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Liban - Sanctions

Le danger d’un renforcement des sanctions est bien présent

Le Premier ministre Saad Hariri lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, à Washington, jeudi dernier. Photo Dalati et Nohra

La visite du Premier ministre Saad Hariri à Washington la semaine dernière continue de faire réagir les milieux politiques libanais, notamment en ce qui concerne la possibilité que les États-Unis imposent de nouvelles sanctions au Hezbollah et aux personnes qui gravitent dans son orbite. M. Hariri, qui a rencontré plusieurs responsables américains dont le secrétaire d’État Mike Pompeo, avait affirmé que ce genre de propos est généralement évoqué « au sein du Congrès américain », estimant qu’il n’y a encore rien de concret à ce sujet.

Interrogé sur la possibilité de voir de nouvelles sanctions s’abattre sur des personnes proches du parti chiite, Michael Young, rédacteur en chef du blog Diwan affilié au programme sur le Proche-Orient de l’institut Carnegie, estime que « les débats à Washington vont dans la direction de la ligne la plus dure envers le Liban, même s’il y a des personnes qui ne veulent pas déstabiliser le gouvernement ». « La logique qui pourrait être utilisée pour sanctionner des proches du Hezbollah pourrait s’appliquer à d’autres institutions et d’autres personnes, a-t-il indiqué à L’Orient-Le Jour. Qu’est-ce qui empêcherait que des sanctions soient prises contre les banques libanaises ou l’armée par exemple ? » s’est demandé M. Young.

Pour l’économiste Sami Nader, le danger d’un renforcement des sanctions est bien présent et constitue « une sorte de tentative de dissuasion. On laisse transparaître le fait qu’il y aura des sanctions supposées, sans dire qui sera concerné ». M. Nader a par ailleurs estimé que le communiqué de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth concernant l’incident de Qabr Chmoun servait à dénoncer « une tentative syro-iranienne d’affaiblir le camp anti-iranien au Liban et de changer l’équilibre des forces en imposant une nouvelle version de Taëf ».

L’ancien député Farès Souhaid a également dit s’attendre à « des sanctions qui pourraient toucher les amis politiques du Hezbollah ». Il a par ailleurs estimé que Saad Hariri a tenu des propos « épineux » lors de sa visite à Washington. « M. Hariri a dit que le gouvernement est prêt à passer d’un état de non-belligérance à celui d’un cessez-le-feu avec Israël, en vertu de l’article 10 de la résolution 1701 (adoptée par l’ONU en 2006). Il a engagé son gouvernement à reprendre en main les décisions de guerre et de paix, alors que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé qu’il s’agissait d’une décision iranienne. Il a également évoqué la relance des négociations sur les frontières terrestres et maritimes avec Israël, alors que le parti chiite considère que ce dossier est de son recours. Il se peut que Hariri change d’avis une fois rentré, ce pourrait nous faire perdre notre crédibilité aux yeux de la communauté internationale. J’espère qu’il tiendra le coup » , a indiqué M. Souhaid à L’OLJ.

« La visite de Hariri aux États-Unis a calmé le jeu »

En parallèle à la tournée américaine de Saad Hariri, le discours de Hassan Nasrallah vendredi dernier à l’occasion du 13e anniversaire de la « victoire divine » du Hezbollah (lors du conflit l’ayant opposé à l’armée israélienne durant 33 jours en juillet et août 2006) a fait couler beaucoup d’encre le week-end dernier.

Le député Wehbé Katicha (FL) a qualifié ce discours de « trompeur, car il fait croire que le pays ne pourra pas continuer sans la résistance (du Hezbollah) ». « Dans tous les pays qui souffrent de conflits à leurs frontières, nous voyons que l’équilibre se fait par la diplomatie, les contacts et le dialogue », a dit M. Katicha dans une déclaration sur Radio Liban Libre samedi. « Si le Hezbollah possède la force dont il parle, pourquoi alors Israël continue-t-il de nous attaquer par les voies aérienne et maritime ? Le parti chiite entrave l’édification de l’État depuis des années afin de dynamiser une résistance qui sert des intérêts régionaux », a-t-il ajouté.

« La visite de Hariri aux États-Unis a calmé le jeu, surtout après qu’il a clarifié que le Liban ne veut pas se laisser emporter par les plans du Hezbollah (…) Il semblerait que les sanctions ne vont pas toucher des personnes proches du Hezbollah, a pour sa part fait savoir le député Eddy Abillama (FL) dans une interview samedi sur la chaîne MTV. Je ne pense pas que l’administration américaine insiste à prendre des dispositions difficiles pour le Liban en ce moment, surtout avec la situation économique et financière actuelle », a-t-il estimé.

L’ancien ministre Achraf Rifi a pour sa part pris le parti de Saad Hariri. « Les suiveurs de l’axe syro-iranien ont commencé à s’en prendre au Premier ministre et à critiquer sa visite à Washington. Leur but est de garder le Liban prisonnier de cet axe. Nous nous tenons aux côtés de M. Hariri dans toute tentative de libérer ce pays prisonnier », a-t-il écrit sur Twitter hier.

Du côté du Hezbollah, Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du parti, a insisté sur le maintien de l’équation « armée, peuple et résistance », chère au parti chiite. « Ce triptyque a permis de chasser Israël du Sud et les takfiristes (jihadistes) dans l’Est et le Nord », a-t-il dit lors d’une célébration partisane le week-end dernier. « Nous est-il demandé de travailler à servir les intérêts des États-Unis, même si cela va à l’encontre des intérêts du Liban ? Malheureusement, certains Libanais veulent satisfaire les Américains pour que ces derniers implantent le projet israélien dans la région », a-t-il ajouté.

Le directeur du comité exécutif du Hezbollah Hachem Safieddine a pour sa part balayé le danger d’une nouvelle vague de sanctions américaines. « Ne prêtez pas attention à ce que vous entendez de la part des Américains sur les sanctions et les menaces, cela ne changera rien au niveau pratique », a-t-il dit hier lors d’une célébration partisane au Liban-Sud.

Quant au député de Jezzine Ziad Assouad (CPL), il a minimisé l’importance des rencontres de M. Hariri à Washington. « Même si vous êtes allé aux États-Unis, que vous avez été accueilli là-bas et que vous y avez rencontré du monde, vous ne pouvez pas vous porter garant de quoi que ce soit. Et lorsque vous rentrerez au Liban, vous ne pourrez rien mettre en œuvre. Ce qui est écrit est écrit », a écrit M. Assouad sur Twitter hier.


La visite du Premier ministre Saad Hariri à Washington la semaine dernière continue de faire réagir les milieux politiques libanais, notamment en ce qui concerne la possibilité que les États-Unis imposent de nouvelles sanctions au Hezbollah et aux personnes qui gravitent dans son orbite. M. Hariri, qui a rencontré plusieurs responsables américains dont le secrétaire d’État Mike Pompeo,...

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SANCTIONS INEVITABLES ET NECESSAIRES CONTRE LE RESPONSABLE ET SON SUPPORT/ALLIE EN L,OCCURENCE GENDRISSIMAL.

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 54, le 20 août 2019

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Commentaires (3)

  • SANCTIONS INEVITABLES ET NECESSAIRES CONTRE LE RESPONSABLE ET SON SUPPORT/ALLIE EN L,OCCURENCE GENDRISSIMAL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 54, le 20 août 2019

  • Pouet pouet cacahouète...

    FRIK-A-FRAK

    13 h 53, le 19 août 2019

  • M.Hariri a eu bien raison d'effectuer cette visite cruciale à Washington alors que de probables sanctions américaines se précisent et se profilent de plus en plus. L'administration Trump ne se fera aucune illusion quant à l'efficacité de telles sanctions, tout comme celles qui touchent dûrement les économies de quelques pays tels que Cuba, l'Iran, la Corée du Nord ou le Zimbabwe, notamment. Le President Aoun et son parti le CPL ont tort de faire les éloges du Hezbollah dont le chef Hassan Nasrallah ainsi que des alliés tels que le député Talal Arslan, ne répondent qu'aux ordres reçus des régimes iranien et syrien, respectivement. L'économie libanaise est en assez mauvais état déjà pour que des sanctions américaines possibles contre des banques libanaises proches du Hezbollah, viennent porter le coup de grâce a cette économie oh combien fragile et au bord du précipice. Les assurances fournies par M. Hariri aux Américains ne pourraient que servir les intérêts du Liban tout entier et doivent s'appliquer après son retour au Liban, notamment à propos de la mainmise du Hezbollah et de ses maîtres iraniens sur un large éventail de décisions souveraines de l'État, en particulier celles liées à la guerre et à la paix. Sanctions américaines ou pas, le Liban se dirige malheureusement à petit pas vers un statut de vassal des régimes iranien et syrien du tyran Assad.

    Tony BASSILA

    11 h 24, le 19 août 2019

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