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Liban - Conseil des ministres

Nominations : c’est encore une fois partie remise

Le gouvernement tiendra deux séances la semaine prochaine. L’occasion de plancher notamment sur le projet de budget 2020.

Le Conseil des ministres réuni, hier, au Sérail. Photo Dalati et Nohra

Comme à chaque séance du Conseil des ministres, ou du moins depuis la relance de l’action du gouvernement le 10 août dernier, les milieux politiques s’attendent à ce que le gouvernement procède à des nominations. Mais il n’en est, jusque-là, rien. Hier, c’était une fois de plus partie remise, l’entente politique élargie autour de cette question épineuse se faisant toujours attendre, sachant que le dossier ne figurait pas à l’ordre du jour.

Il avait été question de la désignation d’un procureur général (sunnite), d’un directeur général du ministère de la Justice (sunnite) ainsi que des nouveaux présidents du Conseil supérieur de la magistrature et du Conseil d’État, deux postes réservés aux maronites.

À en croire certains médias locaux, une entente aurait été conclue loin des feux de la rampe, autour de la juge Roula Jadayel en tant que directrice du ministère de la Justice. Dans les mêmes milieux, on fait valoir que le juge Souheil Abboud est donné favori pour la présidence du CSM, à l’heure où la magistrate Jamale Khoury devrait être nommée à la tête du Conseil d’État. Un choix qui revêt de l’importance dans la mesure où un désaccord entre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le ministre d’État pour les Affaires présidentielles, Salim Jreissati, d’une part, et leur collègue de la Justice, Albert Serhane, d’autre part, autour de ce pourvoi aurait empêché le Conseil des ministres de procéder à de nouvelles nominations, lors de sa séance tenue la semaine dernière à Beiteddine. Des informations que les milieux du CPL ne confirment pas, se contentant de souligner que les nominations ne sont pas encore prêtes.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement réuni hier au Sérail, sous la présidence de son chef Saad Hariri, s’est abstenu d’approuver un nouveau train de nominations. Une décision que le ministre de l’Information, Jamal Jarrah, a expliquée par le fait que « les nominations devraient être approuvées (lors des séances ministérielles présidées par le chef de l’État) à Baabda ».

Il n’en reste pas moins qu’aussi bien les milieux proches du CPL que ceux du Futur, contactés par L’Orient-Le Jour, renvoient le retard mis à trancher la question des nominations aux contacts toujours en cours en quête d’une entente politique élargie. « Les contacts entre les protagonistes ne sont jamais interrompus sur ce plan », confie un proche de Saad Hariri, rappelant que les nominations devraient respecter certains critères bien précis. Ce proche du Sérail croit par ailleurs savoir que le Premier ministre s’est entretenu avec son partenaire, le chef du CPL, en marge de la séance gouvernementale, sans pour autant confirmer si les nominations étaient au menu de la rencontre.



(Pour mémoire : Faute d’entente, les nominations se font – encore – attendre)



Les nominations intégrées à l’ordre du jour
Dans l’attente d’un consensus politique, Saad Hariri a opéré un changement significatif en ce qui concerne les pourvois aux postes vacants de l’administration publique. Prenant la parole en début de séance, il a déclaré que dorénavant, les nominations feront partie de l’ordre du jour du Conseil des ministres. Et d’assurer que les CV des candidats seront distribués aux ministres au même moment que l’ordre du jour (soit 48 heures avant la tenue de la séance gouvernementale). Une façon pour le chef du gouvernement de répondre aux critiques lancées, principalement par les Forces libanaises, contre son équipe et selon lesquelles les nominations n’obéissent qu’à une logique de partage du gâteau, dans la mesure où le Conseil des ministres ne fait qu’avaliser ce que les proches de Meerab perçoivent comme des « marchés douteux » conclus loin du feu des projecteurs. D’ailleurs, un ministre FL qui a requis l’anonymat estime que c’est surtout le forcing exercé par ce parti en faveur de « nominations transparentes » qui aurait poussé Saad Hariri à prendre cette décision, même s’il ne cache pas ses craintes quant à un non-respect du mécanisme de nominations, notamment pour ce qui est des critères de la compétence et du mérite.

À son tour, Georges Adwan, député FL du Chouf, s’est félicité, via Twitter, des propos de Saad Hariri. « Intégrer les nominations à l’ordre du jour (du Conseil des ministres) est un bon signe. Reste qu’il faut que les CV soient distribués, et qu’il y ait plusieurs candidats à un même poste, pour que nous puissions choisir les plus compétents. Oui à l’indépendance de la justice et non au suivisme », a-t-il écrit.

À la lumière des propos de M. Hariri, le CPL explique les atermoiements observés en matière de nominations par des motifs d’ordre logistique. Contacté par L’OLJ, le ministre de la Justice, Albert Serhane, souligne qu’avant de procéder à la désignation, il faut du temps pour distribuer les CV aux ministres qui devraient les examiner. D’où le retard actuel. M. Serhane reconnaît toutefois que les tractations autour des noms des candidats n’ont pas encore pris fin. « Si le Conseil des ministres ne parvient pas à avaliser les nominations à l’unanimité, nous pourrons recourir au vote, sachant que la majorité des deux tiers est requise dans ce cas, conformément aux lois en vigueur », précise M. Serhane.

S’exprimant à l’issue de la séance, Jamal Jarrah a de son côté fait savoir que le cabinet pourrait tenir deux séances la semaine prochaine, l’une consacrée à une première lecture du projet de budget 2020, et l’autre aux nominations. Prié d’expliquer le mécanisme de celles-ci, il a souligné qu’il revient au Conseil des ministres d’examiner les CV des candidats en lice, avant d’en choisir un. Et de souligner enfin que le Conseil des ministres a approuvé la majorité des points de l’ordre du jour, et a notamment renouvelé le contrat de LibanPost pour une durée de huit mois, tout en prenant en considération des amendements proposés par M. Jarrah lui-même et son collègue des Télécoms, Mohammad Choucair. « Entre-temps, un cahier des charges sera établi, dans la perspective d’un nouvel appel d’offres en prévision d’une adjudication », a précisé Jamal Jarrah.



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