Amnesty dénonce un procès intenté à des Libanais chiites aux Emirats : "C'est clairement une affaire fabriquée"

Un procès pour "terrorisme" intenté à huit Libanais chiites détenus aux Emirats arabes unis est "injuste" et basé sur des aveux obtenus sous la torture, a dénoncé jeudi Amnesty International. Un verdict dans cette affaire est attendu le 15 mai.

Tous de confession musulmane chiite, les prévenus ont été arrêtés aux Emirats entre décembre 2017 et février 2018. Ils sont accusés d'avoir formé une cellule "terroriste" et "planifié des attaques" sur ordre du Hezbollah, classé "organisation terroriste" par les Emirats.

"Ces hommes ont été torturés, ils ont été forcés à faire des aveux", a déclaré à l'AFP Sima Watling, chercheuse à l'organisation de défense des droits humains Amnesty basée en Grande-Bretagne. Les prévenus, qui vivaient aux Emirats depuis des années, n'ont pas été autorisés à rencontrer leurs familles ou un avocat sur une base régulière, selon elle.

L'un d'eux, Abdel Rahmane Talal Chouman, installé aux Emirats depuis plus de 15 ans, était formateur en charge de la sûreté et de la sécurité pour la compagnie aérienne Emirates de Dubaï. Lors d'une audience le 3 avril devant la Chambre de sûreté de l'Etat de la Cour d'appel fédérale d'Abou Dhabi, il avait dit avoir été torturé pendant six heures d'affilée et été obligé de signer des aveux qu'il n'a même pas pu lire, selon Amnesty. "Il avait des documents sur son ordinateur portable pour former ses collègues à différents scénarios en cas d'attaques. Ces documents ont été utilisés pour l'accuser de planifier une attaque contre l'aéroport", a expliqué Mme Watling.

Tous les prévenus ont été maintenus à l'isolement pour une durée dépassant les deux semaines, ce qui peut constituer une torture ou un mauvais traitement selon les normes des Nations unies pour le traitement des détenus.

Les Emirats est un grand allié de l'Arabie saoudite, puissance régionale sunnite et grande rivale de l'Iran chiite.
"C'est clairement (une affaire) fabriquée, c'est un faux procès contre des gens qui se trouvent être des chiites du sud du Liban", a déploré Mme Watling, appelant le tribunal à libérer les huit hommes.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil avait demandé une amnistie pour les inculpés, dans des vœux adressés aux Emirats à l'occasion du mois sacré du ramadan.

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