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Culture - Rencontre

Mai Masri et son regard nouveau sur 35 ans de cinéma

Dans le cadre du mois consacré à Jean Chamoun à Dar el-Nimer, sa veuve, la réalisatrice palestinienne Mai Masri qui a collaboré avec lui sur de nombreux films, notamment sur la guerre, était présente et a répondu aux questions de « L’OLJ ».

Comment décririez-vous l’influence de Jean Chamoun sur votre travail ?

Lorsque j’ai terminé mes études de cinéma à San Francisco, en 1981, je suis revenue à Beyrouth où j’ai rencontré Jean. Nous avons fait connaissance alors qu’il travaillait avec l’Institut du cinéma palestinien. Il avait déjà réalisé Hymn for Liberty et avait acquis une célébrité certaine au Liban. Plus tard, nous avons commencé à travailler ensemble. Les conditions de travail étaient très difficiles, la coréalisation n’est jamais facile. Nous avons codirigé au moins quatre ou cinq films, parce que nous voulions essayer de nouveaux styles. Nous avons ainsi privilégié la créativité par rapport au classicisme. Mais nous avons été chanceux, car à l’époque, il n’y avait pas autant de modèles qu’aujourd’hui. Nous n’avions personne à copier et cela nous a permis de découvrir et créer notre propre style.

Jean a eu une grande influence sur moi, surtout dans son rapport avec les gens. Cette façon de leur être proche, c’est un style que je voulais m’approprier. Notre relation, toujours basée sur le respect mutuel, nous a été très bénéfique. Le côté si humain de Jean a été une extraordinaire source d’inspiration, d’autant plus que les thèmes de nos films suivent sa logique. Ils traitent tous de catégories sociales : les enfants, les femmes, les combattants, les résistants… Jean n’est plus avec nous, mais il m’a laissé un grand héritage ainsi qu’à nos enfants, qui travaillent eux aussi à présent dans le domaine du cinéma.

Après avoir traité de sujets aussi durs que la guerre, dans des documentaires plus vrais que nature, comment voyez-vous la transition vers la fiction?

Le film 3 000 nuits (NDLR : sorti en 2015) était ma première fiction. C’était une suite de mon travail, une transition en douceur dans le sens où j’ai conservé la passion et l’authenticité, qui sont l’essence de beaucoup de documentaires, nécessaires à la fiction. Mais celle-ci a ses propres défis. Travailler avec des acteurs – qui sont des personnages – est complètement différent d’un travail avec des personnes « réelles ». Écrire des scénarios complets a été un grand défi. On ne retrouve pas cette spécificité dans le documentaire, mais les sujets que j’ai abordés ne changent finalement pas tellement. Même dans la fiction, j’aime travailler avec des non-acteurs, je n’aime rien faire d’artificiel car ils ont un apport énorme au film. J’aime m’attaquer à quelque chose de nouveau. J’aime les défis et je pourrais même essayer l’animation. Je n’ai juste pas envie de répéter ce que j’ai fait pendant tant d’années.

Avez-vous développé une préférence pour la fiction ?

Je ne sais pas, c’est difficile à dire. Le documentaire est vraiment passionnant, surtout si vous avez un sujet fort. Comme je l’ai mentionné, la fiction est un défi, mais c’est extrêmement gratifiant si vous en faites quelque chose de bien. C’est un autre public, et c’est parfois plus puissant. Comme les spectateurs aiment entendre des histoires, on peut les sensibiliser différemment. J’ai été très touchée lorsque j’ai décelé l’impact des films sur le public. Certains même en pleuraient. L’émotion est souvent au rendez-vous dans les fictions. 3 000 nuits a ému énormément de personnes.

Quels sont vos projets en ce moment ?

Je suis dans le processus de réflexion et d’écriture, mais je ne peux élaborer plus là-dessus. Après 3 000 nuits, j’ai décidé de travailler davantage dans la fiction, mais en me basant sur la technique et les thèmes des documentaires. L’approche humaine qui a nourri tous les films que j’ai faits sur les femmes et les enfants demeurera présente car ce sont des sujets qui me tiennent à cœur. En revanche, je ne veux pas être dans la répétition. J’ai beaucoup à dire car j’ai beaucoup vécu et j’ai fait beaucoup de films. Il est temps donc de revenir sur cette longue expérience et, peut-être, avec un regard nouveau.

Comment décririez-vous l’influence de Jean Chamoun sur votre travail ? Lorsque j’ai terminé mes études de cinéma à San Francisco, en 1981, je suis revenue à Beyrouth où j’ai rencontré Jean. Nous avons fait connaissance alors qu’il travaillait avec l’Institut du cinéma palestinien. Il avait déjà réalisé Hymn for Liberty et avait acquis une célébrité certaine au Liban....

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