Le Conseil des ministres tiendra ce matin une réunion au palais de Beiteddine sous la présidence du chef de l’État Michel Aoun. L’occasion pour les membres du gouvernement d’examiner un ordre du jour ordinaire de quarante points.
Mais dans certains milieux politiques et médiatiques, on s’attend à ce que la question des nominations soit probablement évoquée en dehors de l’ordre du jour. D’autant que le cabinet Hariri a créé la surprise en nommant cinq nouveaux membres du Conseil constitutionnel, lors de sa dernière réunion tenue jeudi dernier à Beiteddine.
Quoi qu’il soit, c’est surtout sur le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et son principal rival sur la scène druze, le chef du Parti démocratique libanais, Talal Arslane, que les regards seront braqués, dans la prochaine phase, notamment en matière de nominations. Et pour cause : Moukhtara et Khaldé se disputent un des quatre postes de vice-gouverneurs de la Banque du Liban, réservé à la communauté druze.
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Une source bien informée souligne dans ce cadre à L’Orient-Le Jour que peu avant les échauffourées de Qabr Chmoun du 30 juin dernier (qui avaient coûté la vie à deux partisans du ministre d’État pour les Affaires des réfugiés Saleh Gharib lors d’échanges de tirs avec des éléments du PSP), le nom du banquier Fadi Fleyhane, soutenu par le leader de Moukhtara, avait fait l’objet d’une sorte d’entente politique.
Mais il semble que l’issue de la crise politique suscitée par les affrontements de la Montagne ait changé la donne. Fort de la réconciliation scellée à Baabda le 9 août avec son principal rival sur la scène druze, Talal Arslane n’a pas tardé à lancer sa nouvelle bataille contre Moukhtara, celle des nominations administratives. Lors d’une conférence de presse tenue le 10 août à son domicile à Khaldé, le leader druze avait laissé entendre qu’en dépit de la nouvelle page inaugurée avec Walid Joumblatt après les heurts de la Montagne, les divergences persistent autour de plusieurs dossiers, notamment la présence des druzes au sein de l’administration publique, et leur participation à la prise de décision politique.
Selon des observateurs contactés par L’Orient-Le Jour, il s’agit, pour le chef du PDL, de mettre à profit la rencontre élargie de Baabda. Interrogé par L’OLJ, un proche de M. Arslane insiste sur le fait que le PDL est attaché à sa quote-part de nominations, d’autant que celle-ci est « reconnue par tout le monde », a-t-il tonné sans vouloir donner plus de détails.
À son tour, le ministre Saleh Gharib s’est abstenu de s’associer à la polémique autour du vice-gouverneur druze de la BDL. Dans un entretien accordé hier à l’agence al-Markaziya, il s’est contenté d’assurer que « les nominations dans les postes réservés aux druzes obéiront à une logique axée sur le partenariat, loin de tout monopole ».
Pour en revenir au vice-gouverneur de la BDL, et toujours selon l’agence al-Markaziya, Khaldé appuie la candidature de Fouad Abou Hassan, qui travaille, selon une source du PDL, dans une entreprise financière à l’étranger.
Mais contrairement à ce qu’auraient pu espérer M. Arslane et ses alliés, Moukhtara semble peu se soucier de cette nouvelle bataille à laquelle semble se préparer M. Arslane. Joint par L’OLJ, un proche de M. Joumblatt confie que les choses s’orientent dans le sens d’un maintien (des affinités politiques) des actuels vice-gouverneurs. Une façon pour lui de confirmer la nomination de Fadi Fleyhane.
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Les Forces libanaises
Ce (possible) bras de fer entre MM. Joumblatt et Arslane vient s’ajouter à la querelle, devenue chronique, entre le Courant patriotique libre et son partenaire chrétien, les Forces libanaises, au sujet des nominations.
Près d’une semaine après la polémique suscitée par le choix des membres du Conseil constitutionnel, d’où les FL se sont vues « exclues » à cause de ce qu’elles perçoivent comme « l’insistance de Gebran Bassil à monopoliser la représentation chrétienne », le parti de Samir Geagea semble déterminé à continuer à s’opposer à des nominations qui n’obéissent qu’à une logique de partage du gâteau. C’est cette position que le ministre des Affaires sociales Richard Kouyoumjian a exprimée hier sans mâcher ses mots : « Nous nous opposerons fermement à toute nomination qui ne serait pas conforme à un mécanisme clair (respectant les critères du mérite et de la compétence) », a-t-il assuré dans une déclaration à la chaîne MTV.
Contacté par L’OLJ, un cadre FL tient à préciser que les FL abordent cette question épineuse sous l’angle d’une position de principe, qui va au-delà des querelles liées à la politique politicienne habituelle. Le responsable FL tient également à préciser qu’en dépit des promesses non tenues (par le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri) en ce qui concerne le CC, le parti de Samir Geagea n’envisage pas, du moins pour le moment, de claquer la porte du cabinet. « Personne ne nous impose ses choix. Nous sortirons du gouvernement quand nous jugerons cela opportun », affirme-t-il dans ce qui sonne comme une réponse à ceux qui s’attendent à ce que M. Geagea annonce la démission de ses ministres, dans son allocution en marge de la messe, prévue dimanche à Meerab, pour le repos de l’âme des « martyrs de la résistance chrétienne ».
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Ils sont tous, sans exception, forts, indépendants, libres et surtout surtout honnêtes et patriotes. Puisqu'il y a encore des débilons qui croient ça pourquoi voulez-vous que ça change? Ça ne fait que les encourager dans leur besogne.
14 h 32, le 06 septembre 2019