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À La Une - Syrie

Les forces pro-Assad poursuivent leur avancée à Idleb, tensions Damas-Ankara

Emmanuel Macron exhorte le régime de Damas et son allié russe à respecter le cessez-le-feu à Idleb.

Un char du régime syrien avance dans le village de Khan Cheikhoun, en périphérie de la province d'Idleb, le 18 août 2019. Photo AFP

Les forces gouvernementales syriennes ont repris lundi leur avancée dans le nord de Khan Cheikhoun, une ville stratégique de la région d'Idleb (nord-ouest) où la présence d'un convoi turc pris pour cible a suscité une montée des tensions entre Damas et Ankara.

Les troupes du régime de Bachar el-Assad, aidées par leur allié russe, sont parvenues dimanche soir à pénétrer dans le nord-ouest de Khan Cheikhoun. Mais, en réaction, "des véhicules turcs chargés de munitions (...) ont pris la direction" de cette ville-clé "pour secourir les terroristes", a dénoncé lundi matin une source au ministère syrien des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle Sana. "Ce comportement hostile du régime turc n'affectera en aucun cas la détermination syrienne", a-t-elle dit.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain, des raids russes et syriens ont rapidement été menés en aval de ce convoi pour tenter de l'empêcher de poursuivre sa route, tuant trois combattants rebelles proturcs. La Turquie a "fermement" condamné cette attaque. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a jugé l'incident "en contradiction avec les accords existants, la coopération et le dialogue avec la Russie".


(Lire aussi : Les forces du régime progressent à Idleb, un avion de Damas abattu par des jihadistes)


Convoi turc

La majeure partie de la province d'Idleb et des segments des provinces voisines d'Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du régime syrien de Bachar el-Assad, après huit années de conflit.

Cette région, qui est dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d'Al-Qaïda) mais abrite aussi des groupes rebelles proturcs, est la cible depuis fin avril de bombardements quasi quotidiens de Damas et de Moscou.

Après trois mois de combats acharnés dans le nord de la province de Hama, les forces prorégime avancent depuis quelques jours dans le sud d'Idleb, et sont entrées dans Khan Cheikhoun, pour la première fois depuis 2014.

Lundi après-midi, d'après l'OSDH, elles ont repris leur lente progression, et mis la main sur une partie de l'autoroute située au nord de Khan Cheikhoun. Cette avancée leur a permis de bloquer le passage au convoi turc, selon la même source. Plus tôt, le correspondant de l'AFP avait vu le convoi, composé d'environ 50 véhicules militaires, s'arrêter sur cette autoroute au niveau du village de Maar Hattat, au nord de Khan Cheikhoun. Selon l'OSDH, le convoi était toujours à l'arrêt dans cette zone lundi soir tandis que bombardements et tirs d'artillerie du régime et de son allié russe s'abattaient toujours dans les environs.

Depuis quelques jours, les forces prorégime cherchent à avancer sur deux axes, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Le premier objectif consiste à élargir leur emprise jusqu'"au nord de Khan Cheikhoun pour mettre la main sur l'autoroute stratégique" reliant Damas à Alep (nord), a dit Rami Abdel Rahmane. Le second vise à avancer vers Khan Cheikhoun depuis l'est, ce qui permettrait d'imposer notamment un siège à la ville de Morek (nord de la province de Hama), où se trouve le principal poste d'observation turc.


(Lire aussi : Le partenariat russo-turc à l’épreuve de la bataille d’Idleb)


Désaccord russo-turc

Lundi, de violents combats ont eu lieu autour de Tell Teri, une colline stratégique à l'est de Khan Cheikhoun, a indiqué à l'AFP Naji Moustafa, le porte-parole du Front national de libération (FNL), une coalition de groupes rebelles soutenus par Ankara.

Dans ce contexte, le président français Emmanuel Macron, qui recevait son homologue russe Vladimir Poutine, a exhorté le régime de Damas et son allié russe à respecter le cessez-le-feu à Idleb. Cette région est censée être protégée par un accord sur une "zone démilitarisée", conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou. Mais cet accord n'a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer.

Selon l'analyste Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie, les derniers développements révèlent l'existence d'un "désaccord" entre les deux parrains du texte. La Turquie "refuse que soit menacée la sécurité de ses militaires ou qu'ils se retrouvent à la merci du régime et de la Russie", a-t-il ajouté. Ankara possède plusieurs postes d'observations à Idleb et dans ses environs, en vertu d'accords conclus par le passé avec Moscou.

Déclenchée en 2011 après la répression meurtrière par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans, avec l'entrée en jeu de plusieurs puissances étrangères. Elle a fait plus de 370.000 morts en huit ans et jeté sur les routes de l'exil des millions de personnes. Ces dernières années, le régime de Damas a réussi à consolider son emprise sur plus de 60% du pays, grâce au soutien de la Russie et l'Iran.


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QUE FOUT-IL LE TURC EN SYRIE ?

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 40, le 20 août 2019

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Commentaires (3)

  • QUE FOUT-IL LE TURC EN SYRIE ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 40, le 20 août 2019

  • Si ce n'est toi c'est donc ton frère. Les frappes du pays usurpateur ne peuvant pas stopper la libération de la Syrie du héros bashar, alors on envoie la cayra ottoman au charbon. Erdo est et a tjrs été un pion de l'Occident, sinon il y a longtemps on l'aurait sorti de l'otan. Si erdo doit tomber il nya que les russes de Poutine qui pourraient le faire et jamais l'Occident des mendiants prédateurs.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 19, le 19 août 2019

  • Qui peut douter du soutien turc aux djihadistes islamistes et autres groupes terroristes ? Qui peut encore douter des visées expensionnistes de l'état Erdoganien turc en Syrie autres pays arabes ? Le rêve médiocre du petit sultan néo-ottoman reste intact même s'il est ridicule et irréalisable. Enfin, ça sent la fracture avec la Russie...

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 46, le 19 août 2019

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