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Campus - COLLOQUE

À Saïda, une journée scientifique consacrée aux sages-femmes

Le rôle méconnu des sages-femmes dans plusieurs domaines, comme la lutte contre la violence conjugale ou le mariage précoce, mis en lumière.

Dans leurs posters exposés en marge du colloque, les étudiantes en maîtrise ont abordé diverses problématiques relevant du domaine des sages-femmes, tels ses différents rôles auprès de la femme enceinte ou durant la période post-partum, ainsi que la planification familiale.

Visant à mettre en lumière les différents domaines d’intervention de la sage-femme, dont certains sont encore méconnus au Liban, un colloque a été organisé en juin dernier par le département des sages-femmes de la faculté de santé publique de l’UL section 5, autour du thème « Sage-femme : compétences, dévouement et intelligence », en collaboration avec le conseil de l’ordre des sages-femmes du Liban, l’Association francophone des gynécologues, la Commission nationale de la femme libanaise (CNFL) ainsi que les ONG Kafa et Himaya.

Cette 17e journée scientifique a été marquée par une participation active des étudiantes du département des sages-femmes de la section 5 de l’UL. En guise d’ouverture du colloque, celles-ci ont prononcé le serment des sages-femmes, devant un public composé de sages-femmes professionnelles, de gynécologues, de professeurs d’université mais aussi d’étudiantes en sage-femme de la section 1 de Hadeth. Un peu plus tard, des vidéos réalisées par ces mêmes étudiantes ont plongé l’audience dans le vif du sujet, présentant les actualités scientifiques dans le domaine des sages-femmes.

En marge du colloque, le public a pu voir une exposition de posters informatifs élaborés par les étudiantes en maîtrise. Ces dernières y ont abordé diverses problématiques relevant du domaine des sages-femmes, tels ses différents rôles auprès de la femme enceinte ou durant la période post-partum, ainsi que la planification familiale. « J’ai voulu booster leur estime de soi, lancer des défis, les encourager à faire des activités à la hauteur d’autres universités dans le monde », explique la docteure Mariana Hajj, chef du département des sages-femmes, en évoquant l’objectif de la compétition des posters.

Lauréate du premier prix pour son poster « Dépression post-partum », Victoria Chaarawi explique que son « but a été de sensibiliser les gens sur ce type de dépression qui touche non seulement les mères, mais aussi les pères ». Cette étudiante, qui ne s’attendait pas à recevoir le premier prix, a ainsi abordé les causes et les symptômes de cette dépression, ainsi que les traitements fournis, tout en prodiguant « des conseils qui permettent de la prévenir et de la surmonter ». Le duo formé de Zahraa Tarhini et Malak Chehab a remporté le deuxième prix pour son poster « Utérus artificiel », une médaille d’argent qui représente « un symbole d’appréciation et de respect » pour ces deux étudiantes. « Notre poster aborde l’importance de l’utérus artificiel dans la résolution du problème de l’infertilité et de la prématurité. C’est un nouveau sujet. Il souligne le rôle de la sage-femme qui doit prendre soin du fœtus dans l’utérus artificiel », affirment ces lauréates.

Enfin, la docteure Hajj a délivré un prix spécial à Christelle Hélou pour son poster sur la contraception masculine. « Les femmes ont recours à la contraception et souffrent de beaucoup de problèmes. Ce sujet est très important dans notre domaine car les couples ont recours aux sages-femmes pour choisir la méthode contraceptive qui leur convient », assure Christelle. Celle-ci confie : « C’est un prix moral qui m’encourage à continuer ma mission humaine. »

Rôle de la sage-femme au niveau de la violence conjugale et du mariage précoce

Pour ces lauréates, comme pour les étudiantes qui ont assisté au colloque, la 17e Journée scientifique des sages-femmes a constitué une opportunité pour élargir leurs connaissances et s’informer des « actualités scientifiques et technologiques auxquelles elles n’ont pas accès pendant leurs cours universitaires », note la docteure Hajj. En effet, les conférences, dispensées par des experts professionnels, ont éclairé le public sur les nouveautés en matière du papillomavirus humain et son impact sur la grossesse, l’intelligence artificielle (IA) au service d’une médecine personnalisée, l’infertilité féminine, l’infection urinaire et ses répercussions sur la grossesse… Ainsi, certaines étudiantes ont été particulièrement intéressées par le sujet de l’IA au service de la sage-femme. « C’est un sujet qui n’a pas encore été abordé au Liban. Nous avons souhaité informer nos étudiants sur les raisons de l’utilisation de l’IA dans leur domaine, tel prévenir les grossesses à risque, les accouchements par césarienne ou les complications de la grossesse », poursuit la docteure Hajj.

De surcroît, le colloque a mis en valeur la polyvalence des sages-femmes qui peuvent exercer leur profession dans différents secteurs. Ce qui a, d’ailleurs, marqué Christelle Hélou : « Le rôle de la sage-femme est très important dans notre société, car elle joue plusieurs rôles, éducatif, social ou médical. À notre époque, le rôle éducatif doit être valorisé car la propagation des maladies est très élevée (…) C’est donc la sage-femme qui doit sensibiliser les ados, les femmes et les hommes. »

Par ailleurs, l’un des mérites de ce colloque est d’avoir abordé lors d’un débat scientifique les sujets de la violence conjugale et du mariage précoce, et ce « pour la première fois dans un cadre universitaire au Liban », selon la docteure Hajj. Une table ronde animée par notre collègue Roula Azar Douglas et réunissant cinq experts de différentes spécialisations, maître Ghada Hamdan du bureau exécutif de la CNFL, le Pr Joseph Abboud, gynécologue et obstétricien, le Dr Charbel Skaff, psychologue, Mme Daad al-Akoum, présidente de l’ordre des sages-femmes du Liban, Mme Céline el-Kik, assistante sociale expérimentée et représentante de l’association Kafa, et Mme Rose Habchi, responsable du programme de résilience à Himaya, a abordé les différents aspects du rôle des sages-femmes face à la violence conjugale, un rôle encore méconnu au Liban. Un sujet qui a d’ailleurs particulièrement marqué beaucoup d’étudiantes, comme Malak et Zahraa qui insistent sur « la mission des sages-femmes dans la lutte contre la violence conjugale et le mariage précoce ». Selon la docteure Hajj, la femme enceinte qui souffre de violence conjugale visite mensuellement un service de santé. « La sage-femme pourrait être ainsi parmi les premiers à dépister la violence conjugale. Et comme elle a des compétences médico-psycho-sociales, elle peut aider dans le traitement », indique la docteure Hajj. Quant à la prévention du mariage des enfants, « la sage-femme doit participer à la sensibilisation de la société », continue la chef du département des sages-femmes.

Le colloque a visé « à enrichir le bagage scientifique des étudiantes et leur ouvrir un marché du travail plus large, ainsi que des possibilités de stage dans les ONG travaillant sur la violence conjugale et le mariage des enfants », affirme encore la docteure Mariana Hajj.



Visant à mettre en lumière les différents domaines d’intervention de la sage-femme, dont certains sont encore méconnus au Liban, un colloque a été organisé en juin dernier par le département des sages-femmes de la faculté de santé publique de l’UL section 5, autour du thème « Sage-femme : compétences, dévouement et intelligence », en collaboration avec le conseil...

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