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Économie - Réformes

Au port de Beyrouth, Hariri promet d’en finir avec la contrebande

Le Premier ministre a annoncé une réunion la semaine prochaine sur le sujet.

Le Premier ministre Saad Hariri et Hassan Kraytem, qui dirige l’autorité portuaire GEBP, lors de la tournée d’inspection d’hier. Dalati et Nohra

Opération communication au lendemain du départ du diplomate français chargé par le président Emmanuel Macron du suivi des résolutions de la conférence de Paris d’avril 2018 (la CEDRE), ou manifestation d’une volonté politique réelle de prendre le problème à bras le corps ? À l’issue d’une tournée d’inspection au port de Beyrouth hier, le Premier ministre Saad Hariri a assuré que les autorités du pays étaient plus que jamais déterminées à lutter de manière décisive pour éradiquer la contrebande sur l’ensemble du territoire. « Ceux qui se livreront à la contrebande à partir du port de Beyrouth se heurteront à l’État. Il n’y aura plus de dérogations, car l’intérêt de l’État est plus important que celui des communautés », a lancé M. Hariri lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de sa visite dans le premier port du pays, le seul avec celui de Tripoli, la capitale du Liban-Nord, à disposer d’un terminal conteneurs.

Le chef du gouvernement a en outre indiqué que la lutte contre la contrebande n’était pas du ressort du « comité provisoire », à savoir le Comité de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth chargé en 1990 de gérer l’infrastructure et toujours actif. « C’est aux douanes ainsi qu’aux forces armées de s’en occuper (…) », a-t-il insisté, avant d’annoncer la tenue d’une réunion du gouvernement « la semaine prochaine » avec les parties concernées. Il a ajouté que le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, présentera un projet de loi pour réformer le fonctionnement des douanes et qui permette au pays de « contrôler ses points de passage », que ce soit à la frontière avec la Syrie, à l’aéroport ou dans les ports.


(Pour mémoire : Le ministre des Finances en inspection-surprise au port de Beyrouth)



Pas assez d’inspecteurs

Le fonctionnement défaillant des douanes et l’existence de la contrebande reviennent souvent dans le débat public, certains élus ainsi que les représentants des secteurs commerciaux et industriels dénonçant régulièrement le laxisme de l’État en la matière. Dans un rapport accablant sur les douanes, l’ONG Sakker el-Dekkené affirmait en 2016 que la corruption au port de Beyrouth coûtait à l’État près de 800 millions de dollars par an, comme le notait Le Commerce du Levant dans son édition de juillet parue la même année.

Le 19 août dernier, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil avait effectué une inspection-surprise au port de Beyrouth, profitant de cette occasion pour affirmer que le service des douanes ne bénéficierait plus de couverture politique, dans le cadre d’un effort de lutte contre la corruption – qui a coûté 5 milliards de dollars au Liban en 2018, selon le ministère d’État chargé de ce dossier.

En juillet, le député Michel Moawad, président du Mouvement de l’indépendance, avait confirmé à L’Orient-Le Jour en marge des débats sur le budget de 2019 que la question des plus de 120 points de passage illégaux connus des autorités à la frontière avait été étudiée par la commission des Finances et du Budget. Il avait en outre précisé que les effectifs des douanes n’étaient pas suffisants à Beyrouth pour contrôler efficacement toutes les marchandises qui y transitent. La situation n’est d’ailleurs pas meilleure à Tripoli, où la direction du port et celle de Gultainer, l’opérateur chargé de gérer le terminal conteneur, se plaignent régulièrement du nombre insuffisant d’inspecteurs détachés.

Toujours en juillet, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Danny Danon, avait enfin affirmé, lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation au Moyen-Orient, que le port de Beyrouth était devenu « le port du Hezbollah » par lequel l’Iran livre des armes au profit du parti chiite. Des sources au sein des douanes libanaises avaient alors démenti ces accusations.


(Pour mémoire : Bou Saab se défend face aux accusations de Geagea sur les corridors de contrebande)



Gestion du port

Il n’est donc pas surprenant que la réforme des douanes et le renforcement de la lutte contre la contrebande fassent partie des chantiers que le gouvernement doit impérativement lancer pour entretenir la confiance des donateurs présents lors de la conférence CEDRE, comme l’a rappelé M. Duquesne lors de son passage à Beyrouth cette semaine dans le cadre de sa mission. « Le port de Beyrouth est aujourd’hui parmi les plus importants de la région, il y passe 1,3 million de conteneurs, et ce chiffre est en augmentation », a en outre rappelé le Premier ministre. Pas moins de 8 millions de tonnes de marchandises sont passées par le port de la capitale en 2018, pour des revenus qui ont atteint 239 millions de dollars sur cet exercice (-2,5 % en un an). Des performances qui sont largement supérieures à celles enregistrées à Tripoli, qui est encore en phase de développement (plus de 1,8 million de tonnes, 6,5 millions de dollars ; -0,7 %).

Enfin, la direction du port pourrait bientôt changer de main, un appel d’offres ayant été annoncé cet été pour remettre la concession en jeu. En juillet, le PDG du transporteur français CMA CGM, le Franco-Libanais Rodolphe Saadé, a révélé que son groupe avait l’intention de participer à l’adjudication. Le port est actuellement géré par l’autorité portuaire GEBP (Gestion et exploitation du port de Beyrouth), que dirige Hassan Kraytem.


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