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À La Une - Conflit

Ankara et Washington font un pas vers une "zone de sécurité" en Syrie

Le président Recep Tayyip Erdogan indique que l'ouverture du centre d'opérations marquerait "le début du processus".

Un combattant syrien soutenu par la Turquie entre dans un immeuble à travers un trou dans le mur, le 6 août 2019 dans la localité de Tadef, située à proximité de la ville d'Al-Bab dans le nord de la Syrie. Photo AFP / Nazeer Al-Khatib

La Turquie et les Etats-Unis ont décidé mercredi d'établir un "centre d'opérations conjointes" pour coordonner la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie, une mesure visant à prévenir un affrontement entre forces turques et kurdes.

Cette annonce, chiche en détails, intervient après trois jours d'intenses négociations avec les Etats-Unis, qui cherchent à éviter une nouvelle opération militaire turque contre les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qui contrôle des zones du nord de la Syrie. Soutenues et armées par les Etats-Unis contre le groupe Etat islamique (EI), les YPG sont toutefois considérées par la Turquie comme une "organisation terroriste" menaçant sa sécurité.

Selon deux communiqués publiés séparément par le ministère turc de la Défense et l'ambassade américaine à Ankara, les deux pays se sont entendus pour mettre "rapidement" en place "un centre d'opérations conjointes en Turquie pour coordonner et gérer la mise en place de la zone de sécurité". Aucun détail n'a cependant été dévoilé sur ce projet de "zone de sécurité", ni sur sa profondeur, ni sur les forces qui en auraient le contrôle, deux points où les divergences entre les deux parties étaient particulièrement fortes.

D'après la presse turque, Ankara réclamait une bande de 30 km de profondeur d'où les YPG devraient se retirer, bien plus que la formule proposée par Washington. En outre, la Turquie demandait à avoir le contrôle exclusif de cette zone. La Turquie conçoit cette "zone de sécurité" comme un tampon entre sa frontière et les positions des YPG situées à l'est de l'Euphrate en Syrie, jusqu'à la frontière irakienne.

Interrogé lors d'une conférence de presse au sujet de l'annonce mercredi, le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que l'ouverture du centre d'opérations marquerait "le début du processus" visant à créer une "zone de sécurité". "Ce qui est important, c'est que nous prenions des mesures pour l'est de l'Euphrate. Et c'est ce qui est en train d'être fait avec les Américains", a-t-il ajouté, se refusant toutefois à avancer un calendrier.


(Lire aussi : Opération turque dans l’Est : le ton durcit entre Ankara et Washington)


Menaces d'intervention

La Turquie avait multiplié ces derniers jours les menaces d'intervention contre les positions kurdes situées à l'est de l'Euphrate en Syrie, après des mois de négociations infructueuses avec les Etats-Unis. Mardi encore, M. Erdogan affirmait qu'il lancerait "très bientôt" une opération si les discussions n'aboutissaient pas. La situation semble s'être brusquement débloquée mardi. M. Erdogan a dit mercredi que les discussions avaient suivi une progression "vraiment positive".

Le ministère turc de la Défense a indiqué mercredi que la "zone de sécurité" devait à terme devenir un "couloir de paix" où pourraient s'installer les réfugiés syriens, qui sont plus de 3,6 millions à avoir rejoint le Turquie. Le soutien de Washington aux YPG empoisonne depuis plus de trois ans les relations entre la Turquie et les Etats-Unis, alliés au sein de l'Otan.


(Lire aussi : Ankara appelle Washington à couper les ponts avec les YPG dans le nord de la Syrie)



Les YPG sont l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition kurdo-arabe que les Etats-Unis et d'autres pays occidentaux, comme la France, ont appuyée et armée contre les jihadistes de l'EI. Mais Ankara considère les YPG comme une "organisation terroriste" en raison de ses liens étroits avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe qui livre une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.

La Turquie redoute que l'implantation d'une zone autonome kurde à sa frontière ne galvanise les velléités séparatistes sur son sol. En 2016, l'armée turque a lancé une offensive terrestre dans le nord-ouest de la Syrie contre l'EI et les YPG. L'an dernier, elle a mené une deuxième offensive contre les combattants kurdes, s'emparant de l'enclave d'Afrine. Cette fois, ce sont les territoires contrôlés par les YPG à l'est de l'Euphrate qui sont dans le collimateur d'Ankara. Ces dernières semaines, les médias turcs ont fait état de l'envoi de véhicules militaires et d'unités de commandos vers des localités turques à proximité de la frontière syrienne.


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commentaires (4)

C'est du provisoire qu'il fait s'en féliciter. Erdogan changera d'avis dans quelques semaines. L'Amérique gagne un peu du temps pour mettre en place son plan que l'Amerique seule connaît les détails... Reste la Russie...si elle n'a pas un accord préalable avec l'Amérique pour créer un Kurdistan ...elle fera tout pour faire echouer les plans. Une région minée.

Sarkis Serge Tateossian

22 h 14, le 07 août 2019

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Commentaires (4)

  • C'est du provisoire qu'il fait s'en féliciter. Erdogan changera d'avis dans quelques semaines. L'Amérique gagne un peu du temps pour mettre en place son plan que l'Amerique seule connaît les détails... Reste la Russie...si elle n'a pas un accord préalable avec l'Amérique pour créer un Kurdistan ...elle fera tout pour faire echouer les plans. Une région minée.

    Sarkis Serge Tateossian

    22 h 14, le 07 août 2019

  • Une bonne chose à tous points de vues A voir détails...et réactions russes et du régime de Bachar

    Chammas frederico

    20 h 16, le 07 août 2019

  • COMMENT DEUX PAYS ETRANGERS PEUVENT-ILS SE METTRE D,ACCORD ET CREER DES ZONES DITES DE SECURITE SUR LE TERRITOIRE D,UN AUTRE ETAT ? EN L,OCCURENCE LA SYRIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 15, le 07 août 2019

  • Comment peuvent expliquer ou voir ceux qui détestent erdo, et à juste titre, le rôle de l'amérique qui se rend complice du massacre des kurdes par erdo ??? Ne louvoyez pas svp. Merci.

    FRIK-A-FRAK

    19 h 55, le 07 août 2019

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