Liane Mathes Rabbath est l’artiste qui roule, façonne, découpe, assemble, module et colle avec une minutie déconcertante les couvertures des cahiers de papier à rouler, ainsi que les papiers eux-mêmes. Toujours les mêmes, les fameux papiers de Damas, plus connus localement sous le nom de wara’ el-Cham. Contrairement à leur nom, ces papiers sont fabriqués au Liban depuis les années 1920, à l’époque donc de la Grande Syrie, contour politico-géographique dessiné par les forces régionales en place.
Si Liane Mathes Rabbath les a adoptés, c’est un peu aussi par esprit de famille. L’entreprise qui fabrique ces petits papiers appartient à celle de son mari. Alors un jour, au lieu de rouler des cigarettes, elle se met à enrouler, peindre et coller les couvertures des cahiers en une multitude d’unités modulaires cylindriques colorées. « C’était comme une évidence », dit-elle.
Autodidacte d’abord, diplômée des beaux-arts de la LAU ensuite, elle est de plus en plus attirée par les techniques de collage. Elle maîtrisera ces techniques « grâce à Tania Bakalian Safieddine », et se mettra à explorer les diverses manières de manier ces bouts de papier. « Je suis fière d’utiliser des produits libanais », indique l’artiste luxembourgeoise d’origine et libanaise d’adoption. Ce qui la fascine, outre « le design moderne » de ces petits cahiers, c’est le fait qu’on les trouve jusque dans le plus petit commerce des contrées les plus éloignées du pays. Et aussi « le fait que son format n’a pas changé » depuis plusieurs décennies indique-t-elle. dans le cadre de son expo Paper Dreams.
Sollicitée par la Fondation libanaise de la Bibliothèque nationale (FLBN) pour présenter cette expo à la Galerie SV (Saifi Village), Liane Mathes Rabbat a créé plusieurs œuvres spécialement pour l’occasion. « Je voulais travailler sur un thème qui soit en harmonie avec la mission de la FLBN », explique-t-elle (lire ci-dessous). « Honorée par la sollicitation de la FLBN », elle choisira donc la plume qu’elle reproduira sur plusieurs des pièces présentées, dont des robes travaillées avec une précision inouïe.
Celle qui roule des centaines de papiers à la main pour chacune de ses œuvres et travaille plusieurs techniques d’assemblage, insuffle une deuxième vie haute en couleur et en sourires à un objet du quotidien somme toute ordinaire.
Pour mémoire
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