvernants? Au nom de quoi? De quelle union nationale parle-t-on? David contre Goliath? Ou pot de fer contre pot de terre puisqu'ils sont les seuls à être lourdement armés et pour cette seule raison ils roulent les mécaniques et imposent leur loi. Seuls les timbrés croient que ces gents là oeuvrent pour le bien de notre pays.
Sissi zayyat
16 h 40, le 03 octobre 2019