Des soldats de la Finul patrouillant le long de la frontière israélienne, dans le village libanais de Adayssé, le 11 janvier 2019. Mahmoud Zayyat/AFP
Les regards sont tournés vers le Hezbollah pour tenter de déceler le moindre indice sur ce qu’il compte faire à l’ombre de la tension ascendante dans la région du Golfe sur fond du bras de fer entre l’Iran et les États-Unis. Le parti chiite a-t-il l’intention de réactiver le front du Sud, stabilisé depuis la cessation des hostilités avec Israël en 2006 ? Va-t-il initier une quelconque opération qui serait commanditée par les pasdaran iraniens ?
Cette question taraude les esprits de certains diplomates qui espèrent obtenir des réponses à leurs interrogations et des assurances de la part de responsables libanais au sujet du respect par le Liban du principe de distanciation par rapport aux conflits qui embrasent la région. Dans certains milieux politiques, on estime que la seule personne habilitée à apporter ce type de réponses est le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui, comme il l’avait insinué lors de sa dernière intervention publique, ne livrera son secret à personne : « Que nul ne se montre rassurant outre mesure » à l’égard de ce qui pourrait se passer dans la région, avait indiqué le leader chiite. Cherchant à entretenir le mystère, il s’est demandé par la même occasion pourquoi David Satterfield, le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, cherche à s’enquérir de la position que prendrait le Hezbollah si une guerre devait éclater dans la région.
(Pour mémoire : Nasrallah menace les États-Unis de construire une usine de missiles balistiques de précision au Liban)
Cette ambiguïté a toutefois été partiellement levée dans certains milieux politiques informés où l’on écarte la possibilité de voir le Liban s’engager dans une guerre quelconque, un avis qui table sur la sagesse présumée du leader chiite et son attachement à préserver, aujourd’hui plus que jamais, la stabilité du Liban. D’autant que le leader chiite est conscient du fait que toute confrontation aura inéluctablement de lourdes conséquences sur le Liban dans son ensemble, mais aussi et surtout sur sa base populaire. D’ailleurs, le Hezbollah n’a donné pour l’heure aucun signe précurseur sur sa disposition à s’embarquer dans une aventure militaire ou d’ouvrir un front et ne semble pas prêt à prendre un tel risque.
Dans les milieux diplomatiques, on n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de voir M. Satterfiled, qui effectue depuis quelque temps une médiation entre le Liban et Israël pour tenter de résoudre le litige autour des frontières, évoquer avec ses interlocuteurs israéliens ce sujet.
Un expert militaire proche du Hezbollah estime toutefois que le parti chiite, qui est le bras droit militaire de l’Iran dans la région, ne se retiendra pas pour réagir à toute agression qui viserait l’Iran. Sa riposte prendrait la forme d’une salve de missiles à haute précision qui inonderaient Israël, le Hezbollah ne pouvant, selon lui, rester les bras croisés en cas d’attaque contre son parrain iranien.
(Lire aussi : La paix à crédit, l'édito de Issa GORAIEB)
D’autres avis laissent croire que le numéro un du parti chiite n’est certainement pas disposé à mettre en jeu son avenir et celui de son parti, notamment durant le mandat du président américain Donald Trump avec lequel « il ne faut surtout pas badiner » comme l’avait conseillé un diplomate américain.
Il faut se rendre à l’évidence : le Hezbollah n’est pas vraiment dans une situation enviable aujourd’hui et le contexte international n’est plus en sa faveur comme ce fut le cas durant la guerre de juillet 2006. À l’époque, le parti chiite bénéficiait d’un soutien interne relativement large et d’une grande sympathie de l’opinion arabe. Aujourd’hui, il n’en est rien et la formation ne peut guère compter sur une unanimité au plan interne, encore moins sur un appui arabe du fait de ses ingérences militaires hors des frontières libanaises, notamment en Syrie. Qui plus est, le Hezbollah, désormais considéré comme un parti terroriste dans le monde arabe aussi bien qu’en Occident – ce qui n’arrange pas les choses non plus – ploie sous une batterie de sanctions imposées par les États-Unis qui l’ont rendu encore plus vulnérable sur le plan financier, affectant tout autant sa base populaire. C’est donc dans ce contexte hostile qu’évolue depuis un certain temps le Hezbollah, d’où la question posée dans certains milieux politiques où l’on se demande s’il est disposé à prendre autant de risques en s’impliquant dans une guerre qui risque de sonner le glas de cette formation, enclenchant le début du processus de démilitarisation du parti par le biais de la mise en application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU, prévoyant notamment son désarmement.
Du côté officiel, on écarte l’éventualité de l’immixtion du parti de Dieu dans une guerre qui éclaterait entre l’Iran et les États-Unis, le parti chiite ne pouvant en assumer les lourdes conséquences. C’est ce qu’affirment des sources diplomatiques qui soulignent avoir obtenu des assurances de la part de plusieurs responsables libanais à ce propos. Les sources évoquent également une prochaine initiative que prendrait le groupe international de soutien au Liban pour soutenir, via l’ONU, la requête libanaise consistant à mettre en œuvre la 1559 en désarmant toutes les milices pour enfin confier le monopole de la force aux institutions légales.
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commentaires (6)
Vous croyez vraiment que le Hezbollah c’est une question d’argent? Les vendus au sein du Hezbollah constitue une minorité négligeable. La base reste attachée au Hezbollah avec ou sans armes. Les députés du Hezbollah sont issus du vote libre de ses partisans et non par la force ou la corruption. Les chiites du Liban sont bien conscients que sans l’Iran, on serait toujours sous occupation israélienne. C’est uniquement du fait de la force de l’Iran et de la clairvoyance des partisans de Dieu qu’aujourd’hui les américains se disent prêts à négocier et à nous faire miroiter un avenir meilleur en échange des armes. Tout ca pour dire que si guerre avec l’Iran il y a, pour sûr que le Hezbollah y participera d’une manière ou d’une autre. Participation ou pas, victoire ou pas, aucune chance de voir le Hezbollah disparaître, sa base s’en délaisser et vos rêves se réaliser, à moins de subir une défaite militaire totale (les israéliens prendraient la place du Hezbollah dans un tel scénario). Y croyez-vous vraiment, n’était-ce pas déjà l’objectif de la guerre de 2006? Bref, espérons qu’il n’en sera rien, et que ce genre de fantasmes disparaisse, on a un pays à réparer
Chady
09 h 58, le 27 juin 2019