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Lifestyle - 7e Art

Audrey Azoulay : Le cinéma d’auteur libanais fait mieux que résister

La première édition des Journées du cinéma libanais au siège de l’Unesco à Paris s’est tenue durant trois jours et était organisée par la Délégation du Liban auprès de l’Unesco, en partenariat avec la Fondation Liban Cinéma et en présence de réalisateurs libanais.

La directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay saluant Souraya Bagdadi. Crédits : Unesco, Christelle Alix

« Le cinéma d’auteur libanais, aujourd’hui, fait mieux que résister... Il est porté par des talents confirmés, dans les plus grands festivals… Il constitue un indispensable pont entre l’Occident et le monde arabe. » C’est ainsi que la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a donné le coup d’envoi de la première édition des Journées du cinéma libanais au siège de l’Unesco à Paris. Cet événement qui se tenait sur une durée de trois jours, du 24 au 26 juin, était organisé par la Délégation du Liban auprès de l’Unesco, en partenariat avec la Fondation Liban Cinéma et en présence des réalisateurs qui s’étaient déplacés pour l’occasion.

L’ambassadrice du Liban auprès de l’Unesco, Sahar Baassiri, avait ouvert la séance en précisant que le cinéma libanais, « jeune et foisonnant, reste majoritairement influencé par la guerre du Liban, dont la thématique est récurrente ». La présidente de la Fondation Liban Cinéma, Maya de Freige, a ensuite pris la parole pour revenir sur l’important travail effectué par la Fondation au service du 7e art libanais et sur le rôle majeur de cette institution dans le paysage cinématographique.

Modérateur des débats, le réalisateur Hady Zaccak a animé les discussions postprojection avec doigté, démontrant une profonde connaissance du cinéma en général et du cinéma libanais en particulier, posant les bonnes questions entre problématique technique et questionnement existentiel et donnant la parole à un public intéressé et curieux de découvrir ces films venus d’ailleurs.

Jour I La première journée des rencontres était consacrée à Maroun Bagdadi, disparu il y a 25 ans. Hommage au réalisateur avec Hors la vie, film récompensé à Cannes en 1991 et traitant du drame des otages pendant la guerre du Liban, d’après l’ouvrage de Roger Auque, lui-même otage en 1987. Soraya Bagdadi, comédienne et veuve du réalisateur, et Élias Khoury, romancier et coscénariste, étaient présents et sont revenus sur l’œuvre de Bagdadi, les conditions de tournage du film et son originalité. Hady Zaccak, qui remet toujours les œuvres dans leur contexte historique et sociologique, a rappelé que Bagdadi fait partie d’une génération de réalisateurs qui ont contribué à construire la réalité libanaise en l’affrontant par le biais du 7e art et qu’en cela, il est un père fondateur.

Jour II Le Journal de Shéhérazade, documentaire de Zeina Daccache, était sous les projecteurs le second jour des rencontres. Ce film coup de poing qui se passe dans la prison pour femmes de Baabda a beaucoup impressionné le public. Hady Zaccak a souligné que le documentaire au Liban date de la guerre, car, avant 1975, ce genre était plutôt confiné aux questions d’éducation et de tourisme. Zeina Daccache a raconté avec la passion et l’engagement qui la caractérisent son expérience au sein des prisons de Roumié avec les hommes, puis de Baabda avec les femmes et insisté sur l’utilité pour les prisonniers de la « drama therapy » qu’elle a étudiée aux États Unis et importée au Liban. Le Journal de Shéhérazade soulève une série de questions sur la place de la femme dans la société libanaise restée patriarcale, la violence domestique et les lenteurs de l’administration et de la justice. Le débat avec le public a été extrêmement animé, chacun ayant violemment ressenti la misère du quotidien de ces prisonnières, traitées en criminelles mais souvent victimes.

Jour III C’est Tramontane de Vatche Boulghourjian, ou la quête de la mémoire dans une société en crise d’identité, que le public a pu voir puis débattre. Rabih, jeune homme musicien et aveugle, découvre qu’il n’est pas celui qu’il croyait être et que son entourage, pendant 24 ans, lui a menti. « Le pays est-il basé sur un mensonge ? » interroge le réalisateur lors du débat. Le film, dont le genre varie entre road movie, musical et drame, pose certaines questions essentielles sans pour autant donner toutes les réponses, laissant au spectateur la latitude de trouver lui-même certaines solutions. Une mention spéciale est à décerner à la compositrice de la musique du film, Cynthia Zaven, qui a su mêler harmonieusement la tradition et les mouachahat avec des compositions originales. Le réalisateur a raconté avec beaucoup d’émotion comment il a trouvé l’acteur principal, Barakat Jabbour, lui-même non voyant, et comment la musique a joué un rôle prépondérant pour ne pas dire rédempteur dans la construction de l’œuvre. Le public très ému voulait en savoir plus, se montrant insatiable. Une dame s’est écriée, les larmes aux yeux : « Mais le cinéma occidental n’a rien à vous envier ! »

Expérience réussie pour le Liban qui a affirmé sa présence à l’Unesco par le biais de sa culture et de sa créativité, en parfaite adéquation avec les termes de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.



Pour mémoire

Audrey Azoulay, femme de gauche et ancienne ministre française de la Culture


« Le cinéma d’auteur libanais, aujourd’hui, fait mieux que résister... Il est porté par des talents confirmés, dans les plus grands festivals… Il constitue un indispensable pont entre l’Occident et le monde arabe. » C’est ainsi que la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay, a donné le coup d’envoi de la première édition des Journées du cinéma libanais...

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