Des Palestiniens ont protesté mardi dans plusieurs régions du Liban contre la campagne menée par le ministère du Travail visant à lutter contre l'emploi illégal des étrangers.
Ainsi, mardi à l'aube, des protestataires ont bloqué à l'aide de pneus enflammés les entrées des camps de Aïn el-Héloué et Miyé Miyé, au Liban-Sud, pour protester contre la décision du ministère du Travail de fermer les commerces détenus illégalement par des étrangers ou employant des ouvriers non-libanais ne possédant pas de permis de travail. Des réfugiés palestiniens ont également bloqué les entrées du camp d'el-Jalil, à Baalbeck (Békaa) en guise de protestation, appelant le ministre du Travail à "revenir sur sa décision de priver les Palestiniens du droit de travailler". Plus tard dans la journée, de jeunes hommes ont mis le feu à des pneus pour bloquer l'entrée au camp de Bourj el-Barajneh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au niveau de l'ancienne route menant à l'aéroport. Près de 200 manifestants ont également défilé dans la capitale et ont été empêchés par les forces de sécurité de se diriger vers le siège du Parlement. Ils ont dénoncé une campagne "injuste".
En juin, le ministère du Travail a donné un délai d'un mois aux entreprises pour acquérir les permis de travail nécessaires. Après l'expiration de ce délai la semaine dernière, le ministère a commencé des inspections, fermé des établissements en infraction et donné des avertissements. Des militants ont critiqué ces mesures, affirmant qu'elles visaient particulièrement les Syriens qui seraient 1,5 million au Liban selon les autorités. Mais les réfugiés palestiniens du Liban craignent aussi de faire les frais de cette campagne. Les réfugiés palestiniens au Liban bénéficient d'une exemption des frais appliqués aux travailleurs étrangers pour l'obtention d'un permis de travail. Les entrepreneurs parmi eux doivent en revanche payer 25% des frais appliqués au permis de travail et inscrire leur activité au registre du commerce, à l'instar de toute société opérant au Liban.
Une "réaction incompréhensible"
Le ministère du Travail a pour sa part défendu son plan relatif à la lutte contre la main-d’œuvre étrangère illégale et démenti les informations selon lesquelles les Palestiniens sont la cible de ce plan. Contacté lundi par L’Orient-Le Jour, le ministre du Travail, Camille Abousleiman, a assuré que les mesures prises par son ministère ne sont dirigées contre personne mais qu’il était nécessaire d’appliquer la loi.
Mardi, M. Abousleiman s'est de nouveau voulu rassurant et a déploré une "réaction incompréhensible" des Palestiniens. "Sur les 550 infractions à la loi du travail enregistrées depuis mercredi dernier, seuls deux grands établissements tenus par des Palestiniens" sont concernés, a-t-il écrit sur Twitter. "Nous sommes prêts à faire preuve de flexibilité pour aider nos frères palestiniens à obtenir des permis de travail", a-t-il ajouté, promettant toutefois de poursuivre la campagne.
"Dialogue calme et constructif"
Le président de la Chambre a dans ce contexte reçu une lettre du président du Conseil national palestinien, Salim Zanoun, dans lequel il se dit convaincu que Nabih Berry veut que les Palestiniens du Liban "vivent dans la dignité jusqu'à leur retour dans leurs foyers". Il appelle M. Berry à intervenir pour empêcher "les effets négatifs des mesures prises par le ministère du Travail contre certains travailleurs palestiniens".
Dans une lettre publiée sur le site de l'ambassade de Palestine et adressée aux Palestiniens au Liban, l'ambassadeur Achraf Dabbour a de son côté appelé "au dialogue calme et constructif" et au respect des lois libanaises. "Le dialogue aboutira à des résultats positifs, a-t-il assuré. C'est pourquoi je souligne la nécessité de préserver les relations solides et amicales qui nous lient à nos frères libanais". "Notre objectif durant notre présence forcée au Liban est de vivre dignement en attendant de retourner à notre patrie", a encore écrit l'ambassadeur.
Le mouvement palestinien Hamas au Liban a quant à lui exhorté les autorités libanaises sur son site à mettre fin "immédiatement" aux "décisions de fermeture des commerces".
En 2010, le Parlement libanais avait levé les restrictions imposées en matière d'emploi aux réfugiés palestiniens, jusque-là confinés à quelques secteurs, comme l'agriculture ou le bâtiment. Les professions libérales et la fonction publique restent réservées aux Libanais.
Pour mémoire
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commentaires (8)
+ 1000 pour le précédent, lol.
Christine KHALIL
10 h 50, le 17 juillet 2019