Gebran Bassil nous ramène 50 ans en arrière, a réagi hier, au micro de Radio Liban Libre le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, après avoir pris connaissance des propos tenus par le ministre des Affaires étrangères et chef du Courant patriotique libre à Zghorta. Et d’ajouter : « Dans Bassil, c’est un cœur noir qui s’exprime. Cet homme ravive les tensions éteintes. Je ne suis pas étonné que Tripoli lui ait réservé cet accueil », en allusion à la manifestation qui a marqué son arrivée.
Selon des milieux sunnites bien informés, la visite de M. Bassil a été critiquée par la plupart des tendances politiques de Tripoli, qui voient une frappante contradiction entre ses fonctions de chef de la diplomatie libanaise et son rôle de chef de courant politique.
« M. Bassil est en train de faire du tort au vivre-ensemble et d’exacerber l’opinion en menant une campagne présidentielle prématurée qui divise plus qu’elle ne rassemble », ont affirmé des milieux proches de Dar el-Fatwa. Et ces milieux de rappeler que M. Bassil a déjà fait ses preuves dans sa mauvaise gestion du dossier de l’électricité et des navires-centrales, tout en s’interrogeant sur l’origine de sa fortune.
Pour en revenir au chef des FL, il a reproché à Gebran Bassil de « jouer au héros » et de « fanfaronner » sur « des épisodes délicats et controversés d’une guerre qu’il n’a pas connue ».
« Pour dissiper la tension et favoriser un retour à la normale, il faut que M. Bassil cesse de tenir ses discours acérés, d’attaquer les autres et de soulever des sujets qui ont été à l’origine de combats pour lesquels des Libanais sont morts », a conclu M. Geagea en exprimant l’espoir que les allocutions que le chef du CPL va prononcer lors de sa campagne au Liban-Sud ne seront pas semblables à celles qu’il a tenues dans la Montagne druzo-chrétienne et au Liban-Nord.
Samedi, le parti de Samir Geagea avait publié un communiqué accusant le chef du CPL d’avoir « consacré tous ses efforts, ces dernières années, à diviser les chrétiens à travers sa guerre continue envers les FL, que ce soit lors de la formation des gouvernements, des discussions administratives ou concernant les réformes ».
Selon un ancien ministre, le pays est « las des rodomontades de Gebran Bassil et n’aspire qu’au calme ». Et la source citée d’affirmer que tout le corps électoral réuni aux législatives de mai 2018 ne représente que 20 % de la population. « Croyez-moi, confie-t-il à L’Orient-Le Jour, 80 % des Libanais sont profondément dégoûtés par les partis et par le discours d’un homme qui déterre les cadavres des fosses communes puantes de notre mémoire. »
Sur Twitter, le leader druze Walid Joumblatt, qui entretient des relations extrêmement tendues avec le CPL de M. Bassil, surtout après les affrontements de dimanche dernier, a critiqué la visite du chef de la diplomatie dans la capitale du Liban-Nord. » S’il y a une région délaissée au Liban, c’est bien Tripoli. Elle a besoin de beaucoup plus qu’une route des Saints (en allusion au projet prôné par M. Bassil). (...) Tripoli n’a pas besoin de partis politiques démagogiques », a écrit M. Joumblatt.
Enfin, le député Tony Frangié s’est interrogé sur son compte Twitter sur les allusions du chef du CPL. « Quel est ce langage marqué par des “nous” et des “eux” ? Nous sommes tous libanais et voulons tous vivre ensemble dans une patrie une et unifiée, loin du climat tendu, des divisions et du communautarisme inversé que certains tentent de répandre. »
F.N.
commentaires (8)
ou etait jobran lors des 2 accords de meerab ? ou etait michel aoun durant cette meme periode ? OU ETAIT GEAGEA & SES CONSEILLERS ?
Gaby SIOUFI
17 h 24, le 08 juillet 2019