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Économie - Infrastructures

La ministre de l’Énergie dresse un premier bilan de son action

La réduction des pertes non techniques a fait gagner 45 milliards de livres de plus que les objectifs déjà fixés par le ministère.

La ministre de l’Énergie, Nada Boustani, entourée de l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Elizabeth Richard, et de l’assistant du secrétaire d’État américain spécialisé dans les questions liées à l’énergie, Francis Fanon. Photo tirée du compte Twitter de la ministre

La fin de la semaine a été remplie au niveau de la communication pour la ministre de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani. Intégrée fin janvier dans le gouvernement Hariri III, la ministre a dressé jeudi après-midi sur son compte Twitter le bilan de ses six premiers mois depuis sa prise de fonctions.

Un thème qu’elle a également abordé hier dans un entretien publié par le quotidien an-Nahar ou encore dans un discours prononcé le même jour sur le site du barrage de Faraya-Chabrouh (Mont-Liban) pour inaugurer un événement consacré aux techniques « extrêmes » d’exploitation de ressources énergétiques – fracturation hydraulique, forage en eaux profondes, etc.

Lors de ces différentes interventions, la ministre est naturellement revenue sur le secteur de l’électricité, qui fait l’objet d’un plan de réformes adopté au printemps par le Conseil des ministres. Réclamé notamment par les donateurs de la conférence de Paris d’avril 2018 (la CEDRE), ce plan vise à rendre Électricité du Liban (EDL) capable de fournir du courant 24 heures sur 24 à tous ses abonnés tout en restant rentable – sans subventions publiques.



(Lire aussi : Électricité : le ministère de l’Énergie traque les branchements illégaux)



Pertes techniques et non techniques
Aujourd’hui, les capacités du fournisseur d’État ne lui permettent pas de répondre à la demande interne, ce qui oblige la quasi-totalité des foyers à s’abonner à des générateurs privés. Une situation d’autant plus problématique que le Trésor a avancé près de 2 milliards de dollars à EDL en 2018 (pour un déficit public de 6,2 milliards de dollars sur cet exercice) et qu’une enveloppe au montant voisin est prévue dans le budget 2019, qui vient d’entrer en vigueur.

Le premier axe principal du plan de réforme prévoit de réduire les pertes techniques (liées à la vétusté du réseau) et non techniques (vols, erreurs et pertes). Ces dernières ont absorbé plus d’un tiers de l’électricité produite en 2018, un seuil que le gouvernement entend diviser par environ trois d’ici à 2021. C’est le seul axe sur lequel le ministère a enregistré des progrès significatifs. Le deuxième axe, qui prévoit la construction de centrales temporaires, puis durables, en est encore aux premiers stades : la phase de préqualification précédant l’appel d’offres pour la construction et la gestion de nouvelles centrales électriques et la signature d’accords d’achat d’énergie à long terme a en effet été lancée mi-juillet. Le troisième axe, qui va mettre en place une hausse des tarifs d’électricité figés depuis 1994, ne doit être mis en œuvre qu’à partir de 2020.

S’agissant des pertes non techniques, le ministère est notamment parti à la chasse aux branchements illégaux en intensifiant les contrôles – menés par EDL avec l’appui des Forces de sécurité intérieure (FSI) – et en réduisant de 75 % pendant trois mois depuis fin mai les tarifs de raccordement. Selon la ministre, ces mesures ont permis de doper de 45 milliards de livres (près de 30 millions de dollars) les revenus d’EDL liés à la collecte des factures, au-delà du seuil de 148,75 milliards de livres (près de 100 millions de dollars) attendus suite aux autres opérations visant à les améliorer.

Le ministère a de plus fait état de 23 892 procès-verbaux pour infraction dressés, dont : 8 329 au Liban-Nord dans les régions gérées par la concession la Qadicha (Chekka, Tripoli-Mina et les Cèdres) ; 4 695 dans le Mont-Liban ; 4 512 au Liban-Sud (en incluant Nabatieh) ; 3 209 au Liban-Nord hors Qadicha ; 2 269 dans la Békaa ; et 878 à Beyrouth. Mme Boustani a enfin rapporté que 61 700 nouvelles demandes de raccordement avaient été adressées à EDL (depuis mai). En tournée dans le Nord il y a une semaine, la ministre avait évoqué le chiffre de 60 000, puis près de 2 500 autres nouvelles demandes faites cette fois auprès des services de la Qadicha.



(Lire aussi : Hydrocarbures offshore : le Liban poursuit ses discussions avec ses voisins, assure Boustani)



Compteurs et lignes haute tension
Mme Boustani a également fait le point sur l’installation de compteurs intelligents – capables de transmettre les données de consommation en temps réel – dans tout le pays. Ce projet doit être mis en œuvre par les prestataires de services privés qui se partagent la gestion et la maintenance du réseau de distribution depuis 2012 : National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas) dans les régions du sud du pays, BUS (groupe Butec) dans les régions nord, et KVA (Arabian Construction Company et Khatib & Alami) pour Beyrouth et la Békaa. La société Mrad for Trading, Industry and Contracting a été désignée il y a environ un an pour se partager le Sud avec NEUC.

Le déploiement des compteurs a été retardé à plusieurs reprises pour différentes raisons – un désaccord entre EDL et une partie des prestataires sur le fournisseur –, avant de démarrer en mars dernier, dans certaines régions. Selon le ministère et EDL, 3 400 compteurs intelligents auraient été installés sur le réseau basse tension, pour 480 compteurs sur celui de moyenne tension. Contactée par L’Orient-Le Jour, une source à EDL a précisé que ces chiffres ne concernent que les régions gérées par NEUC et que les autres prestataires devraient bientôt commencer le déploiement dans leurs régions respectives. Plus de 1,5 million de foyers seront équipés à terme sur tout le territoire, selon les chiffres habituellement cités par EDL.

La ministre a enfin indiqué qu’EDL avait programmé des travaux sur plusieurs lignes haute tension, dont celles, très contestées mais désormais opérationnelles depuis mi-juin, qui sont situées dans la localité de Mansouriyé (sud-est de Beyrouth) ; ou encore le relais de Faïtroun (Keserouan), sur lequel les travaux ont été terminés fin juillet. Deux autres chantiers de ce type, à Hermel (nord de la Békaa) et Tyr (Liban-Sud), doivent être achevés en septembre.



Énergies renouvelables, eau et hydrocarbures
S’agissant des autres domaines qui sont du ressort du ministère de l’Énergie, la ministre a rappelé les objectifs fixés en matière d’énergies renouvelables – une part de 12 % d’ici à 2020 et de 30 % d’ici à 2030, ce dernier seuil ayant été fixé suite à une étude réalisée en coopération avec l’Agence internationale pour les énergies renouvelables. Le sujet a en outre donné lieu à une passe d’armes hier entre la ministre et la députée indépendante Paula Yacoubian, qui l’a interpellée sur Twitter par rapport à ces objectifs.

Mme Boustani est par ailleurs revenue sur les dossiers de la gestion de la distribution d’eau et du réseau d’assainissement, citant notamment l’inauguration d’une nouvelle usine de traitement des eaux usées à Zahlé il y a deux semaines ou encore le lancement d’une campagne pour lutter contre les raccordements illégaux sur le réseau de distribution d’eau. À Faraya-Chabrouh, elle a affirmé que le ministère avait choisi plusieurs sites pour construire des lacs de rétention des eaux pluviales pour développer l’agriculture et indiqué que les travaux sur une usine de traitement des eaux usées allaient « bientôt » démarrer à Maïrouba, entre autres annonces.

La ministre a enfin rappelé les derniers développements dans le dossier des hydrocarbures offshore, avec le début des forages dans deux blocs des dix de la zone exclusive du pays, le n° 4 au centre-est et le n° 9 au sud-est, pour lesquels l’État a confié en février 2018 des licences d’exploration et d’exploitation au consortium Total-ENI-Novatek. Le forage du premier puits, qui doit permettre de confirmer le potentiel du pays, est programmé pour la fin de l’année, celui du second en 2020. Le Liban a en outre lancé un second round d’attribution, mettant cette fois en jeu cinq nouveaux blocs (n° 1, nord-ouest ; n° 2, nord-est ; n° 5, centre-ouest ; n° 8, sud-est ; et n° 10, sud-ouest). Les compagnies intéressées ont jusqu’au 31 janvier 2020 pour présenter leurs dossiers.

Ce sujet a d’ailleurs été évoqué hier lors d’une réunion à Beyrouth entre la ministre, l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Elizabeth Richard, et Francis Fanon, l’assistant du secrétaire d’État américain spécialisé dans les questions liées à l’Énergie. Les États-Unis suivent également les développements liés au plan de réforme pour l’électricité, le géant américain General Electric ayant fait publiquement part de son intérêt pour l’axe prévoyant la construction de nouvelles centrales.



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