Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammad ben Salmane. Reuters/Charles Platiau
C’est l’homme de la guerre au Yémen. Celui qui promettait d’incarner la nouvelle Arabie saoudite, celle qui voulait regarder son rival iranien droit dans les yeux et était en mesure de contrer ses projets expansionnistes. Le jeune dauphin saoudien, Mohammad ben Salmane s’est servi de l’opération saoudienne au Yémen en mars 2015 comme rampe de lancement sur la scène politique. Son ascension fulgurante s’est accompagnée d’une affirmation de la nouvelle politique de défense saoudienne, dans le prolongement de son intervention à Bahreïn en 2011 : Riyad n’hésite plus à utiliser ses muscles pour défendre ses positions et avancer ses pions.
« Nous n’attendrons pas que la bataille se passe en Arabie saoudite. Nous ferons en sorte qu’elle ait lieu en Iran », déclarait MBS dans une interview avec la chaîne américaine MBC en mars 2017 avant d’ajouter : « Nous pouvons en finir en quelques jours avec les houthis et Saleh » (en référence à l’intervention saoudienne au Yémen).
Plus de deux ans après, le bilan est amer. L’Arabie saoudite a été frappée samedi en plein cœur, alors que les Iraniens, malgré de nombreuses escalades avec les États-Unis, n’ont pas subi la moindre attaque (hors terrorisme) au cours de ces dernières années. Pire, ce sont des armes iraniennes, de l’aveu même de Riyad, qui ont touché les sites du géant pétrolier Aramco. Une attaque revendiquée par les houthis mais qui aurait plutôt été lancée depuis l’Irak, ou même depuis l’Iran selon de nombreux experts, ce qui met en exergue la vulnérabilité saoudienne et le renforcement des capacités offensives de Téhéran et de ses obligés au cours de ces dernières années.
Mohammad ben Salmane est mis en difficulté dans ce qui était censé constituer sa principale force : sa capacité à faire de l’Arabie saoudite, le pays ayant le troisième plus grand budget de défense au monde, une puissance militaire régionale capable de l’emporter face à son rival iranien. Non seulement Riyad n’a enregistré aucune victoire contre Téhéran depuis l’arrivée au pouvoir de MBS, mais il semble au contraire être dans une position de plus en plus fragile dans cette guerre froide qui se réchauffe sérieusement. Les Iraniens ont la capacité, via leurs alliés, de toucher le territoire saoudien tant depuis l’Irak que depuis le Yémen sans parler de leur pouvoir de déstabiliser les flux du marché pétrolier dans le détroit d’Ormuz. Le royaume de l’or noir est, dans une certaine mesure, encerclé par les Iraniens et leurs alliés.
Les Saoudiens font, pour leur part, face à un double échec : celui de leur guerre au Yémen et celui de leur alliance avec Donald Trump. Dans le premier cas, ils ne parviennent pas à venir à bout des houthis, qui ont multiplié les attaques contre le royaume au cours de ces derniers mois et qui ont manifestement renforcés leurs liens avec l’Iran depuis le début du conflit. La volonté de leur meilleur allié, les Émirats arabes unis, de se désengager du conflit yéménite tout comme les divergences entre les deux frères du Golfe sur la situation dans le Yémen du Sud ne font que compliquer la situation pour Riyad qui s’entête à poursuivre une guerre qu’il semble incapable de gagner.
Dans le second cas, l’Arabie saoudite semble avoir beaucoup trop misé sur le président américain Donald Trump, qui avait effectué sa première visite à l’étranger dans le royaume en accusant l’Iran d’être la principale « source de déstabilisation régionale ». Les Saoudiens attendaient quelque part de Donald Trump qu’il fasse le « travail à leur place », autrement dit qu’ils mettent Téhéran au pas. Si Washington mène effectivement une politique de pression maximale qui affaiblit sérieusement l’économie iranienne, le locataire de la Maison-Blanche ne veut clairement pas s’engager dans un nouveau conflit au Moyen-Orient. C’est pourtant de son action que dépendra la sécurité de Riyad et l’issue du bras de fer irano-saoudien.
C’est l’homme de la guerre au Yémen. Celui qui promettait d’incarner la nouvelle Arabie saoudite, celle qui voulait regarder son rival iranien droit dans les yeux et était en mesure de contrer ses projets expansionnistes. Le jeune dauphin saoudien, Mohammad ben Salmane s’est servi de l’opération saoudienne au Yémen en mars 2015 comme rampe de lancement sur la scène politique. Son...
commentaires (5)
Ne cherchons pas plus loin : Tout ceci a été soigneusement préparé , planifié et mis en exécution , à renforts de milliards de dollars , par l'équipe qui , du temps de George W Bush, a inventé , pour reposer les israéliens , la théorie du "Chaos Contrôlé" . Cette théorie fut bel et bien mise en exécution après la chute de Saddam , et depuis , d'autres président en avaient été informés , mais , s'étant agrippés à leur pouvoir , ont eu la pire des fins (Ben Ali, Kaddafi, Moubarak etc ) !
Chucri Abboud
15 h 21, le 18 septembre 2019