Un plan de lutte contre le travail illégal des étrangers va entrer en vigueur, annonce Abousleiman

Un plan de lutte contre le travail illégal des étrangers a été mis au point par le ministre du Travail, Camille Abousleiman, que le gouvernement sera chargé de mettre en application, a annoncé hier le ministre dans une conférence de presse à son bureau. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Abousleiman a affirmé que le plan entrera progressivement en application, et que ce ne sera pas l’affaire de son seul département. Tout le gouvernement devra s’y mettre, a-t-il souligné, relevant « qu’il faudra du temps pour que le changement des mentalités qui doit accompagner la mise en jeu de cette politique se produise ».

L’une des premières mesures de ce plan consiste à accorder, à dater du 10 juin, un mois aux étrangers en infraction pour régulariser leur situation, a affirmé hier le ministre, conscient que « l’on ne peut changer les mentalités en 24 heures ».

Pour mener à bien sa campagne, M. Abousleiman, conscient du nombre limité d’inspecteurs de son département (30), a décidé d’avoir recours aux inspecteurs d’autres départements ministériels, dont le total s’élève à environ 900 éléments. En outre, des bureaux de coordination entre les ministères du Travail et les divers services de sécurité seront créés pour accompagner les équipes du ministère.

Le ministre a tenu à préciser en outre que la politique mise au point n’a rien de « raciste », et que ce qui est en jeu dans cette affaire, c’est « la préservation de la paix et de la stabilité sociale, ni plus ni moins ».

En ce qui concerne les ouvriers syriens, a dit M. Abousleiman, ils sont au nombre de 1,5 million, alors que les chiffres officiels de l’office des réfugiés de l’ONU en recensent officiellement 938 000, dont seulement 1 733, « une goutte d’eau dans la mer », possèdent un permis de travail.

« En d’autres termes, a dit le ministre du Travail, le nombre des déplacés syriens est environ le tiers de celui de la population libanaise ; des centaines de milliers d’entre eux concurrencent des Libanais dans divers secteurs, et les travaux qu’ils effectuent ne sont plus limités à l’agriculture ou au bâtiment, mais ils se sont transposés, avec leurs institutions, leurs souks commerciaux, comme le “souk el-Hamidiyé”, et leurs raisons sociales, au Liban, y ont ouvert des milliers d’établissements de façon illégale, sans oublier la main-d’œuvre saisonnière qui afflue par moments. Voilà ce qu’aucun pays au monde ne peut supporter. »

Contrairement à ce que l’on pense, l’ouvrier ou l’employé syrien doit posséder un permis de travail, a précisé le ministre. Sa carte de séjour à elle seule ne l’autorise pas à travailler. Mais une disposition spéciale a été prise pour ménager l’employeur libanais, qui ne paie que 25 % des taxes imposées aux étrangers. En outre, l’employeur libanais d’un Syrien est dispensé du paiement d’une garantie bancaire de 1,5 million de livres pour chaque salarié sur son bordereau, et n’est pas astreint à l’obtention d’une autorisation préalable d’emploi, en vigueur pour d’autres nationalités. Des procès-verbaux d’un montant maximal de 2,5 millions de livres seront établis aux patrons contrevenants qui emploient un étranger en contravention avec les lois en vigueur.

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