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Liban - Remous sociaux

Grève aujourd’hui dans les administrations et municipalités, les militaires retraités dans la rue

Les militaires retraités, place des Martyrs. Photo ANI

Le budget d’austérité débattu depuis hier par la Chambre des députés ne passera pas sans remous sociaux… ni surenchères. Les réductions budgétaires dans les ministères, les ponctions salariales et la perspective de nouvelles taxes ont conduit hier la ligue des fonctionnaires à proclamer, à partir d’aujourd’hui, une grève ouverte dans toutes les administrations, institutions publiques et municipalités.

De leur côté, les militaires à la retraite, la tranche sociale la plus organisée et la plus combative parmi celles qui sont visées par le projet de budget 2019, ont à nouveau manifesté hier, place des Martyrs, contre toute atteinte à des droits considérés comme « une ligne rouge ». Plusieurs vétérans de l’armée libanaise avaient, durant la nuit, installé une tente sur la place des Martyrs et annoncé qu’ils refuseraient de se nourrir jusqu’à la fin de la séance parlementaire, qui doit se terminer jeudi soir par le vote du budget, après examen.

Les deux ligues des professeurs à la retraite des cycles secondaire et primaire ont adressé, elles, au président de la Chambre et aux députés une supplique protestant contre la présence dans le budget d’un impôt considéré comme « impôt sur le revenu » sur leurs pensions de retraite. Ils considèrent cet impôt comme une aberration comptable et une injustice, puisque la pension de retraite n’est pas évolutive et ne saurait être considérée comme un revenu.

Sur ces revendications, se sont greffées des surenchères venues de groupes et de partis de gauche, comme le Parti communiste libanais, l’OACL et quelques activistes. Pour Hanna Gharib, secrétaire général du PCL, le budget n’est que l’architecture légale qui doit permettre de continuer à vampiriser l’économie. M. Gharib, comme beaucoup, prédit un effondrement qui sanctionnera en toute justice une politique économique et financière frileuse qui ne s’attaque pas à l’essentiel.

Pour en revenir aux militaires à la retraite, ces derniers sont hostiles à un ponction mensuelle de 3 % sur les pensions de retraite des anciens militaires qui doit servir à financer leur couverture maladie, bien que cette mesure ait été revue à la baisse et fixée à 1,5 %. Toutefois, leurs objections vont au-delà de ce détail et touche au fond du problème : le déficit budgétaire, assurent-ils dans un communiqué, « est dû à un pouvoir corrompu et n’est pas tributaire d’une contribution arrachée à l’orphelin, au pauvre et à l’honnête soldat ».


(Lire aussi : Les députés n’ont pas encore entamé l’examen du budget)



Atteinte au moral de l’armée

Le communiqué place les députés réunis pour débattre du budget devant une seule alternative : « appuyer les méthodes du pouvoir et porter atteinte au moral de l’armée et des forces de sécurité, ou appuyer les forces de la modération, du dialogue, de l’honneur, du sacrifice et de la fidélité ».

Illustrant cette volonté de « modération », le général à la retraite Georges Nader a précisé hier aux représentants de la presse présents dans la rue que les anciens militaires ne tenteront pas d’entrer par la force au Parlement ou de bloquer la circulation. Ce qui n’a pas empêché la manifestation des retraités de l’armée, jointe aux mesures de sécurité entourant le Parlement, de provoquer d’énormes embouteillages à l’entrée nord de Beyrouth.

« Que l’on arrête de berner l’opinion, a souligné le communiqué, le déficit budgétaire de l’État est dû à un pouvoir corrompu, et n’est pas tributaire d’une contribution arrachée à orphelin, au pauvre et à l’honnête soldat. Le mouvement des militaires à la retraite refuse catégoriquement toute réduction des salaires des militaires et fonctionnaires, qu’ils soient d’active ou à la retraite, et invite les députés à faire échec à toute clause budgétaire correspondante. »

Qualifiant le projet de budget 2019 de « chétif et anticonstitutionnel », les militaires prévoient que son adoption tel quel « paralysera économiquement le pays et provoquera très vite la chute du gouvernement ».

Les militaires ont déclaré se mettre bénévolement à la disposition des organismes de contrôle, de la justice, de l’Inspection centrale et du Service de protection du consommateur, et ce « pour mettre fin au pillage, au vol et à la corruption », et « recouvrer l’argent des pauvres pillé par des hommes sans conscience ».


(Lire aussi : Déraisons d’État, l'édito de Issa GORAIEB)


Présent un moment dans la rue aux côtés des manifestants, Chamel Roukoz, député du Courant patriotique libre, a quant à lui assuré qu’il s’opposera aux articles qui « portent atteinte aux militaires et au secteur public ». « Je dis ce que je veux, et les militaires sont le nerf du (bloc) Liban fort », a répondu M. Roukoz lorsqu’on lui a demandé si ses propos représentaient ce bloc dont le CPL est la principale composante. « Nous regrettons de vous voir dans la rue pour réclamer vos droits alors que l’État avait pour devoir de les préserver », a-t-il dit aux militaires.

Les députés Élias Hankache, Jean Talouzian et Paula Yacoubian ont rejoint les militaires dans la rue. « Le budget est une catastrophe », a jugé Mme Yacoubian, députée indépendante. M. Hankache, député Kataëb, s’est également solidarisé avec les militaires.


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