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Liban - Que faire ce week-end

À Tripoli, un voyage dans l’espace et le temps

Dans les souks de Tripoli. Photos Natheer Halawani

Longtemps, elle a été abandonnée à son triste sort par l’État libanais, en sus d'être le théâtre d’une vingtaine de rounds d’affrontements fratricides sanglants entre 2011 et 2014… Tripoli est la deuxième plus grande ville du Liban. Mais la connaît-on vraiment ? Ce week-end, rendez-vous dans la capitale du Nord.

Avec un présent difficile et un futur incertain, Tripoli n’a que son passé à offrir. Tous les matins, la médina dépoussière ses merveilles et ses trésors d’antan : minarets, coupoles, portails, vieux souks et khans, son imposante citadelle… Qualifiée de « mère des pauvres », Tripoli est en réalité très riche pour celui qui la regarde avec son cœur.


La vieille ville

La citadelle « Sanjil ». Les Tripolitains ont arabisé le nom du bâtisseur de la citadelle de Tripoli, Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, qui s’est installé à Tripoli jusqu’à la fin de ses jours à l’époque des croisés. Ce château fort surplombe la ville et offre une vue panoramique de Tripoli. Essayez de vous arrêter quelques minutes devant chacune des fenêtres de la citadelle, et regardez dehors. Vous aurez l’impression de vous promener dans une galerie d’art tellement les paysages qui vous sont offerts ressemblent à des tableaux. Ne vous attendez pas à des peintures parfaites parce que la ville dans laquelle vous vous trouvez est loin de l’être. Mais elle est chaleureuse et déborde de tendresse. En regardant par les fenêtres qui donnent sur les anciens quartiers pauvres de Tripoli, vous verrez, entre autres, des bâtiments serrés les uns aux autres et de petites « maisons aux bords des larmes », comme dirait Vénus Khoury-Ghata.

La promenade dans les recoins de la citadelle est double : un voyage dans l’espace et dans le temps. Il est vrai que le comte de Toulouse a construit ce château fort mais la citadelle de Tripoli telle que vous la verrez n’est pas celle qui a été bâtie du temps des croisés. En réalité, toutes les civilisations qui se sont succédé dans la ville y ont ajouté leurs touches et laissé leurs traces : les Fatimides, les Mamelouks, les Ottomans et bien d’autres. En arpentant ses nombreuses chambres qui s’élèvent jusqu’à environ une centaine de pièces de dimension variée, vous serez en train de parcourir l’histoire de la ville de Tripoli.

En contrebas, dans les vieux souks et khans, les marchands retroussent leurs manches et font sortir au soleil leurs produits locaux. Tripoli a préservé cette particularité des villes anciennes : les souks spécialisés. Les courses dans la capitale du Nord sont donc très faciles à faire : si vous avez besoin de savon vous irez à Khan el-Saboun, pour les parfums à Souk el-Attarine, pour vous offrir un bijou ou l’offrir en cadeau, destination Souk el-Sagha… Situés au pied de la citadelle de Saint-Gilles, les vieux souks sont un joyau du patrimoine libanais. Construits par les mamelouks, ils ont ensuite été élargis par les Ottomans. Ils abritent également des hammams, jadis lieux de rencontre et de sortie pour les habitants de la ville, qui constituent l’une des traces indélébiles de l’époque ottomane. La plupart des hammams ont été détruits ou transformés en attractions touristiques. Hammam al-Abd, situé près de Souk al-Saboun, est le seul à accueillir, jusqu’à nos jours, les clients et les habitués. En vous promenant dans les vieux souks, vous aurez l’impression d’être transportés dans une médina méditerranéenne comme il n’y en a plus. Bercés par la voix ample mais sereine du muezzin en background, vous voilà secoués par les cris des marchands très créatifs par moments et inspirés du monde de l’information : « Newsflash, newsflash ! Les soldes chez nous sont à ne pas rater ! »

Pour finir votre ballade, posez-vous chez al-Dannoun ou Akra pour déguster un plat tripolitain authentique et succulent : foul et fatté.


Un voyage dans le futur

Encore une fois, la ville de Tripoli servira de machine à remonter le temps. Bien qu’elle fut réalisée entre les années 1968 et 1974, la Foire internationale Rachid Karamé, conçue par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer (décédé en 2012), est un ensemble futuriste qui frappe encore le visiteur quarante-cinq ans après ! La grande halle, le pavillon libanais, le théâtre expérimental, le théâtre en plein air, le musée de l’habitat, un héliport tout en courbes et béton constituent l’un des rares exemples de l’architecture du Mouvement moderne de XXe siècle et l’une des œuvres majeures représentatives de ce mouvement dans le Proche-Orient arabe.

Lorsque la guerre a éclaté, en 1975, le projet, quasi achevé, est arrêté et abandonné et le site ensuite occupé par l’armée syrienne. Vous trouverez quelques graffitis et gribouillages sur les murs rappelant la guerre civile et l’occupation syrienne. Essayez quand même de vous concentrer sur la grandeur de ce site de 70 hectares, situé entre le centre historique de Tripoli et le quartier de Mina, sur sa conception avant-gardiste et ses bâtiments au design inédit et sans égal dans toute la région. Pour toutes ces raisons et plus, la Foire internationale de Tripoli a été inscrite sur les listes indicatives du patrimoine mondial de l’Unesco en 2018.


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commentaires (7)

PRIERE LIRE GOUVERNEMENTS SUCCESSIFS. MERCI.

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 13, le 09 août 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • PRIERE LIRE GOUVERNEMENTS SUCCESSIFS. MERCI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 13, le 09 août 2019

  • J'en profites pour faire un peu de publicité : http://minjara.com/ c'est juste encore quelques jours ouvert (2 semaines encore), malheureusement je crains ne pas y pouvoir aller mais c'est dommage car j'aimerais bien visiter ce salon à Tripoli.

    Stes David

    15 h 39, le 09 août 2019

  • Une belle ville, pleine de charme. Faut juste que ses habitants restent vigilants pour ne pas tomber dans l'extrémisme wahabo bensaoud.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 49, le 09 août 2019

  • TRIPOLI MA VILLE NATALE EST UNE VILLE FANTASTIQUE REPUTEE POUR SON VIVRE ENSEMBLE AVANT SON BAKLAVA, SES SAVONS ODORANTS ET SES PARFUMS. C,EST UNE VILLE ENVOUTANTE DE BEAUTE. MALHEUREUSEMENT OUBLIEE DES DECENNIES DURANT PAR LES GOUVERNEMENTS CONSECUTIFS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 21, le 09 août 2019

  • C'est joli Tripoli, j'ai aimé mes visites, il y a beaucoup à voir du patrimoine impressionant de cette ville, et je suis personnelement curieux de visiter "Minjara" https://www.lorientlejour.com/article/1177957/minjara-organise-son-premier-salon-a-la-foire-rachid-karame.html j'ai lu que jusqu'en septembre il y aurait encore le salon Dar 2019 à la foire Rachid Karamé à Tripoli. Pour être plus exacte c'est surtout l'art classique des menuisiers (l'artisanat du bois dans le moyen-age à Tripoli) qui m'interesse mais peut-être au salon on a des info sur cela aussi.

    Stes David

    11 h 33, le 09 août 2019

  • Tripoli est nee en bonne sante il y a des milliers d annees aurait peut etre ecrit Amine Maalouf.Merci pour l article.

    Helou Helou

    10 h 08, le 09 août 2019

  • Un vrai bonheur, en effet, de découvrir cette ville, le charme de ces souks qui rapellent les anciens souks de Beyrouth, la gentillesse des habitants...

    NAUFAL SORAYA

    08 h 34, le 09 août 2019

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