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Liban - Découverte scientifique

Les yeux bleus des Libanais ne sont pas hérités des croisés

Les traces génétiques des conquérants européens du XIe au XIIIe siècle n’ont pas perduré dans la région, selon une étude britannique.


Reconstitution de la muraille médiévale de Sidon.

Les traces génétiques des croisés au Liban ont fait long feu dans la région, révèle une étude publiée hier dans l’American Journal of Human Genetics. L’étude est basée sur l’ADN extrait de neuf squelettes datant du XIIIe siècle, découverts au Liban-Sud et analysés à l’institut britannique de recherche génomique, le Wellcome Sanger Institute, à Cambridge.

Cette étude génétique d’anciens restes humains, attribués à des croisés, confirme qu’ils sont originaires d’Europe occidentale, qu’ils se sont mêlés à la population locale et ont fondé des familles. Mais leurs traces génétiques dans la région n’ont pas duré longtemps, ce qui ébranle sérieusement le mythe des descendants de croisés au Liban.

Des archéologues de la mission du British Museum avaient découvert en 2015, dans une fosse funéraire sur le site de l’ancien American College à Sidon, 25 squelettes d’hommes datant du XIIIe siècle. Ils avaient péri de mort violente durant un combat, comme en témoignent les blessures sur le crâne et les fractures des os. Leurs corps avaient été jetés dans la fosse et brûlés. À proximité de la fosse, un crâne isolé a été trouvé. On suppose qu’il ait été utilisé comme un projectile catapulté dans le camp de l’opposition pour propager des maladies et saper le moral, illustrant ainsi la brutalité des batailles.

D’autres éléments trouvés dans la fosse, tels une pièce de monnaie en argent et des boucles de ceintures européennes ainsi que des analyses au C14, ont conduit les archéologues à attribuer les restes humains aux croisés.

Dans une nouvelle étude, les chercheurs de l’institut Wellcome Sanger, parmi lesquels le Libanais Marc Haber, ont produit des séquences complètes du génome de l’ADN des squelettes. Ils confirment qu’il s’agissait bien de croisés qui avaient mené de nombreuses expéditions entre 1095 et 1291.

L’équipe a pu aussi déduire l’origine des personnes inhumées : trois étaient des Européens d’origines espagnole et sarde ; quatre provenaient du Proche-Orient, probablement recrutées pour la bataille ; et deux autres possédaient des origines génétiques variées, suggérant qu’elles étaient issues de mariages mixtes entre les croisés et les peuples du Proche-Orient.

« Les séquences de génomes donnent une vision sans précédent du passé et montrent que les croisés sont originaires de l’Europe occidentale et ont recruté des habitants du Proche-Orient pour se joindre à leur cause », affirme, dans l’American Journal of Human Genetics, le chef de l’équipe du Wellcome Sanger Institute, le Dr Chris Tyler-Smith. « Les croisés et les personnes locales ont vécu, se sont battus et sont morts côte à côte », ajoute-t-il.


Les gènes romains persistent

Cependant, les chercheurs pensent que l’influence des croisés dans la région n’a pas duré, car les traces génétiques européennes sont insignifiantes chez les personnes vivant au Liban. C’est ainsi que lorsque les chercheurs ont séquencé l’ADN des personnes vivant au Liban il y a 2 000 ans, à l’époque romaine, à travers des échantillons provenant du site de Qornet el-Deir, à Jabal Moussa (réserve biosphère), ils ont constaté que la population libanaise d’aujourd’hui est génétiquement similaire à celle des Libanais de l’époque romaine, ce qui suggère que les croisades n’ont eu aucun impact durable sur la génétique libanaise.

De même, le Dr Marc Haber fait observer que la génération mixte issue de croisés s’est mariée à la population locale et ses traces génétiques ont été rapidement perdues.

À signaler que c’est grâce au permis délivré par la Direction générale des antiquités et à la collaboration de la mission archéologique du British Museum, qui mène les fouilles sur le site de Sidon depuis 20 ans, que les os des neuf squelettes ont été transférés au laboratoire britannique du Wellcome Sanger Institute. De petites parties de l’ADN remontant à plus de 800 ans ont été extraites de l’os temporal des crânes par des experts spécialisés en la matière. L’opération n’était pas des moindres, les corps avaient été brûlés et enterrés dans un climat chaud et humide, où l’ADN se dégrade rapidement. Les échantillons d’ADN étaient particulièrement difficiles à extraire et à séquencer. Mais les progrès de la technologie ont rendu possible toute la démarche de l’étude.


Vingt et un ans de fouilles archéologiques

Claude Doumet-Serhal, chef de la mission archéologique du British Museum qui mène les fouilles depuis 20 ans sur le site où ont été exhumés les squelettes de croisés, s’est déclarée « ravie de cette collaboration entre archéologues et généticiens, qui a créé une opportunité unique d’interpréter des événements historiques significatifs ».

À L’Orient-Le-Jour, elle précise que la fosse funéraire des croisés est située à moins de 100 mètres du château de la Terre et jouxte les remparts médiévaux, la porte de la ville et le fossé médiéval. « Au cours des nombreuses saisons de fouilles, des éléments isolés, difficiles à interpréter au départ, ont été progressivement élucidés, permettant ainsi de mieux comprendre les structures de défense de la ville médiévale, situées entre le château de la Terre et celui de la Mer. »

Des tours semi-circulaires en saillie espacées d’une distance de 55 m environ protégeaient autrefois les fortifications. Par la suite, il est apparu clairement qu’une série de dépôts relatifs à l’occupation de Sidon par les croisés ainsi que d’importantes parties des défenses médiévales de la ville ont survécu dans la partie sud du chantier archéologique. « Le style de construction est très similaire à la construction des murs du château de la Mer, et il est probable qu’il soit contemporain. Ces défenses semblent avoir été construites en une seule phase, sans indication notable de travaux de rénovation ou de réparations majeures. À l’exception d’une tour trouvée dans la partie nord-ouest qui semble plus récente », signale Claude Doumet Serhal.

Les excavations ont également révélé deux murs de défense parallèles, construits sur les côtés est et ouest du fossé, avec un intervalle de 12 à 15 m de large entre les murs intérieur et extérieur. Ceux-ci sont construits à partir de blocs de grès dont certains portent des marques de maçon ressemblant à une croix et à une diagonale, avec un support en moellons. « Le fossé a été rétréci à cet endroit pour permettre une entrée d’accès à la ville d’une largeur de 6 à 7 m. Trois corbeaux avaient supporté ce qui était probablement une superstructure en bois, un pont ou une passerelle enjambant le fossé défensif. » Dans cette entrée, ont été jetés des squelettes articulés de jeunes animaux, des restes d’équidés et de porcs datant de 1170-1263 après J.-C., selon une analyse au radiocarbone. Sous les restes d’un cheval juvénile, a été découverte une pièce de monnaie de cuivre de l’ère islamique sur laquelle est inscrit un extrait de prière datant de l’époque omeyyade.

Les fouilles du British Museum, financées par la Cimenterie nationale SAL et la Fondation Hariri, qui reprennent le 27 mai prochain, entreront en mai dans leur 21e année.

Les traces génétiques des croisés au Liban ont fait long feu dans la région, révèle une étude publiée hier dans l’American Journal of Human Genetics. L’étude est basée sur l’ADN extrait de neuf squelettes datant du XIIIe siècle, découverts au Liban-Sud et analysés à l’institut britannique de recherche génomique, le Wellcome Sanger Institute, à Cambridge.Cette étude...

commentaires (6)

Les yeux bleus des Libanais ne sont pas hérités des Croisés?". D'accord. Les yeux marrons des Européens ne sont pas hérités de la princesse phénicienne (libanaise) Europe, née à Tyr, fille du roi Agénor, enlevée puis abandonnée par Zeus sur une plage de Crète.

Un Libanais

12 h 11, le 20 avril 2019

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Commentaires (6)

  • Les yeux bleus des Libanais ne sont pas hérités des Croisés?". D'accord. Les yeux marrons des Européens ne sont pas hérités de la princesse phénicienne (libanaise) Europe, née à Tyr, fille du roi Agénor, enlevée puis abandonnée par Zeus sur une plage de Crète.

    Un Libanais

    12 h 11, le 20 avril 2019

  • Faut pas aussi exclure la cataracte que nous appelons, affectueusement, "may zar'aa". By the way, les grains de beauté noirs? Ça nous viens d'où? Mais surtout et avant tout, les gènes de politicien sans-gène, on les achète où?

    Wlek Sanferlou

    15 h 52, le 19 avril 2019

  • Bien lire l'article : "l’origine des personnes inhumées : trois étaient des Européens d’origines espagnole et sarde". Donc on sait maintenant d'où les cheveux noirs et la peau "morena" (asmar) des libanais: ce sont des enfants aux cheveux noirs des croisées espagnoles et sardes ... Car certainement les croisées espagnoles et sardes, eux à leur tour génétiquement proches des italiens romains et des puniques comme Hannibal à Carthagène, n'avaient pas des yeux bleus.

    Stes David

    12 h 08, le 19 avril 2019

  • Ochi chyornye , ochi zhguchie...

    Tina Chamoun

    09 h 38, le 19 avril 2019

  • NON. ILS SONT HERITES DES ROMAINS ET DES GRECS QUI TOUR A TOUR ONT GOUVERNE LA REGION. ON TROUVE PLUS DE BLONDS ET DE BLONDES AUX YEUX BLEUS EN SYRIE QU,AU LIBAN. SOUVENT DANS LES ASSONANCES DES NOMS ON PEUT DEVINER LES RACINES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 34, le 19 avril 2019

  • Et donc ils viennent d'où ces yeux colorés ? Au sud Liban on a des roms de famille comme Kochman, Schumann Lukman Calotte ( pour une déformation de Claude) ... El Dick, pour Le Duc. Etc....

    FRIK-A-FRAK

    06 h 51, le 19 avril 2019

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