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Culture - Festival

Le Hellfest continue d’imposer sa cadence infernale

Près de 160 groupes de hard rock et de metal sous toutes ses formes étaient annoncés pour la 14e édition de l’un des plus gros rassemblements de la scène hard rock et metal en Europe.

Avec 60 000 personnes – venues de France ou d’ailleurs – reçues chaque jour du 21 au 23 juin, selon les organisateurs, le Hellfest a cette année encore affiché complet. Sebastien Salom-Gomis/AFP

Située en France, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Nantes, Clisson (7 000 habitants environ) est surplombée par un imposant château fort édifié à partir du XIIIe siècle. Depuis une quinzaine d’années, la commune est envahie une fois par an, le temps d’un week-end, par des dizaines de milliers de fans de décibels venus pour le Hellfest Summer Open Air (ou simplement Hellfest), un rendez-vous devenu au fil du temps l’une des places fortes du hard rock et du metal sous toutes ses formes en Europe. L’Orient-Le Jour était invité à l’événement par ses organisateurs, l’association Hellfest Productions.



Premier festival de France
Avec 60 000 personnes – venues de France ou d’ailleurs – reçues chaque jour du 21 au 23 juin, selon les organisateurs, le festival a cette année encore affiché complet et a conforté sa place de solide dauphin du Wacken Open Air et ses 80 000 âmes, ou plus, par jour attendues chaque été dans le nord de l’Allemagne.

Une fois n’est pas coutume, cette édition était précédée par le Knotfest, un festival itinérant organisé par le groupe américain de Nu metal (prononcer new), Slipknot qui s’est tenu le 20 juin sur deux des cinq scènes réparties sur les 14 hectares d’espace concert aménagés sur le site.

Une expérience qui ne se renouvellera sans doute pas tout de suite malgré son succès – 37 000 personnes pour une capacité de 40 000 selon les organisateurs – et les retours enjoués du public –, l’association Hellfest Productions souhaitant rester sur un format de trois jours, jugé moins risqué en termes d’organisation. « Quatre jours d’affilée, c’est dur, même quand on a l’habitude », concède à L’Orient-Le Jour Aurore, une jeune festivalière rodée à l’exercice.

À l’origine un projet lancé par une bande d’amis visant à doter leur région d’un festival dédié au metal extrême au début des années 2000– avec une première mouture baptisée Hardcore FuryFest à laquelle le Hellfest a succédé en 2006 –, l’événement est aujourd’hui une vraie « machine », comme l’a souligné son fondateur, Benjamin Barbaud, dit Ben Barbaud.

Lors d’une conférence de presse organisée dimanche après-midi, l’entrepreneur a souligné qu’il s’agissait désormais du premier festival de France en termes de chiffre d’affaires – 27 millions d’euros et d’importantes retombées économiques sur la majorité des entreprises de la commune où il se déroule.

Les commerçants de Clisson « nous adorent (...) le Hellfest est devenu important en termes d’impact culturel et touristique », a indiqué Ben Barbaud, reconnaissant toutefois que ceux du centre-ville en profitent moins, le site du festival étant situé en bordure de la commune. Il se souvient également de l’accueil plus froid des habitants de la ville avant que le Hellfest ne change de dimension.

Niveau programmation, le festival ratisse large. « Un des choix stratégiques payants des organisateurs est de faire coexister deux publics : les puristes et ceux venus apprécier des groupes plus accessibles, parfois en famille (l’événement est gratuit pour les enfants de moins de 12 ans) », a résumé à L’OLJ Régis, un cadre nantais de 37 ans habitué du festival depuis 2008.



« Akalt atleh »
Un constat confirmé par la liste de 156 artistes annoncés, plus les 10 présents pour le Knotfest.

Tête d’affiche pour leur troisième participation, les hardrockers américains de Kiss ont assumé leur statut d’invités de marque – la plus grosse production du festival cette année, selon Ben Barbaud – à l’occasion de ce qu’ils annoncent comme leur dernière tournée mondiale. Le quatuor formé dans les années 1970, aussi célèbre pour leurs tubes que pour leur maquillage kitsch, a fait plaisir à ses fans pendant les dernières heures de la soirée de samedi.

Juste avant eux, sur la scène adjacente, les barbus Billy Gibbons et Dusty Hill de ZZ Top, étaient venus donner des leçons de bend (technique consistant à plier les cordes de guitare pour déformer le son) à un public admiratif face à la maîtrise et au peps du trio de quasi-septuagénaires spécialiste du blues rock qu’ils forment depuis 50 ans, avec Frank Beard.

Dimanche, les Californiens de Tool, qui se sont fait rares sur scène ces dernières années, ont proposé un spectacle en tout point conforme avec leur identité musicale, un rock progressif complexe et hypnotique mis en valeur par des effets visuels saturés de psychédélisme et projetés sur les écrans géants montés sur les deux scènes principales du site.

Un peu plus tôt, les brutes de Slayer avaient une fois de plus fait parler le thrash metal à 300 km/h qu’ils assènent depuis près de 40 ans, avec une énergie et une précision monolithiques.

« Akalt atleh (j’ai pris une raclée) », s’est esclaffé Saed, un jeune Libanais qui a assisté au concert en première ligne, un drapeau du pays du Cèdre à la main, avec d’autres fans du groupe venus se défouler dans la fosse.

La première journée du Hellfest était plus contrastée, aussi bien pour les festivaliers que pour les organisateurs. Si le public français a pu vibrer pour ses chouchous, le groupe de death metal Bleu blanc rouge, Gojira, fondé fin 1990 qui ne cesse de franchir des paliers depuis, les fans du groupe emblématique de heavy/power metal américain, Manowar, ont en revanche eu la mauvaise surprise d’apprendre le jour même l’annulation du concert de leurs idoles, finalement remplacés par la formation suédoise Sabaton dans un registre voisin.

Suite à la polémique créée, le service de presse de Manowar a rejeté dans un communiqué publié après l’annulation la responsabilité de ce couac qui est très mal passé auprès de ses fans, dont certains avaient traversé le globe, parfois en payant plus cher, pour les rencontrer. Ben Barbaud s’est, lui, borné à évoquer pendant la conférence de presse un différend « contractuel » et a assuré que ses équipes avaient « tout fait pour que les artistes jouent ». Il a en outre précisé que les membres de Sabaton avaient spontanément proposé leurs services, alors qu’ils s’étaient déjà produits la veille pendant le Knotfest.

Parmi les autres performances notables dans un festival sans autre accroc, le metal symphonique avec voix féminine des Néerlandais de Whitin Temptation ont franchement convaincu samedi en attendant leur passage au Festival international de Byblos cet été. Enfin, les Portugais de Moonspell, qui ont déjà produit leur metal gothique à Beyrouth en 2011, ont également été à la hauteur de leur talent. Le chanteur du groupe, Fenando Ribeiro, a confié à L’OLJ qu’il rêvait de revenir au pays du Cèdre et de se produire un jour en Iran.



Parcours du combattant
C’est donc dans ce magma que les festivaliers, dont une partie était parquée dans des campings situés à la frontière entre le site du Hellfest et les vignobles environnants – Clisson est connue pour son Muscadet – ont dû jongler entre leurs envies et les possibilités laissées par la programmation des concerts.

Un véritable parcours du combattant où les kilomètres de marche sous un soleil de plomb et plus de 30 degrés Celsius s’enchaînent entre les scènes, les aires de restauration – où on peut même manger libanais–, les boutiques, les bars, les points d’eau, les campings et aires de repos, et les incontournables sanitaires où les files d’attente ont souvent été les plus longues. Un bracelet équipé d’un badge remis à l’entrée permettait d’accéder aux différentes zones. Le bracelet servait aussi à effectuer des transactions grâce à un système de paiement sans contact. Les porte-monnaies électroniques pouvaient être rechargés en liquide ou par carte bancaire, sur place ou via une application mobile.

En guise de cadre, un site aux décors imposants et stylisés puisant dans la culture metal – sculptures de monstres, crânes, ainsi qu’une toute nouvelle horloge géante crachant du feu le soir, etc. Si certains éléments ont été ajoutés cette année, d’autres ont été installés lors des précédentes éditions. « Les organisateurs ont été malins, en investissant dans des installations pérennes qu’ils peuvent facilement adapter d’année en année. C’est évidemment plus simple vu que le site leur appartient », note Régis.

Si l’organisation et la propreté figurent parmi les principaux points forts du site, c’est un petit peu moins évident dans les campings où sont installées des toilettes sèches et où certains festivaliers se laissent allègrement aller. Autre bémol : sa taille, le site est un peu juste par rapport à l’affluence et le volume du son sur les scènes, ce qui peut affecter la fluidité des déplacements ou parasiter l’ambiance dans les aires de repos. Des problématiques que les organisateurs assurent avoir déjà identifié et qu’ils tentent de solutionner, même si aucun agrandissement du site n’est pour l’instant prévu.

Il reste que malgré son prix plus élevé que la moyenne pour ce type d’événement – plus de 100 euros de base par jour, plus de 200 pour le pass 3 jours –, le festival est visité par des amateurs venus des quatre coins du monde parfois en se coordonnant sur les réseaux sociaux. C’est le cas pour le groupe Hellfest Travellers United Nations avec des furieux venus de plusieurs pays du monde, dont le Liban, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Canada, l’Espagne, la Grèce, la Roumanie, le Royaume-Uni, la Suède et même le Sri Lanka. Certains avaient fait le déplacement spécialement pour l’événement, tandis que d’autres l’avaient inclus dans un circuit touristique.

L’année prochaine, le festival fêtera son 15e anniversaire du 19 au 21 juin. Aucune date pour l’émission des billets n’a pour l’instant été annoncée.


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Pour mémoire
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Située en France, à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Nantes, Clisson (7 000 habitants environ) est surplombée par un imposant château fort édifié à partir du XIIIe siècle. Depuis une quinzaine d’années, la commune est envahie une fois par an, le temps d’un week-end, par des dizaines de milliers de fans de décibels venus pour le Hellfest Summer Open Air (ou...

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Bruit de casseroles..!

LeRougeEtLeNoir

09 h 55, le 25 juin 2019

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Commentaires (1)

  • Bruit de casseroles..!

    LeRougeEtLeNoir

    09 h 55, le 25 juin 2019

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