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Liban - Social

Les mouvements de protestation appelés à s’amplifier dans les prochains jours

L’administration publique a été paralysée hier par une grève générale pour dénoncer toute atteinte aux droits acquis des fonctionnaires.

Des militaires à la retraite devant la tente qu’ils ont installée dans le centre-ville de Beyrouth, en signe de protestation contre les mesures d’austérité annoncées dans le budget de l’État pour l’année en cours, le 17 mai 2019. Photo ANI

Les mouvements de grève et de protestation, qui ont pratiquement démarré avec le lancement des discussions autour de l’avant-projet de budget pour 2019, ont repris hier à l’appel de la Ligue des fonctionnaires. Ces derniers ont observé une grève générale à travers le pays pour protester contre toute mesure qui pourrait porter atteinte à leurs acquis.

À l’instar d’autres mouvements de contestation qui paralysent depuis plusieurs semaines le pays, notamment ceux des militaires retraités qui refusent également que les mesures d’austérité préconisées par le gouvernement se fassent à leurs dépens, les fonctionnaires ont une fois de plus lancé un ultimatum, menaçant l’exécutif de passer à l’acte.

Le mouvement de grève a été largement suivi hier, à quelques exceptions près, par les fonctionnaires de l’administration et des offices autonomes, qui ont menacé d’une même voix de passer à la grève ouverte si leurs doléances n’étaient pas prises en compte.

Outre la capitale, les fonctionnaires de nombreuses régions au Liban-Nord, au Liban-Sud, au Metn et dans la Békaa ont observé une journée de grève, faisant acte de présence sur leur lieu de travail tout en refusant de procéder au traitement des formalités.

Le mouvement d’hier, soutenu une fois de plus par la Confédération générale des travailleurs (CGTL), qui avait relayé dès le départ le mouvement de revendication des fonctionnaires et des militaires retraités, a coïncidé avec la 14e réunion du Conseil des ministres, l’avant-dernière en principe avec la clôture de l’examen du budget prévue dimanche soir. Pour certaines sources proches du ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, les discussions pourraient toutefois se prolonger, à la lumière des divergences qui continuent de diviser l’exécutif, empêchant de finaliser l’avant-projet de budget qui a subi plusieurs remodelages jusqu’ici.

Le Premier ministre Saad Hariri a fait allusion à ces divergences hier soir, lors de l’iftar annuel donné au Grand Sérail. « Lorsque le Conseil des ministres se transforme en barricades politiques, l’exécutif est paralysé et l’État arrête de travailler », a déclaré M. Hariri, évoquant la responsabilité collective du gouvernement pour ce qui est des mesures d’austérité décidées.


(Lire aussi : Budget 2019 : plusieurs propositions de Bassil examinées et adoptées)



Les propositions de Bassil

Rassemblés devant le bâtiment de la TVA à Beyrouth, les fonctionnaires en grève ont averti pour leur part que « si le gouvernement décide de réduire les salaires et de porter atteinte à nos droits, nous nous dirigerons vers la grève ouverte ».

La Ligue a exprimé son refus de « la politique d’atteinte aux droits » et condamné par la même occasion « toute mesure qui ferait payer aux fonctionnaires et aux foyers à revenus modestes le prix des politiques qui ont abouti à la dilapidation des fonds publics ». Elle a demandé au gouvernement de « mettre en place les réformes sans porter atteinte aux pauvres et en mettant un terme au déficit, tout en renforçant l’administration publique, et non en la prenant pour cible ».

Parmi les mesures contestées, une imposition progressive des salaires à partir de deux millions de livres libanaises suggérée par M. Bassil, mais aussi une réduction des indemnités de transport de 8 000 LL à 6 000 LL par jour, une proposition qui n’aurait pas obtenu hier l’aval de l’ensemble des ministres présents. Les fonctionnaires rejettent également toute réduction supplémentaire de leurs salaires devant servir à financer leurs retraites, des mesures dont ils auraient pris connaissance grâce à des fuites.

Le comité de coordination de l’intersyndicale a rejoint hier le mouvement général de protestation, appelant à son tour les fonctionnaires et les enseignants à une grève ouverte à partir de lundi prochain et à un rassemblement à 15 heures, place Riad el-Solh. Dans un communiqué lu lors d’une conférence de presse, l’intersyndicale a affirmé envisager, « en cas d’atteinte portée aux droits acquis, tous les moyens possibles d’escalade susceptibles de paralyser l’administration et les institutions publiques et le boycott des examens officiels ». Le comité a mis en garde contre toute tentation de toucher aux salaires, aux subventions sociales, aux écolages ou aux retraites. Seront également en grève lundi prochain les enseignants des écoles techniques qui viendront rejoindre le rassemblement prévu à Riad el-Solh.

La CGTL, dont le président Béchara Asmar a également tenu une conférence de presse, a fait état de la poursuite de son soutien « à toutes les administrations lésées du secteur public, des offices autonomes, ainsi qu’à l’Université libanaise ». Il a menacé de recourir à la grève générale et aux mouvements populaires de protestation si cela s’avérait nécessaire.

Le président de la centrale syndicale a exhorté le chef de l’État Michel Aoun, le président du Parlement Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri à « intervenir rapidement pour mettre fin à la situation actuelle », estimant que « les conditions de vie de tous sont menacées ».

M. Asmar a dénoncé vertement « l’entêtement du gouvernement à faire subir aux classes moyennes et pauvres les conséquences d’une crise induite par les politiques suivies par les gouvernements successifs au cours des trois dernières décennies ».


(Lire aussi : Budget 2019 : Khalil affirme avoir revu les chiffres)


Les anciens militaires offusqués

Pour leur part, les militaires retraités ont dressé une tente sur la place Riad el-Solh, pour protester notamment contre les propos d’un membre du gouvernement qui aurait remis en cause en Conseil des ministres la pertinence de consacrer l’équivalent de 75 millions de livres libanaises par an pour payer les couronnes qui fleurissent les tombes des martyrs, une prise de position considérée comme une « véritable insulte » à leur mémoire. Présent avec les militaires, Hussein Youssef, père d’un des militaires tués par les islamistes dans l’arrière-pays de Ersal, a appelé les citoyens à « se solidariser » avec les militaires à la retraite. « Nous n’accepterons pas que nos fils soient tués une seconde fois aux mains du pouvoir », a-t-il lancé.

Les militaires retraités qui manifestent par ailleurs régulièrement depuis le début de l’étude du budget pour marquer leur opposition à toute atteinte à leurs droits ou pension ont annoncé qu’ils poursuivraient leur sit-in jusqu’au lundi 20 mai.

Également au menu des mouvements de protestation, la grève entamée par les magistrats décidée à la suite d’informations relatives à une coupe éventuelle dans les recettes de leur mutuelle, qui pourvoit aux frais de leurs soins de santé et ceux de leurs enfants, ainsi qu’aux frais de scolarité de ces derniers, des mesures qui, selon eux, portent atteinte à leur indépendance financière et morale. Hier, les magistrats réunis au siège de la Cour de cassation du Palais de justice de Beyrouth ont décidé de poursuivre leur grève malgré les garanties obtenues par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Lors de cette réunion, le CSM a indiqué qu’il avait réussi à introduire des amendements au projet de budget, notamment en ce qui concerne la caisse mutuelle et les subventions profitant à leurs familles, appelant les juges à « assumer leurs responsabilités et à ne pas faire subir de plus amples conséquences aux justiciables ».


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commentaires (4)

Ce que Je Voudrai savoir si nos fameux politiciens diminueent aussi leurs salaires,leurs voyages en 1ère classe avec une suite digne des plus riches pays,font ils qq sacrifices eux mêmes avant de sacrifier ce pauvre peuple qui vit à peine et supporte toujours leurs critiques et jérémiades.qu'ils payent les dettes du pays de l'argent gardes en leur nom en Suisse ou en Europe,un bon geste pour croire en leur Libanite.A bon entendeur salut.......

Mona Joujou Dfouni

16 h 30, le 18 mai 2019

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Commentaires (4)

  • Ce que Je Voudrai savoir si nos fameux politiciens diminueent aussi leurs salaires,leurs voyages en 1ère classe avec une suite digne des plus riches pays,font ils qq sacrifices eux mêmes avant de sacrifier ce pauvre peuple qui vit à peine et supporte toujours leurs critiques et jérémiades.qu'ils payent les dettes du pays de l'argent gardes en leur nom en Suisse ou en Europe,un bon geste pour croire en leur Libanite.A bon entendeur salut.......

    Mona Joujou Dfouni

    16 h 30, le 18 mai 2019

  • La moitié de la population est au chômage, l’autre moitié est en grève. Y’a qu’à shifter les deux, comme ça tout le monde sera content, et on n’en parle plus...

    Gros Gnon

    11 h 35, le 18 mai 2019

  • resolutions de CEDRE avril 2018.... Mai 2019 ils en sont toujours a discuter du budget qui surement sera boiteux- comme les precedents, encore a REVOIR leurs chiffres.... 13 mois + tard...... qui peut se targuer d'avoir confiance en eux ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 09, le 18 mai 2019

  • BIZARRE LES LIBANAIS... PEUPLE ET ABRUTIS ELUS... PERSONNE NE VEUT FAIRE DE PETITS SACRIFICES POUR SAUVER SON PAYS ET SURTOUT SE SAUVER ET SA FAMILLE EN SAUVANT L,ECONOMIE ET LES FINANCES DU PAYS. SI LE PAYS FAIT FAILLITE ILS VONT TOUS PERDRE ET LEURS SALAIRES ET LEURS AVANTAGES. C,EST SI SIMPLE A COMPRENDRE MAIS L,ABRUTISSEMENT FRAPPE DE PLEIN FOUET TOUTES LES MATIERES GRISES ANKYLOSEES. PAR LEURS GREVES ILS APPROFONDISSENT LA FOSSE DU PAYS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 32, le 18 mai 2019

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