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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Les milices chiites en Irak : une force de dissuasion quasi iranienne

Les analystes s’accordent à dire que le pouvoir de ces éléments armés s’est accru en raison de l’affaiblissement du gouvernement irakien et de la corruption.

Les forces irakiennes, appuyées par les forces paramilitaires du Hachd al-Chaabi, avançant dans la province de Salaheddine, le 24 novembre 2017. Ahmad al-Rubaye/Archives AFP

L’Irak a-t-il été la plate-forme de lancement de l’attaque, samedi, contre deux des plus importantes installations pétrolières saoudiennes ? Si l’origine des tirs, revendiqués par les houthis yéménites, n’est toujours pas claire – Washington pointant l’Iran du doigt, alors qu’hier soir, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdel Aziz ben Salmane, déclarait que son pays « ne sait pas qui est derrière » ces attaques –, une des thèses avancées est celle d’un lancement à partir de l’Irak. Le territoire irakien a récemment subi plusieurs attaques directes de la part de l’aviation israélienne. La dernière en date a eu lieu le 20 août, lorsque l’État hébreu avait mené au moins une frappe aérienne visant « un dépôt d’armes » qui, selon des responsables cités par le New York Times à ce moment-là, « serait utilisé par l’Iran pour acheminer des armes en Syrie ». Israël élargissait alors officiellement son champ d’action contre l’Iran, au-delà de la Syrie où des opérations israéliennes contre des bases ou combattants iraniens, ou dépendants de l’Iran, avaient été recensées.

L’Irak est ainsi devenu une « base avancée » de l’Iran afin de lui permettre de mener des attaques dans la région. Les milices pro-iraniennes qui y sont présentes – aux côtés du corps des gardiens de la révolution (pasdaran) – ont acquis un poids conséquent jusqu’à devenir l’un des piliers stratégiques régionaux de la République islamique, tant du point de vue militaire que politique.

Analystes et experts de la question sont d’accord pour dire que ce poids trouve principalement ses origines dans la faiblesse du gouvernement irakien, mais aussi dans la corruption endémique qui sévit dans le pays. « Les milices n’ont pas beaucoup d’argent, pas beaucoup d’armes, pas beaucoup d’entraînement, mais elles reçoivent un soutien financier, politique et militaire de la part de l’Iran mais aussi par le réseau de corruption en place », explique à L’Orient-Le jour Michael Knights, spécialiste des questions militaires et sécuritaires en Irak, en Iran et dans les États du Golfe au Washington Institute. Il ajoute que si ces milices peuvent sembler faibles militairement, elles apparaissent plus fortes comparées au gouvernement irakien faible et corrompu. « Les milices perçoivent parfois l’Iran comme un protecteur de l’État irakien », ajoute de son côté Renad Mansour, spécialiste de l’Irak au Think Tank Chatham House, expliquant par exemple que « l’Iran a été vu comme le premier acteur de la défense de l’Irak lors de “l’éveil” du groupe État islamique dans le pays en 2014 en leur fournissant un soutien actif ».


(Pour mémoire : Le Premier ministre irakien espère intégrer pour de bon les milices chiites pro-Téhéran)


Légitimité

« Lors de la mobilisation pour la lutte contre l’EI, beaucoup d’Irakiens, venant en particulier du Sud, avaient rejoint les groupes paramilitaires pro-iraniens plutôt que les forces régulières de sécurité en raison des échecs cuisants qu’elles avaient subis auparavant », rappelle M. Mansour. « Ces groupes étaient dès lors perçus comme étant plus efficaces pour défendre le pays et leurs victoires contre les jihadistes de l’EI leur ont donné une légitimité et un poids. » Ce poids est non seulement militaire, mais aussi politique. En témoigne leur arrivée en deuxième position lors des élections législatives de mai 2018, derrière le leader religieux chiite Moqtada Sadr.

Une grande partie de ces groupes paramilitaires pro-iraniens sont rassemblés au sein des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) « qui comptent près de 63 000 membres », selon M. Knights. Il existe aussi « d’autres milices pro-iraniennes, comme l’organisation Badr dont on ne connaît pas vraiment les effectifs, mais dont on sait que certains sont intégrés dans les forces de sécurité irakiennes (armée et services de renseignements) et aussi dans le Hachd al-Chaabi », ajoute-t-il. Selon un article du Washington Institute publié en août dernier, chaque milice aurait une zone d’opération particulière. Le Hachd al-Chaabi serait principalement actif dans l’Ouest et le Nord irakiens – le long de la frontière avec la Syrie – mais aussi dans le centre et l’est du pays, tandis que la milice Badr opérerait dans les territoires situés au nord et l’est de Bagdad. Parmi les plus radicales de ces milices pro-iraniennes, on retrouve par exemple la Harakat Hezbollah al-Noujaba (HHN), qui est un petit groupe, mais qui « est le plus radical et fera tout ce que l’Iran lui demande comme attaquer les bases américaines, le Golan ou encore Israël », explique M. Knights, ajoutant que le groupe Kataëb Hezbollah est aussi radical et (encore) plus puissant que HHN. Concernant leurs arsenaux militaires, « les milices ont, par exemple, accès à des drones, mais elles servent davantage d’hôtes pour les forces iraniennes en Irak. Elles leur donnent des bases et ont plutôt un rôle d’assistant dans la chaîne logistique iranienne », explique M. Knights.


(Lire aussi : L’alliance américano-saoudienne dans la tourmente)


Plusieurs fronts

Ces milices semblent toutefois, selon les analystes, soumises à un certain « contrôle » de la part de la République islamique. « Les pasdaran aiment avoir une multitude de groupes ou de suppléants en Irak », poursuit Michael Knights, expliquant cependant que « lorsqu’un groupe devient trop puissant, comme l’organisation Badr ou le mouvement de Moqtada Sadr, l’Iran le casse pour pouvoir agir avec de plus petits groupes et des commandants individuels qui ont moins de ressources et sont dès lors plus dépendants de Téhéran ». Les liens entre les chefs de milices et l’Iran remontent d’ailleurs parfois à plusieurs années, voire à la fin de la guerre Iran-Irak (1980-1988). Mais aujourd’hui, « l’Iran achète leur loyauté », explique l’expert. Le pouvoir de ces milices ne se limite pas seulement à l’Irak. L’Iran compte sur une multitude d’autres groupes supplétifs dans la région qui représentent, en cas de guerre ouverte avec les États-Unis, un atout indispensable. Ils lui permettent d’activer plusieurs fronts à la fois – en Irak, en Syrie, au Yémen ou encore à Gaza – mais également de contrebalancer la faiblesse de son armée régulière (Artesh). L’armement conventionnel iranien n’égalant pas celui des Américains, Téhéran possède ainsi la capacité de répondre de manière asymétrique à une éventuelle attaque.



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commentaires (9)

IL EST ETONNANT DE CONSTATER COMMENT L,APPARTENANCE RELIGIEUSE JOUE DANS LES ACTES ET LES AVIS. LES MILICES CHIITES PARTOUT ET LEURS PARTISANS FANATISES.

MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

12 h 36, le 19 septembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • IL EST ETONNANT DE CONSTATER COMMENT L,APPARTENANCE RELIGIEUSE JOUE DANS LES ACTES ET LES AVIS. LES MILICES CHIITES PARTOUT ET LEURS PARTISANS FANATISES.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    12 h 36, le 19 septembre 2019

  • Si on a que des dictatures au moyen Orient et c'est le cas, et si on avait que ce choix , mon éducation me pousserai à " accepter " la dictature qui préserverait ma dignité d'homme au service de ma région, au point de manger des patates, à celle qui me vendrait à l'étranger pour le plaisir qu'auraient ces dictateurs locaux de se faire bien voir par leurs maitres étrangers . C'est comment on a été éduqué, ne jamais tourner en dérision la DIGNITÉ D'UN HOMME OU LA FIERTÉ DUN PEUPLE. CEUX QUI VOUS ACHÈTENT UN JOUR VOUS REVENDRONT UN AUTRE JOUR. À COUP SÛR.

    FRIK-A-FRAK

    23 h 35, le 18 septembre 2019

  • Quelle difference entre des autocrates/dictateurs qui font le sale boulot au nom de l'occident et ceux qui font le sale boulot au nom de leurs religion? mais RIEN PARDIS! si ce n'est l'illusion de se croire independant pendant que les peuples de tout bords meurent de faim. ya qu'a voir le PIB/habitant en Iran ($5,000) et sa se croit independants, victorieux et surtout surtout DIGNES! la blague du siecle. Certains devraient revoir leurs logique du monde. les pays occidentaux avancent. le Moyen Orient recule et est perpetuellement en guerre tout en mettant en cause les autres pour leurs propres malheur. la faute est peux être, peux être du coté de chez nous? pour soutenir bettement des pays etrangers a longueur de journée et rassemblement et autre. Mais on va encore entendre certains nous casser les oreilles en disant que l'Iran est different des autres. NON il ne l'est pas. il est exactement comme les autres. et ceux qui pensent autrement ne sont que des marionettes. et le resteront toutes leurs vies. Entre temps, la nouvelle generation (celle qui se ressemble dans tout les pays du monde) avance et vous balaiera d'un petit coup de balai. allez hope, le vent du changement est la. celui des progressistes et rien ne resistera.

    Thawra-LB

    18 h 23, le 18 septembre 2019

  • 4 pays cités qui ont un dénominateur commun , celui du refus de se laisser BERNER par les slogans fallacieux qui depuis des décennies, ont servi à maintenir d'autres dictateurs, les bensaouds , les égyptiens, les marocains , les golfettes arabiques etc.... rien que au moyen orient , faisons cadeau des autres continents , les maintenir en place parce que ces " dirigeants arabes " faisaient le sale boulot contre leurs peuples maintenus dans l'ignorance et LA FAIM FACE À CEUX QUI LES TORTURAIENT POUR LEURS COMPTES . EN EFFET TOUS LES DICTATEURS NE SONT PAS LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE. Toutes les têtes pensantes non plus .

    FRIK-A-FRAK

    16 h 46, le 18 septembre 2019

  • C’est quand meme surprenant de se mettre dans le meme panier que Cuba, le Venezuela, l’Iran et la Coree du Nord. 4 pays qui sont dirigés par des autocrates, dictateurs et autres forment d’extremisme qui n’ont pratiquement rien donner a l’evolution de l'humanité depuis leurs creations/independance. Malgré que leurs peuple soit grands. C’est tout aussi sureprenant de le faire avec conviction and with a straight face! Comme quoi quand on est a cote de la plaque, c’est toujours difficile de faire sa propre introspection mais c’est quand meme penible pour crux qui doivent subir des inepties pareille, day im and day out. Dites donc n’est cr pas les meme qui acclamait Trump et le Brexit en 2016 et Mme Le Pen en 2017?? Comme quoi faudrait peux etre retourner a l’ecole. Le manque d’education de reflètent a des kilomètres. CE NE SONT PAS DES AHURIS QUI REDRESSENT UN PAYS!

    Thawra-LB

    15 h 34, le 18 septembre 2019

  • De notre côté on devise sur l'économie et les peuples " miliciés " , les RÉSISTANTS POUR L'INSTANT progressent chaque jour sur le plan militaire technologique , au point où , pour cacher sa propre misère, on actionne ce genre d'arguments qui ne resista pas au temps , ni en Iran NPR, sous embargo depuis 45 ans , ni à Cuba depuis 60 ans , ni en CORÉE du Nord depuis 70 ans . Ni en Chine, ni en Russie, et pas au Venezualla en ce moment . LA SUFFISANCE NE RASSASI QUE CELUI QUI EN CONSOMME .

    FRIK-A-FRAK

    14 h 37, le 18 septembre 2019

  • C,EST L,IRAN QUI LES MANIPULE DONC QUI EN EST PREMIER RESPONSABLE DE LEURS ACTES.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    14 h 22, le 18 septembre 2019

  • Nous connaissons bien au Liban Nous avons la tête de cette milice qui combat partout. ce sont des excités de la gachette

    FAKHOURI

    13 h 49, le 18 septembre 2019

  • l'Iran est un nain économique et c'est ce qui compte au final. il sont tres loin de faire le poids. Comme quoi le modele de la "résistance" est voué a l'echec. le peuple il n'a que des besoins, s'i l'etat narrive pas a y remedier il est mort d'avance. Rien que cette semaine l'Iran a annoncé retirer les subventions pour 800,000 iotoyens iraniens (sur une population de plus de 80 millions, 78 millions font l'objet de subventions). On commence a voir les effets des sanctions maintenant. et ceux qui nous chantent les louanges de ce modeles, il leurs est conseillé retourner dormir ou plutot de prendre quelques cours d'economie cela leurs fera le plus grand bien et peux-etre arrêterons de nous les casser avec leurs modele extremiste, fanatique et arriéré DONT LE PEUPLE LIBANAIS, LE VRAI, NE VEUX PAS!

    Thawra-LB

    13 h 21, le 18 septembre 2019

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