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Économie - Situation financière

Standard & Poor’s scrute le niveau des réserves en devises de la BDL

L’agence a clarifié dans une note une des observations de son rapport publié le 23 août, qui ne tient pas compte des 1,4 milliard de dollars récemment injectés.

S&P a publié dans sa clarification un tableau détaillant ses projections sur l’évolution des réserves de devises disponibles. Photo Reuters

Moins de deux semaines après avoir annoncé sa décision de maintenir pendant quelques mois encore la note souveraine du Liban à « B » avec perspective « négative », Standard & Poor’s (S&P) a détaillé hier ses prévisions concernant l’évolution du niveau des réserves en devises de la Banque du Liban (BDL).

« À notre avis, (ces réserves) restent suffisantes pour assurer les besoins d’emprunt du gouvernement ainsi que le déficit commercial pendant les 12 prochains mois. Nous pensons cependant qu’il y a un risque que les dépôts du secteur privé en devises, notamment ceux des clients non résidents, puissent continuer à baisser, ce qui accélérerait alors l’érosion des réserves de devises et affecterait la capacité du pays à maintenir la parité entre la livre libanaise et le dollar (fixe depuis 1997, NDLR) », a indiqué S&P. « Un prolongement de cette tendance lors des six prochains mois pourrait provoquer une dégradation de la note souveraine du pays », souligne encore l’agence.

Les obligations d’État libanaises seraient alors déclassées, prévient l’agence, passant de la catégorie des titres pour lesquels la probabilité de remboursement est incertaine à celle regroupant les émissions qui présentent un risque très important de défaut sur le long terme. Les deux autres principales agences de notation américaines, Moody’s et Fitch, ont toutes les deux franchi ce pas cette année, la première en janvier ( « Caa1 », « stable » ), la seconde en même temps que la mise à jour de S&P ( « CCC » sans perspective, conformément à sa nomenclature).

Le pays traverse en effet une période délicate, avec une croissance qui pourrait être nulle, voire négative à la fin de l’année, et une situation financière rendue délicate par une combinaison de facteurs internes (gouvernance défaillante, tensions politiques, endettement, etc.) et externes (situation politico-sécuritaire au niveau régional, hausse des taux d’intérêt), principalement.


(Lire aussi : « La CEDRE tient toujours », assure Pierre Duquesne à Beyrouth)



Réserves disponibles

Dans sa note, S&P a en outre publié un tableau détaillant ses projections sur l’évolution des réserves de devises disponibles, les liquidités qui peuvent être effectivement et immédiatement utilisées par la BDL dans le cadre de sa politique monétaire. Selon l’agence, ces réserves totaliseront 19,2 milliards de dollars à fin 2019, contre 25,5 milliards de dollars à fin 2018 et 32,5 milliards de dollars à fin 2017. Le total des réserves brutes de devises devait, lui, atteindre 41 milliards de dollars à fin 2019, contre 46,5 milliards à fin 2018 et 52,3 milliards un an plus tôt. Les réserves en or gravitent de leur côté autour de 12 milliards de dollars depuis 2017, tandis que le portefeuille d’eurobonds – titres de dettes en devises émis par l’État libanais – devrait s’élever à 2,9 milliards de dollars à fin 2019 selon l’agence, contre 4,9 milliards enregistrés à fin 2018, et 1,7 milliard fin 2017.

Loin d’invoquer de nouveaux éléments dans son commentaire, S&P s’est contenté de mettre en exergue une des observations de son rapport publié le 23 août, qui est déjà reflétée par la perspective « négative » accolée à la notation souveraine du pays, indique à L’Orient-Le Jour le directeur du département de recherche de Byblos Bank, Nassib Ghobril. « Il ne s’agit ni plus ni moins d’une clarification mais que certains ont relayé sans mettre ces éléments de contexte en avant. L’agence avait d’ailleurs communiqué le montant estimé des réserves disponibles à fin 2019, dans l’indifférence générale », ironise-t-il. De fait, la note de S&P a été publiée en forme de réponse à l’interrogation « Le Liban dispose-t-il de réserves suffisantes ? » publiée dans une rubrique « Foire aux questions » disponible en accès limité.


(Lire aussi : Réformes : la Banque mondiale reste confiante dans le potentiel du Liban)


Rendements en baisse

Le directeur du département de recherche de Bank Audi, Marwan Barakat, rappelle de son côté que les réserves en devises de la BDL ont augmenté de 1,4 milliard de dollars au courant des deux dernières semaines d’août, comme l’avait annoncé vendredi dernier le gouverneur de la Banque centrale. « Cela porte à 2,3 milliards de dollars la hausse totale des réserves entre juillet et août, pour un montant total de réserves déclarées s’élevant à 38,7 milliards de dollars. Ce niveau de réserves est équivalent à 22 mois d’importations et 78 % de la masse monétaire en livres, alors que la moyenne des pays notés comme le Liban plafonne à 41 % », expose-t-il.

Marwan Barakat ajoute que « les marchés sont en train de réagir positivement au dialogue économique initié par la présidence libanaise » et matérialisé par la réunion lundi à Baabda de l’ensemble des représentants des courants politiques libanais pour afficher leur unité face à la crise. « Le rendement moyen des eurobonds libanais est tombé à 13,34 % aujourd’hui, contre 14,31 % la semaine dernière (les rendements augmentent avec le risque, NDLR) », insiste-t-il.

Nassib Ghobril conclut en rappelant que S&P n’avait pas écarté dans son rapport du 23 août la possibilité de relever la note souveraine du pays dans six mois, si certains éléments le justifiaient. « L’agence avait clairement indiqué dans son rapport qu’elle envisagerait cette possibilité dans le cas, par exemple, où le gouvernement passerait à la vitesse supérieure en termes de réformes, ce qui permettrait le déblocage d’une partie des fonds promis par les donateurs lors de la conférence de Paris (la CEDRE, voir par ailleurs) », indique-t-il.



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commentaires (5)

Et c est que les FL affirmait il y a pas longtemps et tous lui sont tomber dessus affirmant qu il ne laisse pas le régime travailler et qu’il font une mauvaise pub !!! Maintenant que les plus grands économistes libanais parle le même langage dont même un avec Georges Yasmine sur la OTV hier Que vont ils inventer maintenant les membres du CPL ?!?!?

Bery tus

19 h 48, le 05 septembre 2019

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Commentaires (5)

  • Et c est que les FL affirmait il y a pas longtemps et tous lui sont tomber dessus affirmant qu il ne laisse pas le régime travailler et qu’il font une mauvaise pub !!! Maintenant que les plus grands économistes libanais parle le même langage dont même un avec Georges Yasmine sur la OTV hier Que vont ils inventer maintenant les membres du CPL ?!?!?

    Bery tus

    19 h 48, le 05 septembre 2019

  • Mouwatinoun wa Mouwatinat fi Dawla ont mis en garde depuis Novembre passé que le systeme qui maintenait une balance des paiments positive ne tient plus. S&P prend bien sur une attitude depassionée vis-a-vis de ces faits en indiquant le nombre de mois que nos reserves nous permettent de survivre . Une veritable action politique par contre doit determiner comment cet argent doit etre utilise pour changer le systeme economique de rente et donner une chance a ce pays de repartir sur des bases saines. Je m'arrete sur le commentaire de M. Barakat. Je ne sais pas comment les reserves de la banque centrale ont evolue en Aout, par contre les chiffres de Juillet ont ete publies. Malgre la grosse "ingenieurie financiere" qui a permit aux banques d'offrir des taux de 14% la hausse des reserves de la banque centrale a ete quasiment completement compensee par la baisse des avoir etranges des banques. En tout, la balance des paiments n'a ete positive que de 70 million de USD. Je comprends que les economistes des banques ne puissent dire qu'on va droit dans le mur, mais un journal qui se respecte ne peut se contempter de les interviewer.

    Mounir Doumani

    11 h 12, le 05 septembre 2019

  • Le montant de reserves mentioné par Dr. Marwan comprend les reserves obligatoires ($14mlrd), considerées comme non-utilisable par la BDL par l'agence S&P, étant donné qu'il s'agit ici de dépots des banques commerciales. Utiliser cette portion des reserves pour combler le deficit commerciale, (ou proteger le taux de change) serait extremement dangereux et pourrait mettre a risque les depots des épargants. Le nombre avancé par S&P est donc plus réaliste.

    Khalil S.

    10 h 26, le 05 septembre 2019

  • Les économistes des banques locales ne peuvent émettre un avis objectif car ils scieront ainsi la branche sur laquelle ils sont assis. La mise au point de S&P précise que le délai de six mois peut sauter à tout moment si le niveau des réserves en devises atteint un certain seuil. Le déclassement en CCC serait alors inévitable.

    paznavour

    10 h 16, le 05 septembre 2019

  • LE LIBAN SUR LA LIGNE DE MIRE DE CES AGENCES DE NOTATIONS AU SERVICE DE LA POLITIQUE DES GRANDS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 18, le 05 septembre 2019

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