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Nos Lecteurs ont la Parole - par Père Dominique HÉLOU

L’idéologie du genre peut faire des ravages sur la jeunesse

La théorie du genre existe. Son objet est l’élaboration conceptuelle de cette notion de genre. Je rappellerai rapidement ce que ce vocable, en apparence inoffensif, véhicule. Il s’agit d’abord de distinguer entre le donné biologique, le sexe – les promoteurs du genre admettent une différence physique entre un corps d’homme et un corps de femme –, et l’identité sexuelle comme construction sociale, le genre. Mais de la distinction, le genre glisse vers la totale dissociation : l’identité féminine ou masculine serait une pure convention. Le fait de naître dans un corps masculin ou féminin est sans aucune incidence sur votre personnalité sexuée et sexuelle. Il y aurait une neutralité originelle que le nouveau-né perdrait avec la naissance, et même avant, dès que son sexe biologique est identifié. La grande machine d’assignation à une identité, selon le mot fétiche du genre, se met en marche. L’affranchissement à l’égard de la nature permet de se jouer de toutes les identités et sexualités – car l’hétérosexualité, selon eux, n’a rien non plus de naturel. C’est le règne de la flexibilité de l’identité sexuelle.

Les théoriciens du genre postulent que la différence des sexes non seulement est construite, mais qu’elle a été également construite par des mâles blancs hétérosexuels et qu’elle l’est donc selon un ordre hiérarchique au détriment des femmes et des minorités sexuelles. Et c’est là que le genre se veut notre nouvel « Évangile », il nous apporte la bonne nouvelle que cette différence des sexes, qui sert la domination des femmes et des homosexuels, transsexuels…, est construite, et que donc elle peut être déconstruite. Le genre devient un instrument de lutte.

Les défenseurs de cette idéologie nous « tympanisent » les oreilles en affirmant que « la théorie du genre n’existe pas ». La raison en est que le mot de théorie la dévoile d’emblée comme idéologie, aussi veulent-ils absolument qu’elle soit reconnue comme science. Ils savent le prestige que ce statut confère sur les consciences modernes : qui dit science dit incontestable.

Ils espèrent endormir tout le monde en assénant sans trembler que le genre n’est pas présent dans les manuels scolaires. Ils savent parfaitement que les postulats du genre infusent les esprits. Au nom de l’égalité, de la liberté, les élèves de première apprennent ainsi que « le sexe biologique nous identifie comme mâle et femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin » (Hachette), et ceux de seconde, que les « identités du genre qui, pour n’avoir rien de naturel, finissent par coller à la peau des filles et des garçons comme une seconde nature » (Magnard).

Le pape François prend au sérieux cette question et il est tout à fait fondé à le faire. Il est le gardien de l’anthropologie chrétienne qui a fait de la différence des sexes le socle de l’édifice humain. « Il les créa homme et femme », nous dit la Genèse. Cependant, le pape ne se réfère pas à la Bible, mais à la nature : le genre est contraire à la nature, dit-il. On y voit la volonté sans doute d’universaliser son message, de lui permettre d’être reçu, y compris par des esprits agnostiques.

Le genre infiltre l’école et l’esprit des enfants au travers des manuels assurément et des programmes scolaires plus largement. Au collège, dans des cahiers d’activité, au nom de la lutte contre l’inégalité, en seconde dans certains manuels de sciences économiques et sociales dans le cadre du chapitre « Comment devenons-nous des acteurs sociaux ? », et en première, dans les manuels de sciences de la vie et de la terre, ce qui est une imposture car c’est reconnaître au genre l’autorité de la science.

Mais il est d’autres vecteurs de diffusion, et beaucoup plus insidieux : dès le primaire, les lectures et les spectacles que certains professeurs choisissent sont imprégnés de cette idéologie. L’objectif poursuivi est d’armer les enfants contre les représentations, les significations que la civilisation attache au masculin et au féminin. Au nom de la lutte contre les inégalités entre les sexes, les enfants sont invités à traquer ce que l’on appelle les « stéréotypes » de genre. Or, si l’on regarde de près, toute pensée de la différence des sexes est requalifiée de « stéréotype » et tombe sous le coup de l’accusation de sexisme. Le genre et ses zélateurs entendent nous faire vivre dans un monde désincarné, neutre.

Cette idéologie peut faire des ravages sur la jeunesse. L’enfant, l’adolescent sont vulnérables. Il se cherche, et si on le convainc qu’il n’a pas d’identité sexuée et sexuelle ou qu’il n’a pas nécessairement celle dans laquelle ses parents le font grandir – ce qui est le cœur du message qui est asséné à l’école – et qu’il peut à loisir choisir une autre identité, voire n’en choisir aucune et se jouer de toutes, il est entraîné dans un vide identitaire redoutable, totalement déstructurant.

Cette idéologie vise à affranchir l’homme du donné naturel, et c’est en cela que le genre parachève la grande rébellion des Modernes contre la nature. « Se rendre comme maître et possesseur de la nature », dit Descartes, définissant le projet moderne. Le corps sexué était l’ultime citadelle à faire tomber. Notre seul espoir réside dans le fait qu’il y a précisément un donné naturel, que nous ne sommes pas que culture. On peut toujours tenter de chasser la nature, elle revient au galop.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

La théorie du genre existe. Son objet est l’élaboration conceptuelle de cette notion de genre. Je rappellerai rapidement ce que ce vocable, en apparence inoffensif, véhicule. Il s’agit d’abord de distinguer entre le donné biologique, le sexe – les promoteurs du genre admettent une différence physique entre un corps d’homme et un corps de femme –, et l’identité sexuelle comme...

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