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À La Une - diplomatie

L'UE joue son va-tout pour sauver l'accord nucléaire avec l'Iran

Les Européens espèrent convaincre les iraniens de leur volonté de les aider avec l'utilisation de l'Instex, un mécanisme de troc créé pour contourner les sanctions américaines en évitant d'utiliser le dollar. 

Le ministre espagnol des AE, Josep Borrell, futur chef de la diplomatie européenne, et son homologue britannique, Jeremy Hunt, lors d'une réunion des ministres des AE des pays-membres de l'Union européenne, à Bruxelles, le 15 juillet 2019. Photo REUTERS/Johanna Geron

Les Européens sont décidés à jouer leur va-tout pour sauver l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, mais l'impossibilité de contourner les sanctions américaines leur laisse peu de chances de répondre aux attentes de Téhéran, ont averti leurs ministres des Affaires étrangères réunis lundi à Bruxelles.

"L'accord n'est pas encore mort" et l'UE veut donner à l'Iran "une possibilité de revenir sur ses mesures en contravention avec ses engagements", a affirmé le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt à son arrivée pour une réunion avec ses homologues de l'Union.
"L'Iran a pris de mauvaises décisions en réaction à la mauvaise décision des Etats-Unis de se retirer de l'accord et d'imposer des sanctions dont la portée extraterritoriale touche de front les avantages économiques que le pays pouvait retirer de l'accord", a pour sa part soutenu le Français Jean-Yves Le Drian.

Les Européens déplorent la décision de Téhéran de produire désormais de l'uranium enrichi à au moins 4,5%, un niveau prohibé par l'accord. "Les mesures iraniennes sont réversibles et nous appelons les autorités iraniennes à revenir sur leur décision", a plaidé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à l'issue de la réunion. "L'accord est mal en point, mais j'espère que sa dernière heure n'est pas venue. Il est urgent que l'Iran respecte ses engagements", a-t-elle déclaré.


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Mais les autorités iraniennes veulent des actes. Les Européens doivent faire "la preuve de leur volonté politique et de leur capacité" à permettre que l'Iran "bénéficie en pratique" de l'accord, a soutenu le porte-parole iranien des Affaires étrangères Abbas Moussavi dans un communiqué.
"Si les Européens et les Américains ne veulent pas agir conformément à leurs engagements, nous aussi, en réduisant nos engagements, nous contrebalancerons cela et reviendrons à la situation d'il y a quatre ans", a averti le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique Behrouz Kamalvandi.

Les Européens espèrent convaincre les iraniens de leur volonté de les aider avec l'utilisation de l'Instex, un mécanisme de troc créé pour contourner les sanctions américaines en évitant d'utiliser le dollar. Les achats iraniens en Europe seront compensés par des achats européens pour un montant équivalent en Iran.

"Les premières transactions sont en cours de réalisation", a annoncé Mme Mogherini. Dix pays de l'UE se sont engagés à utiliser cet instrument et des pays "non membres de l'UE" vont également rejoindre cette initiative, a-t-elle annoncé. Mais deux grands pays de l'UE, l'Italie et la Pologne, manquent pour crédibiliser cet instrument, a déploré un diplomate européen de haut rang.

L'extraterritorialité des sanctions américaines a abouti au retrait d'Iran des entreprises européennes et le commerce s'est effondré, selon le résumé d'un diplomate européen.
L'Iran ne peut plus exporter son pétrole, et est ainsi privée de l'essentiel de ses revenus. Les exportations de pétrole sont tombées de 1,5 million de barils par jour à 700.000 barils par jour, ce qui est insuffisant pour maintenir une économie viable, souligne-t-on de source européenne.

"Nous ne reconnaissons pas l'extraterritorialité" des lois américaines imposée par Washington, a tempêté l'Espagnol Josep Borrell, désigné pour remplacer l'Italienne Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne si sa nomination est approuvée par le Parlement européen. Il faut "éviter la politique du moins pour moins, parce que c'est la voie vers la rupture définitive de l'accord", a-t-il insisté en réponse aux menaces iraniennes .


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Désaccord avec Washington
"Si l'Iran arrive à posséder l'arme nucléaire, d'autres pays de la région vont l'acquérir et la situation va devenir très dangereuse", a pour sa part averti Jeremy Hunt. "L'Iran n'est pas encore en mesure de développer une arme nucléaire et nous voulons que le Moyen-Orient reste sans armes nucléaires".

Le Britannique a ainsi pris acte des divergences avec Washington: "nous considérons les Etats-Unis comme notre allié, mais des amis peuvent parfois être en désaccord et l'Iran est une de nos rares occasions de désaccord", a regretté M. Hunt. Il est candidat à la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur britannique et au poste de Premier ministre. Il est opposé à Boris Johnson, très proche du président américain Donald Trump.


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