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Culture - Théâtre

Et si « Monsieur Bechara » était Jean-Paul Sartre ?

Qu’est-ce qu’un philosophe ? Est-il un ermite cloîtré avec des monceaux de papiers, ou un homme qui vit la vie et peut avoir « les mains sales », entachées par le quotidien ? Ce sont les questions que pose l’histoire de « Monsieur Bechara » qui se joue au Monnot.*

Georges Diab en inspecteur Colombo. Photo Maria Lahoud

Écrite par Alexandre Najjar et mise en scène par Lina Abiad (qui y incarne aussi un personnage), Monsieur Bechara est une comédie satirique interprétée par des personnages hauts en couleur. Monsieur Bechara (Antoine Balabane) et sa sœur Madame Gilberte (Josyane Boulos) sont deux vieux célibataires qui vivent ensemble avec leur neveu orphelin, paresseux à loisir. Si lui se suffit des nourritures spirituelles et intellectuelles, se contentant même d’un unique bain par mois, elle, par contre, a deux sources de vie dans ce monde, qui lui redonnent la santé : les nourritures terrestres et les ragots de l’immeuble et du quartier. Si lui est penché toute la journée sur son bureau à écrire un dictionnaire de la philosophie, trébuchant toujours sur la lettre E comme s’il lui était difficile de définir le mot exister, elle, par contre, a une allergie et des démangeaisons soudaines rien qu’à entendre son frère proférer le nom de Jean-Paul Sartre, comme s’il s’agissait d’une insulte.



(Pour mémoire : Quand Alexandre (Najjar) rencontre Harry et Franz)



J’aime donc j’existe...
Madame Gilberte a les pieds sur terre. Pragmatique, rationnelle et perspicace, elle pourvoie aux besoins de la maisonnée et s’occupe de son frère qui a la tête dans les étoiles. Dans ce contexte bien ordonné, la voisine du sixième étage, une danseuse orientale du nom de Loulou (Amélia Zidane), va tout chambouler avec ses déhanchements, à commencer par la conception de la vie de M. Bechara. Jean-Paul Sartre n’était-il pas épicurien à sa manière et ne collectionnait-il pas les femmes selon la revue Gala, la référence première de Madame Gilberte ? Alors pourquoi retirerait-on à M. Bechara ce plaisir? Dans cette mise en scène épurée où la scénographie semble sortir des limbes et où les comédiens rentrent, à tour de rôle, interpréter leur petite part (comme dans la vie), Alexandre Najjar a brossé avec finesse le portrait de l’homme, avec ses besoins de plaisir et d’esprit. L’ensemble des comédiens est bien mené par une Josyane Boulos et un Antoine Balabane toujours justes. Tous deux s’emparent de la scène et jouent avec gourmandise. Ils sont aussi soutenus par le délirant Georges Diab dans le rôle de l’inspecteur ainsi qu’une pléiade d’acteurs (une bonne douzaine). Tout ce petit monde donne à la pièce des saveurs multiples et différentes.

Comédie satirique qui mêle le ton grave au comique, Monsieur Bechara flirte même avec le thriller. Un bémol cependant, qui entrave par moments le ton relevé de la pièce. Trop de parlottes et de citations de philosophes déconnectent le spectateur. Les plaisanteries populaires et charmantes, d’ailleurs, se noient dans ces longueurs inutiles. Ainsi l’allergie de Madame Gilberte au philosophe existentialiste français suffisait à nous faire rire au lieu de s’attarder sur le personnage de Sartre dans la dernière partie. En resserrant un peu le dialogue, Najjar aurait pu atteindre le même but, mais en un temps moins long...

*Théâtre Monnot

Les jeudis, vendredis, samedis et dimanches jusqu’au 19 mai, à 20h30.



Pour mémoire
« Mimosa », le tendre et enivrant parfum d’une mère...


Écrite par Alexandre Najjar et mise en scène par Lina Abiad (qui y incarne aussi un personnage), Monsieur Bechara est une comédie satirique interprétée par des personnages hauts en couleur. Monsieur Bechara (Antoine Balabane) et sa sœur Madame Gilberte (Josyane Boulos) sont deux vieux célibataires qui vivent ensemble avec leur neveu orphelin, paresseux à loisir. Si lui se suffit des...

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