Le patriarche maronite accueilli hier par la garde républicaine à Beiteddine. Photo Dalati et Nohra
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a mis l’accent hier de Beiteddine sur l’importance de l’élaboration d’une stratégie de défense nationale.
« Elle est nécessaire, et, pour moi, la question est tranchée dès le départ, depuis qu’elle a été soulevée. Elle doit être adoptée et constitue une nécessité vitale pour la vie du Liban », a affirmé Mgr Raï à l’issue d’un entretien hier avec le président de la République, Michel Aoun, dans la résidence d’été du chef de l’État.
Lors d’une discussion lundi avec des journalistes, le président avait indiqué que « tous les critères à prendre en compte pour l’élaboration de cette stratégie, même les logiques d’influence », avaient changé. « Je suis le premier à avoir préparé un projet pour la stratégie de défense, mais est-il encore correct aujourd’hui ? » avait souligné le président Aoun.
Le bureau de presse de la présidence de la République s’était empressé de condamner mardi « des explications et analyses erronées » des propos du chef de l’État, qui « soulignaient que les faits ont évolué depuis que la question de la stratégie de défense a été mise sur le tapis il y a dix ans lors de la conférence de dialogue national », notamment les « développements militaires qu’ont connus les pays voisins du Liban ». Une évolution de la situation dans la région qui impose, selon Baabda, « une nouvelle approche du sujet », prenant notamment en considération « l’entrée en jeu de grandes puissances et d’organisations terroristes dans les guerres » se déroulant dans les pays voisins. « Le président Aoun n’a pas changé de position en ce qui concerne la stratégie de défense et la nécessité de discuter de ce sujet, dans une atmosphère de compromis », avait précisé le communiqué de la présidence.
« Je n’ai pas eu le temps de parler à Son Excellence de ce dossier, et je n’ai pas encore été en mesure de lire les journaux, mais la question de la stratégie de défense est essentielle et a été soulevée pour la première fois sous la présidence de Michel Sleiman », a souligné Mgr Raï en réponse à une question.
(Pour mémoire : Stratégie de défense : la présidence corrige le tir)
La course présidentielle avant l’heure
Interrogé par ailleurs sur l’entrée précoce du pays dans la fièvre de l’élection présidentielle (en allusion aux tournées du chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil dans différentes régions), Mgr Raï a répondu : « Il est encore trop tôt pour parler de la présidentielle. Je sais que certaines personnes ont des ambitions et combien cela influe sur la situation générale, mais il est trop tôt pour parler de tout cela. » Et d’ajouter : « Avant de penser à ce que nous allons faire dans trois, quatre ou dix ans, nous devons examiner comment traiter les problèmes urgents de l’heure, à savoir les dangers économiques, financiers et sociaux qui guettent le pays. Tout autre sujet n’a pas d’importance. »
Le prélat maronite a d’ailleurs précisé que « la question économique sera en tête des préoccupations du Conseil des ministres pour faire face à ses répercussions sur la vie des citoyens, qui n’en peuvent plus ».
« Tous s’inquiètent de la question économique, dont les retombées touchent tout le monde. Le président Aoun s’exprime au quotidien sur cette question. Il a souligné dans ce sens que ce point serait en tête de l’ordre du jour du Conseil des ministres, dans la mesure où les citoyens sont désormais incapables de supporter un tel fardeau », a-t-il noté.
« Nous sommes confrontés à une catastrophe sociale et économique à laquelle nous devons faire face. Celui qui cache ses maux en meurt », a ajouté Mgr Raï.
L’entretien avec le chef de l’État a par ailleurs porté, selon le patriarche maronite, sur « les moyens de respecter la dignité humaine et les droits humains au sein des institutions, sans que le citoyen ne soit soumis à aucune agression durant les interrogatoires ou autres ».
L’article 95, « une garantie pour tous »
« Nous avons en outre évoqué le message de Son Excellence au Parlement concernant l’interprétation de l’article 95 de la Constitution qui profiterait à tous les Libanais et qu’il faut appliquer au sein de Taëf. Il ne faut pas non plus aborder la Constitution de manière sélective, mais en tant que tout complet. De nombreuses questions doivent être prises en compte, telles que la décentralisation administrative, le Sénat, etc. Nous espérons que le message sera une occasion de mettre en œuvre la Constitution et l’accord de Taëf, qui fait partie intégrante de la Constitution », a-t-il indiqué.
Au sujet de savoir si l’interprétation de l’article 95 affectait le partenariat dans le pays et pourrait susciter une certaine instabilité, Mgr Raï a répondu : « Je ne le pense pas. L’article est clair et il est nécessaire d’en appliquer tous les alinéas, de manière non sélective. Cet article n’est pas de nature à susciter la peur, mais constitue une garantie pour tous. Certains ont provoqué un tollé sans même l’avoir lu. Lisez-le et vous serez tous réconfortés. »
Beiteddine, un gage de réconciliation
Auparavant, le patriarche maronite avait loué la présence du président de la République à Beiteddine, la replaçant sous le signe de la réconciliation druzo-maronite de la Montagne d’août 2001.
« Être à Beiteddine, c’est se trouver dans un lieu où règnent la sérénité et l’histoire. Bien sûr, Baabda a sa valeur, mais Beiteddine a également sa valeur en tant que résidence d’été tant du point de vue de sa localisation que du fait que nous nous trouvons dans la Montagne », a-t-il indiqué. « Cette visite a été une occasion de féliciter Son Excellence pour son déplacement ici afin d’y passer ses vacances d’été. Sa présence ici a créé une bonne ambiance après les tensions qui se sont produites et que tout le monde connaît », a-t-il noté.
« La présence du président en ses lieux est très importante, dans la mesure où il est le président du pays, le père et le responsable de tous. Sa présence a contribué à améliorer la situation, et tous les habitants de la Montagne, druzes, chrétiens et musulmans de tous horizons, ont senti que cette Montagne ne peut vivre que dans son unité », a poursuivi Béchara Raï.
« Son déplacement ici est une consécration et une traduction de la réconciliation historique (de la Montagne). Nous sommes venus le féliciter pour ce qu’il a fait en faveur de cette réconciliation, dans la mesure où ceci se situe au cœur de son travail de président », a-t-il conclu.
Le président Aoun a par ailleurs reçu le président du Conseil supérieur de la magistrature, Jean Fahd, l’ambassadeur d’Irak, Ali Abbas Bandar al-Amiri, à l’occasion de la fin de sa mission au Liban, ainsi que des délégations populaires.
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commentaires (9)
Je me demande , l'armée est sur les ordres du Hezbollah ou le Hezbollah est sur les ordres de l'armée ?
Eleni Caridopoulou
18 h 43, le 23 août 2019