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À La Une - Terrorisme

Sri Lanka: le cerveau des attentats a radicalisé les kamikazes via internet

Le prêcheur radical Zahran Hashim a péri lorsqu'il s'est fait exploser à l'hôtel Shangri-La de Colombo.

Des militaires sri lankais montent la garde devant une mosquée à Colombo, le 26 avril 2019. Photo AFP / Jewel SAMAD

Le leader des attentats jihadistes du dimanche de Pâques au Sri Lanka a réussi à entraîner des jeunes hommes à sa suite pour devenir des kamikazes en les radicalisant via internet, estiment les enquêteurs et des responsables musulmans.

Au moins 257 personnes ont péri le dimanche 21 avril lorsqu'une série d'attentats suicides a visé des hôtels de luxe et des églises chrétiennes en pleine célébration de la messe dans l'île d'Asie du Sud.

L'organisation jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué ces attaques, perpétrées selon Colombo par un groupe islamiste local, le National Thowheeth Jama'ath (NTJ), fondé par le prêcheur radical Zahran Hashim.

L'intéressé, qui était le cerveau des attentats de Pâques, a péri lorsqu'il s'est fait exploser à l'hôtel Shangri-La de la capitale sri-lankaise. Il avait persuadé deux frères d'une famille aisée, Ilham Ibrahim et Inshaf Ibrahim, de le rejoindre et de prendre part à ses côtés aux attentats suicides. Les frères Ibrahim étaient issus d'une famille tenant un commerce d'épices et vivaient dans une demeure opulente de Colombo. Ils étaient des musulmans dévots mais secrets, qui n'étaient pas des membres actifs d'une congrégation, selon des responsables religieux. 

"Nous soupçonnons que les deux frères ont utilisé leur argent du commerce d'épices pour financer les attentats", explique un enquêteur de la police. "Il semble que l'endoctrinement se soit fait via internet, Facebook et YouTube". Les enquêteurs et responsables musulmans pensent que les membres du commando ont recouru aux messageries privées pour communiquer entre eux et s'organiser.


(Lire aussi : Attentats au Sri Lanka : les femmes musulmanes renoncent aux tenues islamiques)


"Il polluait les esprits"

La police du Sri Lanka a publié cette semaine seulement les noms et photos de la plupart des kamikazes du dimanche de Pâques, poussant les membres de la minorité musulmane, qui représente 10% des Sri-Lankais, à essayer de reconstituer leurs parcours.

"Nous croyons que Zahran a radicalisé ces gens en utilisant Facebook", déclare R. Abdul Razik, leader du groupe modéré Ceylon Thowheed Jama'ath (CTJ). "Particulièrement au cours de l'année écoulée, il appelait ouvertement à tuer des non-musulmans", ajoute-t-il.

L'Etat sri-lankais est accusé d'avoir failli dans sa mission d'assurer la sécurité de ses citoyens, alors même qu'il disposait d'informations préalables très précises sur des risques d'attentats de la part du NTJ. Plusieurs responsables musulmans ont indiqué avoir signalé à plusieurs reprises aux autorités les discours extrémistes de Zahran Hashim, sans que celles-ci ne prennent de mesures contre lui.

"Nous avons demandé aux services de renseignements de fermer la page Facebook de Zahran car il polluait les esprits des musulmans sri-lankais", indique R. Abdul Razik. "On nous a dit que c'est mieux de le laisser avoir une page pour que les autorités puissent garder un oeil sur ce qu'il faisait".

Ilham Ibrahim s'est fait exploser aux côtés du prêcheur extrémiste à l'hôtel Shangri-La tandis que Inshaf Ibrahim a lui frappé l'établissement haut de gamme Cinnamon Grand. Le kamikaze de l'hôtel Kingsbury, situé non loin des précédents, était un dénommé Mohamed Azzam Mubarak Mohamed. Sa femme est actuellement aux mains de la police.


(Lire aussi : Au Sri Lanka, la communauté chrétienne pleure ses morts)



Familles

Un quatrième hôtel de luxe était sur la liste des cibles. L'homme chargé de le viser, Abdul Latheef, ne s'y est pas fait exploser pour une raison inconnue. Il a actionné ses explosifs quelques heures plus tard dans un motel, tuant deux personnes. Il avait étudié l'ingénierie aéronautique à l'université Kingston au Royaume-Uni et suivi un cursus universitaire supérieur à Melbourne, en Australie. Selon la presse australienne, il avait fait l'objet d'une enquête en 2014 de la part du contre-terrorisme australien et pourrait s'être rendu en Syrie. Il est également rentré en contact avec Zahran Hashim par le biais de messages sur Facebook et de vidéos sur YouTube.

La femme enceinte d'Ilham Ibrahim, Fathima Ilham, s'est elle fait exploser lors d'un raid de la police contre leur résidence familiale de Colombo quelques heures après les attentats. Ses deux enfants et trois policiers sont morts.

Le frère de Zahran Hashim, dont le nom n'a pas été révélé, a lui actionné une bombe cinq jours après les attentats lors d'une opération de police dans la ville de Kalmunai, sur la côte orientale du Sri Lanka. Il se trouvait avec trois veuves des kamikazes lorsque les forces de l'ordre ont encerclé la maison.

Seize personnes ont péri à cet endroit, dont six enfants, des proches d'Hashim, et des membres du NTJ - qui a depuis été interdit.

Les kamikazes qui ont frappé les églises chrétiennes ont été présentés comme Ahmed Muaz, Mohamed Hasthun et Mohamed Nasser Mohamed Asad. Ils étaient peu connus dans leurs communautés, selon les responsables musulmans.


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