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Économie - Sanctions

Billingslea : C’est Nasrallah qui affecte négativement le secteur bancaire libanais

Le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la lutte contre le financement du terrorisme affirme que les États-Unis n’ont pas l’intention « à ce stade » de sanctionner davantage le secteur bancaire libanais.

Le Premier ministre, Saad Hariri (à droite), et le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la lutte contre le financement du terrorisme, Marshall Billingslea, hier au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

À Beyrouth depuis dimanche pour une visite officielle, le secrétaire adjoint américain au Trésor pour la lutte contre le financement du terrorisme, Marshall Billingslea, a livré hier ses commentaires sur plusieurs dossiers d’actualité impliquant le Liban et son secteur bancaire, à l’occasion d’un point presse organisé avec des journalistes à l’ambassade des États-Unis à Aoukar (Metn).

Rappelant être venu à Beyrouth pour s’entretenir avec plusieurs dirigeants libanais, dont le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, et le conseil d’administration de l’Association des banques du Liban (ABL), le responsable est notamment revenu sur les récentes sanctions prononcées fin août à l’encontre de la petite banque libanaise Jammal Trust Bank (JTB). « Nous choisissons nos actions avec beaucoup de précautions (…). Je pense et je l’ai dit publiquement que la direction de JTB a menti à la BDL (et) a violé la réglementation libanaise en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme (…). Il est scandaleux que JTB viole la confiance de tant de titulaires de comptes », a notamment assuré M. Billingslea.

« Malfrat »

Rapportant les grandes lignes de ses discussions avec les représentants de l’ABL, le responsable a notamment reproché à la direction de JTB d’avoir « traité avec le député Amine Cherri (le responsable de l’appareil sécuritaire du Hezbollah, NDLR), que (les États-Unis) ont sanctionné pour son rôle d’intimidation et de menace de l’intégrité physique de plusieurs banquiers et leurs famille ». Il a qualifié M. Cherri de « malfrat ».

Accusée par l’OFAC (organisme de contrôle financier, dépendant du département du Trésor des États-Unis) de fournir des services financiers au conseil exécutif du Hezbollah et à la Fondation des martyrs, basée en Iran, JTB a été, depuis, placée sous le contrôle de la BDL qui a donné, il y a une semaine, son feu vert à sa liquidation.

Selon plusieurs sources concordantes, la procédure doit en principe être pilotée par un des vice-gouverneurs de la Banque centrale, Mahmoud Baassiri. « Il est important que le processus de liquidation de la banque avance vite pour que l’argent des gens innocents leur soit restitué et que les fonds du Hezbollah restent gelés. Tout comme il est important de décider quelles peines vont sanctionner cette violation aux niveaux civil et pénal » a-t-il exposé.

Interrogé sur les rumeurs – rejetées par l’ABL à plusieurs reprises ces dernières semaines – indiquant que d’autres établissements libanais pourraient être ciblés par des sanctions américaines, M. Billingslea a assuré qu’il n’était « pas venu au Liban avec une liste de banques » à sanctionner.

« Il n’y a pas d’intention à ce stade de cibler des banques libanaises, a développé le responsable. Mais je ne vais pas parler de nos actions à venir, nous n’en parlons jamais (…) Aux États-Unis, on dit : “En ce monde, rien n’est certain à part la mort et les impôts.” »

Concernant l’impact négatif des sanctions sur le secteur bancaire libanais, M. Billingslea a estimé qu’elles endommageaient surtout la « réputation » du secteur bancaire du pays. « Soyons très clairs, la personne qui affecte négativement le secteur bancaire libanais est (le secrétaire général du Hezbollah, NDLR) Hassan Nasrallah, en tentant d’exécuter des transactions en utilisant les banques (du pays). Il doit rester éloigné du secteur financier libanais. (…) Les États-Unis soutiennent la souveraineté et l’intégrité du Liban (…) mais quand nous trouvons (des membres) du Hezbollah dans des banques, nous ne pouvons pas permettre que cette situation dure et nous devons prendre des mesures », a-t-il insisté.



(Lire aussi : Billingslea à Beyrouth : Washington sanctionnera toute entité fournissant une aide "matérielle" au Hezbollah)



Récompense de 10 millions de dollars

M. Billingslea a en outre insisté sur le fait que les États-Unis entretenaient de très bonnes relations avec les dirigeants des banques libanaises, y compris celles qui sont dirigées par des musulmans chiites, et que le pays restait un bon élève en matière de respect de la réglementation bancaire mondiale.

« Nous ne sommes pas là pour cibler les chiites, mais nous nous en prendrons à toutes les personnes qui aident le Hezbollah, peu importe leur appartenance religieuse ou politique », a-t-il martelé.

Selon les propos d’une source présente lors des réunions de M. Billingslea avec le président du Parlement libanais, Nabih Berry, à Aïn el-Tiné, et le Premier ministre, Saad Hariri, au Grand Sérail, et citée par l’AFP, le responsable américain a affirmé que l’administration de son pays prévoyait de sanctionner toute partie apportant un soutien « matériel » au parti chiite, « qu’il s’agisse d’armes ou d’argent ».

M. Billingslea a également souligné la nécessité pour les banques libanaises de se conformer à la réglementation en matière de lutte contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notant qu’il s’agissait du meilleur moyen pour le pays de regagner la confiance des investisseurs étrangers à un moment où sa situation financière est fragilisée par une conjoncture défavorable.

« Nous savons que nous ne pouvons pas réclamer 100 % de résultats, mais nous demandons 100 % d’engagement à arrêter tout type (d’infraction) dès qu’elle est détectée », a-t-il poursuivi, appelant les banques à ajuster leurs procédures en fonction de leur « profil de risque » et leur voilure sur le plan financier.

Le responsable américain a ensuite réaffirmé que les États-Unis sont déterminés à assécher les financements du Hezbollah qui est, selon lui, de plus en plus sous pression au niveau financier, tout comme la République islamique d’Iran. Il a en outre assuré que le gouvernement américain était prêt à payer « jusqu’à 10 millions de dollars à toute personne pouvant fournir toute information (vérifiée, NDLR) qui soit susceptible de permettre d’interrompre les financements du Hezbollah ».


(Lire aussi : « Les sanctions US frapperont aussi les alliés du Hezbollah »)


La circulation du billet vert

M. Billingslea a encore indiqué qu’il avait abordé avec ses interlocuteurs les récentes avancées dans le processus d’élaboration du budget pour 2020, avec l’examen de l’avant-projet qui a démarré la semaine dernière en Conseil des ministres, et s’est poursuivi hier (voir par ailleurs). Confirmant l’importance de ce texte dans le cadre des efforts promis par les dirigeants libanais à leurs soutiens présents lors de la conférence de Paris d’avril 2018 (la CEDRE), le responsable a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur la lutte contre la corruption et de permettre au gouvernement d’assurer le contrôle du port et de l’aéroport – où le Hezbollah est réputé être implanté. Il a également cité l’arrêt des « importations de médicaments iraniens » comme une des priorités.

Il a enfin écarté tout lien entre la pression américaine sur le Hezbollah et la décision de la BDL de limiter la circulation du dollar sur le marché, estimant que les mesures prise par la BDL pour stabiliser la situation financières du pays étaient « bonnes ».




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commentaires (4)

on ne peut pas dire que nous n'avons pas ete prevenu meme Macron s'est mis de la partie dans ses discussions avec Harriri et Aoun recement

LA VERITE

16 h 12, le 24 septembre 2019

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Commentaires (4)

  • on ne peut pas dire que nous n'avons pas ete prevenu meme Macron s'est mis de la partie dans ses discussions avec Harriri et Aoun recement

    LA VERITE

    16 h 12, le 24 septembre 2019

  • Quand on ne peut plus re$$$pirer, on crève inévitablement.

    Remy Martin

    13 h 20, le 24 septembre 2019

  • Ma seule question c'est lui le red neck , il part quand et quand est ce que le prochain arrive ?

    FRIK-A-FRAK

    11 h 33, le 24 septembre 2019

  • N,ONT PAS L,INTENTION DE SANCTIONNER -A CE STAGE- DAVANTAGE LE SECTEUR BANCAIRE. C,EST QUE D,AUTRES SANCTIONS CONTRE D,AUTRES BANQUES SONT PREVUES MAIS PAS POUR LE MOMENT. LE CHANTAGE DES UNS ET LES INTERVENTIONS DES AUTRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 17, le 24 septembre 2019

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