Le 9 août prochain à 21 heures, date à laquelle était programmé le concert de Mashrou' Leila, chaque personne qui soutient la liberté d’expression, la liberté artistique et les libertés individuelles est invitée à partager publiquement et sur les réseaux sociaux une chanson du groupe avec le hashtag للوطن# (lilwatan en arabe, pour la nation).
La société civile contre-attaque, après l’annulation par le Festival international de Byblos et sous la contrainte, du concert de Mashrou’ Leila, ce groupe de rock alternatif libanais accusé d’atteinte aux valeurs et symboles chrétiens, victime d’une campagne de menaces et d’incitations à la violence. Le 9 août prochain à 21 heures, date à laquelle était programmé le concert, chaque personne qui soutient la liberté d’expression, la liberté artistique et les libertés individuelles est invitée à partager publiquement et sur les réseaux sociaux une chanson du groupe, avec le hashtag للوطن# (lilwatan en arabe, pour la nation).
C’est ce qu’a annoncé vendredi le directeur de l’association SKeyes (Samir Kassir Eyes) qui milite pour la liberté d’expression, Ayman Mhanna. « Ils ont empêché quelque 5.000 personnes d’aller voir le concert de Mashrou’ Leila ? Mais c’est le Liban entier et bien au-delà qui va écouter Mashrou’ Leila », a martelé le militant. « On verra bien qui tirera bénéfice de cette annulation », a-t-il ajouté, dans une volonté annoncée de défier la décision d’annuler le spectacle. « Car sans voix, il ne peut y avoir de nation. Sans diversité, point de nation non plus. Sans liberté, il n’y a pas non plus de nation ».
(Lire aussi : Libertés publiques au Liban : « Le silence coupable des partis politiques doit cesser »)
L’Etat a failli à ses obligations
C’est lors d’une conférence de presse tenue vendredi sur la suite à donner à l’annulation du concert de Mashrou’ Leila, que SKeyes a lancé cette campagne de soutien au groupe. Organisée par la Commission nationale des droits de l’homme, dans les locaux de l’association Legal Agenda et en partenariat avec cette ONG de défense des libertés publiques, l’événement a vu la participation de Nizar Saghieh, représentant Legal Agenda, Bassam Kantar du Comité de prévention contre la torture, Hala Bejjani, directrice exécutive de l’association Kulluna Irada, Sahar Mandour d’Amnesty international, et du compositeur et chanteur Marcel Khalifé. Tour à tour, les activistes pour les droits humains ont insisté sur « la nécessité de combattre l’intolérance et la haine ». Ils ont surtout dénoncé « le laisser-faire de l’Etat qui a failli à ses obligations de protéger les quatre membres du groupe de rock, les organisateurs du Festival international de Byblos et le public, des menaces et discours haineux », appelant aussi à « protéger les libertés d’expression et artistique ». Ils ont rappelé par la même occasion, que « le groupe Mashrou’ Leila avait présenté son album 2015 au Festival international de Byblos, en 2016, sans que jamais l’Etat, ni l’Eglise, ni les individus ne se sentent menacés de quoi que ce soit ». Ils ont enfin, avec le concours de onze associations de défense des libertés publiques, adressé une dénonciation au procureur général près la Cour de cassation par intérim, Imad Kabalan, dénonçant « les sérieuses atteintes portées à l’encontre du groupe Mashrou’ Leila et ce qu’il représente », réclamant « des poursuites contre les parties qui ont lancé les discours haineux et incité à la violence à l’égard d’un groupe musical, d’un festival culturel et de son public ».
« Ces parties sont allées jusqu’à menacer d’effusions de sang, un précédent au Liban », ont condamné les participants.
Parallèlement, un concert gratuit, dont le lieu sera annoncé ultérieurement, est prévu le 9 août également, à l'heure où devait avoir lieu le concert de Mashrou' Leila, sous l'intitulé « La voix de la musique est plus forte : un concert contre la répression ». L'invitation a été lancée sur Facebook, avec une page du même nom qui a été créée à cet effet.
Alors que la résistance de la société civile se met minutieusement en place, le père Abdo Abou Kassem, président du Centre d’information catholique, adressait un message de remerciements aujourd’hui au directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, « pour avoir appelé à la protection des symboles religieux au Liban, contre ceux qui se produisent dans des festivals organisés et plus particulièrement contre ce concert qui devait avoir lieu dans le cadre du Festival international de Byblos ». Et d’ajouter : « Vous avez traité l’affaire avec une sagesse telle, que cette occasion de porter atteinte aux sacrements a été annulée par ses organisateurs ».
La polémique concernant le concert du groupe à Jbeil avait éclaté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux en raison d'une atteinte présumée à la religion chrétienne due à une photo représentant une icône de la Vierge dont le visage a été remplacé par celui de la chanteuse Madonna, accolée à un article partagé par le chanteur du groupe, Hamed Sinno, en 2015. Deux des titres du groupe sont également pointés du doigt. Sur un plan plus implicite, l’homosexualité affichée du chanteur semble également déranger. Mardi, le comité organisateur du festival a finalement annoncé avoir été « obligé d'annuler le concert » du groupe « pour éviter une effusion de sang et préserver la sécurité et la stabilité ».
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commentaires (7)
UNE CHOSE EST BONNE POUR CE GROUPE PARDON JE N'EN AVAIS JAMAIS ENTENDU PARLE MAINTENANT IL EST DEVENU CELEBRE MONDIALEMENT ET LE LIBAN ASSASSINE DANS LA PRESSE INTERNATIONALE A VOUS MAINTENANT UN REGAIN DE NOTORIETE , DE GROS SOUS EN PERSPECTIVE ET UNE HONTE POUR CEUX QUI VOUS ONT MENACES ET/OU INTERDIT EN ATTENDANT DE VOIR LA JUSTICE SUIVRE SON COUR A MALHEUR QUELQUE CHOSE EST BON
LA VERITE
13 h 19, le 04 août 2019