Le gouverneur de la Banque centrale libanaise (BDL), Riad Salamé. Photo Ani
Le gouverneur de la Banque centrale libanaise (BDL), Riad Salamé, a affirmé lundi que le Liban ne souffrait pas d'une pénurie de dollars, ajoutant que les banques du pays peuvent "répondre aux besoins de leurs clients dans cette devise". Ces propos interviennent alors que certains clients de banques libanaises ont affirmé ne pas avoir pu retirer de dollars dans plusieurs distributeurs automatiques de billets de la capitale au cours du week-end.
"Les dollars existent en suffisance et tout ce qui a été dit dans les médias a été exagéré à des fins spécifiques", a affirmé M. Salamé lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre de l'Industrie, Waël Bou Faour. "Les banques peuvent répondre aux besoins des clients" en ce qui concerne les dollars et "le secteur bancaire dispose de liquidités suffisantes" dans cette devise, a-t-il ajouté, précisant que les avoirs de la BDL en dollars "dépassent les 38 milliards" et qu'il y a aucun besoin de prendre une quelconque mesure. Et de poursuivre : "Les mesures prises par certaines banques concernant les retraits aux distributeurs automatiques sont liées aux politiques internes de chaque établissement".
L’économie libanaise est dollarisée et le taux de change entre la livre et le dollar est fixé par la BDL depuis 1997 (1507,5 livres pour un dollar). Mais les pressions sur la stabilité financière du pays se sont accélérées depuis la crise de novembre 2017, marquée par la démission du Premier ministre Saad Hariri, qui avait été retenu plusieurs semaines à Riyad sur fond de tensions entre le royaume wahhabite et l’Iran. Une situation qui oblige la BDL à limiter la circulation de devises sur le marché pour maintenir le niveau de ses réserves et la croissance des dépôts bancaires, et ainsi être capable de continuer à gérer l’endettement public, la dollarisation de l’économie et le taux de change fixe.
Contactées par L’Orient-Le Jour, plusieurs sources bancaires ont dans ce contexte reconnu avoir limité depuis plusieurs semaines les plafonds et conditions de retraits de billets verts que ce soit via les DAB ou les guichets, s’il s’agit de comptes en livres libanaises ou de comptes bloqués en dollars. Ces sources ont évoqué une volonté, imposée par la BDL dans un contexte de situation financière fragile, de limiter autant que possible la circulation de devises lorsqu’elle semble inutile ou suspecte.
"Bonnes relations avec le Trésor" US
Par ailleurs, le gouverneur de la BDL a estimé que la visite à Beyrouth du secrétaire adjoint américain au Trésor pour la lutte contre le financement du terrorisme, Marshall Billingslea, n'a pas pour but de "resserrer l'étau sur les banques, mais d'expliquer les raisons pour lesquelles le Trésor américain prend certaines mesures". "Il est très important que nous ayons de bonnes relations avec le Trésor US", a-t-il affirmé.
Plus tôt dans la journée, M. Billingslea a été reçu à Aïn el-Tiné par le président du Parlement libanais, Nabih Berry, puis au Grand sérail par le Premier ministre, Saad Hariri. Lors de ses entretiens, il a prévenu que les Etats-Unis allaient sanctionner toute partie apportant un soutien "matériel" au Hezbollah, selon selon une source libanaise proche du dossier à l'AFP.
Fin août, Washignton avait annoncé des sanctions contre la banque libanaise Jammal Trust Bank accusée de faciliter les opérations financières du Hezbollah. La semaine dernière, la JTB avait annoncé son auto-liquidation.
Lors de la conférence de presse avec M. Bou Faour, M. Salamé a par ailleurs annoncé le relèvement du plafond des prêts accordés au développement de projets industriels, de 3 à 5 millions de dollars. Il a précisé que ces prêts allaient permettre de "créer plus d'opportunités d'emplois dans le secteur industriel". Le ministre de l'Industrie a pour sa part déclaré que cette décision de la BDL constitue "un soutien au plan de développement" du secteur, qui va permettre de "relancer l'économie" du pays. Le président de l'Association des industriels libanais, Fady Gemayel, a de son côté salué le gouvernement libanais qui "prend toutes les mesures nécessaires pour empêcher le dumping" et les nouvelles mesures prises par M. Bou Faour pour "permettre aux sociétés de stimuler leurs exportations".
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M. le Gouverneur Merci de dire aux libanais la vérité au lieu de les hypnotiser...Nous sommes commerçants et nous n'arrivons plus à avoir des devises de nos clients parceque leurs banques ne leur vendent pas des dollars .Alors nous sommes obligés d'accepter qu'ils nous paient en livres libanaises ..Malheureusement , notre banque aussi refuse de convertir les LL en devises !Alors comment faire pour payer nos fournisseurs ??Nous allons à la télé ou àla Banque Centrale ?? Les libanais vous ont toujours cru mais maintenant ils commencent à douter de votre parole.
11 h 27, le 24 septembre 2019