La Mecque, première ville sainte de l'islam, vit une fin de ramadan particulière cette année, avec l'arrivée de pèlerins, mais aussi d'autres visiteurs: des dirigeants arabes venus assister à des sommets organisés par l'Arabie saoudite.
Des routes ont été bouclées pour accueillir les dirigeants, hébergés par le roi Salmane d'Arabie saoudite dans un palais donnant sur la Grande mosquée. Ils sont venus assister à deux sommets extraordinaires : celui du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et un autre de la Ligue arabe, dans un contexte de tensions dans le Golfe, notamment entre l'Arabie saoudite et l'Iran, son rival régional. Les mesures de sécurité sont restées strictes vendredi, des routes étant toujours fermées pour accueillir avant l'aube samedi une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), prévue de longue date.
Dans les rues de La Mecque (ouest) parées de drapeaux et panneaux géants de bienvenue à l'adresse des leaders, des fidèles vêtus de blanc se pressent vers la Grande mosquée, construite autour de la Kaaba, la structure cubique de couleur noire vers laquelle se tournent les fidèles musulmans pour faire la prière. Durant les dix derniers jours de ramadan, La Mecque accueille un afflux de pèlerins du monde entier venus prier dans la Grande mosquée et d'autres lieux.
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"Message d'amour"
Dans un hôtel du centre-ville, Souheil al-Zoubeidy, un pèlerin émirati vêtu de blanc, regarde les journalistes aller et venir entre le centre de presse, situé dans le même hôtel, et les sommets. "La Mecque était un message d'amour par le passé, et aujourd'hui elle envoie à nouveau un message pour la coexistence et pour éviter la guerre", indique M. Zoubeidy à l'AFP.
Chaque année, plusieurs millions de musulmans se rendent à La Mecque pour effectuer un pèlerinage ou simplement prier. Pour les musulmans, le prophète Mahomet a reçu la révélation divine à La Mecque.
Jeudi soir, des dizaines d'hommes et femmes ont déroulé une nappe blanche sur l'herbe près d'une mosquée dans le centre-ville, pour partager un repas de rupture du jeûne, accompagnés par le son de l'appel à la prière. Selon un employé de la mosquée, de nombreuses personnes passent les dix derniers jours de ramadan à y prier.
"Certains prient pour un être cher, d'autres pour un travail, et d'autres prient pour que Dieu les guérisse", explique-t-il à l'AFP. "Ils passent tout leur temps dans la mosquée et ne sortent que pour rompre leur jeûne".
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Originaire du sud du royaume, Khaled al-Ghamdi vit à La Mecque depuis deux mois. L'afflux de fidèles et la fermeture de routes en raison des sommets a entraîné d'importants embouteillages, assure-t-il à l'AFP, précisant que cela n'a pas empêché les fidèles de se rendre dans les mosquées.
Pour Ahmed al-Rajihi, un Saoudien, les dix derniers jours de ramadan sont la période "où l'on peut prier pour tout ce que l'on veut". "Chacun a sa propre histoire ici", dit-il à l'AFP. Mais certaines histoires sont douloureuses. Le voyage à La Mecque d'Ahmed Nouaim, un Pakistanais, a pris un tournant tragique lorsque sa femme a été tuée et sa mère blessée dans un accident de voiture dans la ville sainte.
Résident dans la ville saoudienne de Khobar, M. Nouaim, effectuait avec sa famille le petit pèlerinage de l'Omra durant le ramadan. "Nous avons enterré ma femme près de la Grande Mosquée", confie-t-il, les larmes aux yeux. "Pour mes enfants et moi, c'est une raison supplémentaire de venir ici,nous recueillir sur sa tombe".
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