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Le nerf de la guerre

On l’attendait sur le terrain militaire… Il s’est manifesté dans un tout autre domaine, complémentaire à celui des représailles d’ordre sécuritaire. Le président Donald Trump a choisi de s’en prendre au nerf de la guerre. En décidant d’imposer de lourdes sanctions économiques à la Banque centrale et au fonds souverain de Téhéran, le chef de la Maison-Blanche a frappé là où ça fait sans doute le plus mal. Ces deux instances iraniennes ont été présentées comme les courroies de transmission permettant d’assurer les dernières – ou parmi les dernières – sources de financement des gardiens de la révolution iranienne.

Est-il besoin de rappeler pour l’occasion qu’à la fin des années 80 du siècle dernier, l’empire soviétique, avec toute sa puissance tentaculaire s’étendant jusqu’à l’est de l’Europe et dans d’autres régions stratégiques de la planète, s’est effondré comme un château de cartes en raison de la crise économique aiguë à laquelle il était confronté du fait de la politique du président Roland Reagan ? L’arme économique est parfois d’une efficacité redoutable. Les dirigeants iraniens sont bien placés pour le savoir.

À en juger par les apparences – en l’absence d’informations puisées auprès des cercles restreints de la Maison-Blanche (ce que l’on désignerait en anglais par les inside information) –, le président Trump paraît avoir bien calculé son coup, en guise de représailles à la double agression contre les installations pétrolières saoudiennes. Une attaque militaire ponctuelle, aussi vaste soit-elle, aurait sans doute porté préjudice (un préjudice plus ou moins grave) aux infrastructures iraniennes. Mais elle n’aurait pas réglé le problème à la base. Bien au contraire : à ce jeu, ce sont les gardiens de la révolution qui sortent gagnants. Leur oxygène à eux, ce qui les fait vivre, leur fonds de commerce, c’est précisément le climat conflictuel, une situation de guerre, de confrontation, permanente et chronique.

Dans le bras de fer avec les pasdaran, il ne saurait y avoir de demi-mesure. À défaut de défaite militaire totale et fulgurante, c’est sur un autre terrain qu’ils devraient être combattus. C’est en tarissant de manière sérieuse et radicale leurs sources de financement qu’il serait possible de les contraindre à mettre un terme à leur aventure guerrière, menée sous le slogan de l’exportation de la révolution islamique. Et sur ce plan, toute tentative, notamment européenne, de leur donner une bouffée d’oxygène en court-circuitant ou en allégeant l’effet des sanctions économiques reviendrait à leur permettre de reprendre leur souffle pour mieux poursuivre leur politique expansionniste et déstabilisatrice dans plusieurs pays de la région.

Dans le contexte présent, un brin de discernement s’impose toutefois. La source du mal n’est pas l’Iran en tant que nation et en tant que peuple fier, mais le puissant appareil militaro-politico-économique que constituent les gardiens de la révolution et qui représente un État parallèle à l’État central iranien. C’est cet appareil autonome (auquel Barack Obama avait donné carte blanche) qui s’emploie depuis plusieurs années à implanter des cellules subversives un peu partout au Moyen-Orient, à créer des milices-satellites, à noyauter les milieux politiques locaux et les cercles du pouvoir dans le but d’imposer son diktat, manu militari, en s’appuyant sur une doctrine théocratique.

Les dirigeants américains l’ont souligné à maintes reprises : l’objectif recherché n’est pas de renverser le régime à Téhéran, mais de contraindre la République islamique (entendre les pasdaran) à changer de comportement en mettant fin à son expansionnisme dans la région. Et la guerre économique est la voie privilégiée pour atteindre ce but. Mais un tel jeu n’est nullement à l’abri d’un rapide et grave dérapage. Car s’ils se retrouvent totalement étranglés économiquement, les pasdaran risquent fort bien de se lancer dans une fuite en avant en lançant des attaques destructrices de grande envergure ou en enjoignant à leurs instruments locaux de jouer la carte du chaos pour tenter de desserrer l’étau imposé au régime des mollahs.

S’attaquer au nerf de la guerre ? Certes… Mais le facteur « temps » est dans ce contexte déterminant. Car une course contre la montre est engagée entre les effets de la guerre économique, d’une part, et d’autre part les risques de fuite en avant ou les tentatives de court-circuiter les sanctions en misant sur les pays réputés pour leur attitude tiède dans le conflit actuel.

Un confrère de la presse française soulignait le week-end dernier, dans un article à l’adresse du président Trump, que même l’Empire romain n’avait pas réussi à conquérir la Perse. À l’évidence… Sauf que l’enjeu aujourd’hui n’est nullement d’occuper la Perse, mais simplement de mettre fin aux visées hégémoniques et à l’aventure guerrière, sans horizons, des pasdaran et de leurs instruments locaux un peu partout au Moyen-Orient.

On l’attendait sur le terrain militaire… Il s’est manifesté dans un tout autre domaine, complémentaire à celui des représailles d’ordre sécuritaire. Le président Donald Trump a choisi de s’en prendre au nerf de la guerre. En décidant d’imposer de lourdes sanctions économiques à la Banque centrale et au fonds souverain de Téhéran, le chef de la Maison-Blanche a frappé là...

commentaires (3)

Un parfait exemple d'article à placarder sur le mur du çon du " wishfull thinking" . Pensez vous que l'Iran NPR a attendu les sanctions depuis 45 ans , les bras croisés pour que les suivantes des suivantes lui fassent encore plus mal ? N'avez vous pas constaté qu'à chaque batterie de sanctions suivaient des représailles encore plus performantes ? L'empire soviétique s'est écroulé , vous dîtes , mais il est encore plus fort aujourd'hui travers le "come back" Russe . Une remarque à laquelle vous semblez ne pas faire attention , les banques centrales de 4 pays au monde sont hors de portée du groupe Bilderberg affilié au système bancaire des Rothschild , la Corée du Nord , Cuba , l"Algérie et bien sûr l'Iran . Pour la Chine je ne me souviens plus trop . Etrange non ?

FRIK-A-FRAK

11 h 21, le 24 septembre 2019

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Commentaires (3)

  • Un parfait exemple d'article à placarder sur le mur du çon du " wishfull thinking" . Pensez vous que l'Iran NPR a attendu les sanctions depuis 45 ans , les bras croisés pour que les suivantes des suivantes lui fassent encore plus mal ? N'avez vous pas constaté qu'à chaque batterie de sanctions suivaient des représailles encore plus performantes ? L'empire soviétique s'est écroulé , vous dîtes , mais il est encore plus fort aujourd'hui travers le "come back" Russe . Une remarque à laquelle vous semblez ne pas faire attention , les banques centrales de 4 pays au monde sont hors de portée du groupe Bilderberg affilié au système bancaire des Rothschild , la Corée du Nord , Cuba , l"Algérie et bien sûr l'Iran . Pour la Chine je ne me souviens plus trop . Etrange non ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 21, le 24 septembre 2019

  • La Russie en sortira gagnante quoiqu'on fasse . C'est elle qui mènera le jeu toute seule dans notre Moyen-Orient .

    Chucri Abboud

    10 h 23, le 24 septembre 2019

  • A CETTE ARME DES SANCTIONS ECONOMIQUES ET FINANCIERES DEVRAIENT SE JOINDRE LES EUROPEENS POUR ARRETER LES PROVOCATIONS PERSIQUES EN LA RENDANT PLUS REDOUTABLE ET PLUS EFFICACE ET POUR RAMENER AU PLUS VITE LA SECURITE ET LA PAIX A TOUTE LA REGION DU M.O.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 52, le 24 septembre 2019

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