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Liban - Décryptage

Des protestations populaires avec des objectifs limités

Depuis que les médias et la classe politique ont commencé à parler du projet de budget 2019, le mécontentement populaire a commencé à devenir perceptible. Chaque jour apporte désormais son nouveau lot de protestataires qui représentent la plus grande partie des secteurs professionnels. En principe, il s’agit de protestations « préventives » pour pousser le gouvernement à éviter de procéder à des coupes dans ces secteurs dans le cadre de son « budget d’austérité ». La crainte des travailleurs dans les différents secteurs professionnels est alimentée par le fait que ce sont les ministres eux-mêmes qui ont évoqué les coupes budgétaires, l’imposition de nouvelles taxes et des mesures du même genre, alors que le projet était encore en gestation et que rien d’officiel n’avait encore été décidé.

Brusquement et à tour de rôle, quand ce n’est pas en même temps, les grèves et les manifestations des travailleurs dans les différents secteurs se sont multipliées, mettant en évidence la pourriture d’un système en place depuis des années, qui a favorisé l’incompétence et la corruption.

Le véritable drame des protestations d’aujourd’hui est qu’elles n’ont aucun horizon. Aucun programme, encore moins un objectif précis, sinon de petits intérêts limités dictant des contestations qui restent des actions isolées, indépendantes les unes des autres. Parmi les manifestants et les protestataires, nul n’a brandi le slogan de la chute du gouvernement ou même réclamé la démission d’un ministre, qu’il s’agisse de celui des Finances, de l’Économie ou de tout autre. Les cris se sont limités à l’expression de la colère, sans aller plus loin. Ce qui montre bien, hélas, qu’au Liban, la faillite n’est plus seulement celle de la classe politique.

À ce sujet, il faut rappeler que dans l’histoire moderne du Liban, deux gouvernements ont été poussés à la démission à cause de la pression populaire. Et, dans les deux cas, il s’agissait d’un cabinet présidé par Omar Karamé.

C’est ainsi que le 13 mai 1992, le gouvernement Karamé, installé depuis le 24 décembre 1990, a été contraint à démissionner suite à des manifestations populaires conduites par la CGTL de l’époque, et qui avaient pratiquement paralysé le pays. Plus tard, plusieurs analystes politiques ont déclaré que ces manifestations avaient été plus ou moins planifiées, ou du moins tacitement encouragées, par l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, qui voulait arriver en force à la tête du gouvernement et se présenter comme le sauveur de l’économie du pays. Aujourd’hui, bien peu de spécialistes évoquent cette période, et il y a peu de témoignages de ces journées mouvementées qui ont fait passer le Liban d’une période politique à une autre. Mais la chronologie des faits montre que les manifestations, accompagnées de fermeture de routes à l’aide de pneus brûlés, ont poussé le Premier ministre de l’époque à présenter la démission de son gouvernement. Ce qui est sûr aussi, c’est que Rafic Hariri a été désigné Premier ministre pour la première fois le 31 octobre 1992, ouvrant ainsi une nouvelle ère économique et politique pour le Liban. Il faut aussi préciser qu’à partir du moment où il a pris en main les rênes économiques du pays, le Premier ministre a cherché à affaiblir le pouvoir de la CGTL pour ne pas rééditer le scénario des manifestations de 1992, qui avaient entraîné la démission du gouvernement Karamé. Il avait même été jusqu’à porter plainte contre le patron de la CGTL de l’époque, Élias Abou Rizk. Le bras de fer engagé entre le pouvoir exécutif et la CGTL s’est terminé par le contrôle plus ou moins direct de la centrale syndicale par les forces politiques en place. Ce contrôle se poursuit jusqu’à aujourd’hui et montre les limites de toute action de protestation.

Le second gouvernement poussé à partir était aussi présidé par Omar Karamé, et il a démissionné après l’assassinat de Rafic Hariri et les propos durs adressés par la députée Bahia Hariri au Premier ministre en pleine séance parlementaire.

Dans les deux cas, il y avait donc une force politique et une structure organisée (en 1992 la CGTL et en 2005 le mouvement du 14 Mars) derrière les protestations populaires. Ce qui a sans doute permis à celles-ci d’obtenir gain de cause sur le plan de la démission du gouvernement.

Aujourd’hui, la situation est différente. Les protestations ne s’inscrivent pas dans le cadre d’un projet global précis. Elles n’ont même pas une dimension politique puisque la plupart des formations (sauf le parti Kataëb) sont représentées aussi bien au Parlement qu’au gouvernement. Il s’agit donc d’actions préventives aux ambitions limitées qui ne visent qu’à préserver les secteurs professionnels des mesures d’austérité attendues dans le projet de budget.

Pour cette raison, le gouvernement actuel ne craint pas la grogne populaire. L’entente entre les composantes du gouvernement est une garantie de survie pour lui. Tant que celle-ci tient bon, le gouvernement n’a rien à craindre... Pour la population, c’est une autre histoire.



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commentaires (6)

POUR AIDER L'AUTEURE ET LES LECTEURS, VOICI EN RESUME LE MESSAGE DEJA ENVOYE ET REPETE ICI MEME : CHASSEZ LE NATUREL IL REVIENT AU GALOP ! CITOYEN, TENEZ LE VS PR DIT : PAS D'OPPOSITION QUI TIENNE. ON VS A "FAIT" ELIRE VOS BONS REPRESENTANTS- GRACE A DIEU, AU PRES. AOUN & A NASRALLAH ! HALLELUJA, ON VS A TROUVE 30 BONS ET LOYAUX MINISTRES REPRESENTANTS LES 128 ELUS, " PRIERE DE GRACE DIXIT "", C TT CE QUE VS DEVEZ ESPERER, OSEZ ROUSPETER !

Gaby SIOUFI

16 h 54, le 09 mai 2019

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Commentaires (6)

  • POUR AIDER L'AUTEURE ET LES LECTEURS, VOICI EN RESUME LE MESSAGE DEJA ENVOYE ET REPETE ICI MEME : CHASSEZ LE NATUREL IL REVIENT AU GALOP ! CITOYEN, TENEZ LE VS PR DIT : PAS D'OPPOSITION QUI TIENNE. ON VS A "FAIT" ELIRE VOS BONS REPRESENTANTS- GRACE A DIEU, AU PRES. AOUN & A NASRALLAH ! HALLELUJA, ON VS A TROUVE 30 BONS ET LOYAUX MINISTRES REPRESENTANTS LES 128 ELUS, " PRIERE DE GRACE DIXIT "", C TT CE QUE VS DEVEZ ESPERER, OSEZ ROUSPETER !

    Gaby SIOUFI

    16 h 54, le 09 mai 2019

  • Elles n’ont même pas une dimension politique puisque la plupart des formations (sauf le parti Kataëb) sont représentées aussi bien au Parlement qu’au gouvernement. Il s’agit donc d’actions préventives aux ambitions limitées avez vous jamais lu la constitution? Le conseil de minister decide a la majorite de ses membres tout comme le parlement DONC MEME SI TOUS SONT REPRESENTES ET UNE MAJORITE APPROUVE , LE TEXTE EST OFFICIELEMENT APPROUVE Ce n'est pas parceque tous sont au gouvernement que le gouvernement ne peut pas tomber IL TOMBERA SI LE PEUPLE SE MET EN GREVE CONTRE LA CORRUPTION LATENTE DANS CE PAYS DU PLUS PETIT NIVEAU AUX TRES HAUTS NIVEAUX DES PARTIS POLITIQUES ET DES ADMINISTRATIONS SANS QU'UNE SEULE PERSONNE NE SOIT JUGEE. A QUI VOULEZ VOUS FAIRE CROIRE QUE CE GOUVERNEMENT EST FORT? PEUT ETRES AUX IDIOTS QUI VOUS ONT ELUS EN S'ABSTENANT OU A CEUX QUE VOUS AVEZ DONNE SOIT DE L'ARGENT SOIT DES POSTES DANS L'ADMINISTRATION ENVERS TOUTES LES LOIS DU PAYS PAUVRE LIBAN

    LA VERITE

    16 h 01, le 09 mai 2019

  • La meilleure mesure pour remplir les caisses de l' Etat, et réduire le déficit budgétaire, serait de pendre les responsables par les pieds pour leur vider les poches.. En tous cas, ceux qui les ont pleines.

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 35, le 09 mai 2019

  • Le 14 Mars 2005, n’était pas une protestation populaire, mais un grand moment d'unité nationale contre l'oppression et l'obscurantisme que vous n'hésitez pas à défendre à chaque « éclairage » ou « décryptage ». Etes vous sur que l’entente entre les composantes du gouvernement ne va pas se traduire en immobilisme face a la crise qui nous touche et qui inévitablement va dégénérer.

    paznavour

    10 h 01, le 09 mai 2019

  • LA BOMBE A ETE LANCEE PAR LE GENDRE AVEC SES 15PCT DE COUPURE DES SALAIRES DE TOUT LE MONDE... FAUT BIEN LE DIRE TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD... CE N,EST PAS QUE JE TROUVE CETTE MESURE MAUVAISE MAIS CE N,EST PAS DU RESSORT DU GENDRE NI DE SON DEVOIR. IL Y A UN PREMIER MINISTRE ET UN MINISTRE DE L,ECONOMIE. IL A CAUSE TOUS CES MOUVEMENTS DE PROTESTATION AVANT MEME LA DISCUSSION DU BUDGET.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 25, le 09 mai 2019

  • evidement faux et archi faux Il suffit de se mettre vraiment en greve pour une longue semaine et le gouvernement est oblige soit de demissionner ou d'amender la nouvelle loi qui sortira de leur chapeau evidement vrai et archi vrai Il suffit aux politiciens d'enlever leurs couvertures envers les chefs des syndicats et autreS chefs de departements et les greves cesseront illico car ces chefs auront peur d'aller en prison pour toutes les " illegalities " qu'elles ont faites MAIS NOUS SOMMES AU LIBAN LES POLITICIENS DANS LEUR ENSEMBLE ( 90 % DISONT ) NE FERONT RIEN POUR PERDRE LEUR GAGNE PAIN ( CAD LES COMMISSIONS QUI ONT AMENE LE PAYS AU POINT OU IL EST AUJOPURDH'UI ) ET IL EST FORT A PARIER QUE LES SALAIRES NE SERONT PAS TOUCHES ( sauf peut etre pour quelques centaines de richards deja) QUI VIVRA VERRA

    LA VERITE

    01 h 34, le 09 mai 2019

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